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Serge Atlaoui : "Peut-être une chance" d'échapper à la peine de mort

Serge Atlaoui.[AFP]

Serge Atlaoui pourrait devenir prochainement le premier Français exécuté à l'étranger depuis des décennies, mais l'artisan soudeur estime avoir "peut-être une chance" d'échapper à la peine de mort en Indonésie, dix ans après son arrestation pour trafic de drogue.

 

"Maintenant, j'ai peut-être encore une chance", a déclaré Atlaoui dans un entretien téléphonique à l'AFP depuis sa prison, après qu'un tribunal de l'archipel a accepté la semaine dernière d'examiner son ultime recours pour essayer d'obtenir une révision du procès.

C'est son dernier "espoir" pour tenter d'éviter le peloton d'exécution après que le nouveau président indonésien, Joko Jokowi, surnommé Jokowi, a rejeté sa demande de grâce.

"L'espoir, c'est la différence entre la vie et la mort", dit le Français qui se montre courageux et déterminé. Il est incarcéré à la prison "Pasir Putih" ("Sable blanc"), l'un des établissements de haute sécurité disséminés entre jungle et plages désertes sur l'île de Nusakambangan, surnommée l'"Alcatraz indonésien", au sud-est de Java.

Depuis l'arrivée au pouvoir en octobre de Jokowi, partisan affiché de la peine de mort, les autorités indonésiennes montrent leur empressement à exécuter les dizaines d'Indonésiens et d'étrangers dans le couloir de la mort pour des affaires de drogue, la législation de ce pays en la matière étant l'une des plus sévères au monde. Six condamnés à mort parmi lesquels cinq étrangers ont été exécutés le 18 janvier.

"Ils n'ont jamais exécuté quelqu'un qui n'a pas épuisé tous ses recours", affirme Atlaoui. Mais les autorités indonésiennes considèrent qu'un condamné à mort dont le recours en grâce a été rejeté peut être fusillé à tout moment.

"C'est dur de voir son nom mentionné à la télé, ça n'en finit plus", dit-il en référence aux informations de médias indonésiens selon lesquelles le Français figurerait sur la prochaine liste des condamnés qui devraient être exécutés dans les semaines à venir.

Pour le moment, il n'y a aucune confirmation officielle, tandis que les pressions diplomatiques se multiplient après une lettre du président François Hollande fin janvier à Jokowi pour lui demander de surseoir à l'exécution d'Atlaoui. Mercredi, Paris a convoqué l'ambassadeur d'Indonésie en France pour lui faire part de son "extrême préoccupation" et la "ferme opposition de la France à la peine de mort".

 

"Comme un pressentiment"

Agé de 51 ans, Atlaoui, un père de quatre enfants originaire de Metz (est de la France), avait été arrêté en 2005 lors d'une opération de police dans un laboratoire de production d'ecstasy, dans la banlieue de Jakarta. Il avait été condamné dans un premier temps à la prison à perpétuité, mais la Cour suprême avait aggravé la sanction en 2007, infligeant la peine capitale au Français ainsi qu'à huit autres membres du "réseau" de trafiquants.

Atlaoui estime qu'il n'a pas pu se défendre devant la juridiction suprême, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, réfutant toute implication dans un trafic de drogue.

Confronté à des difficultés financières en France, il était venu en Indonésie une première fois pendant six semaines pour faire ce travail pour lequel un salaire 2.000 euros par semaine, versé au noir, lui avait été promis.

"Quand je suis revenu, j'ai vu tous ces produits chimiques, ça m'a fait tiquer, je me suis dit qu'il y avait quelque chose de louche", raconte-t-il, ajoutant n'avoir "jamais perçu" l'argent promis.

Le 11 novembre 2005, "jour de mon arrestation, je devais m'en aller, mais le chauffeur était déjà parti. La poisse! J'ai nettoyé mes outils, et ils sont arrivés", raconte-t-il en faisant référence à l'opération de police.

"Comme un pressentiment, je le sentais, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs", dit Atlaoui, dont l'ultime espoir repose sur une révision du procès.

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