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Pas de solution "militaire" au conflit en Ukraine pour Poutine

Un tank ukrainien traverse un village de la région de Donestk, le 19 janvier 2015.[Oleksandr Stashevskiy/AFP]

Les autorités ukrainiennes ont demandé mardi à l'Occident d'infliger une réponse "sévère" à l'égard de Moscou après l'entrée des rebelles prorusses dans la ville stratégique de Debaltseve, dont ils occupent une partie au prix de violents combats.

 

A l'occasion d'un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé une "attaque cynique contre les accords de Minsk" et le cessez-le-feu censé être en vigueur depuis dimanche, demandant à l'Occident une réponse "sévère" pour "arrêter l'agresseur" selon un communiqué diffusé par ses services.

M. Porochenko, qui doit s'entretenir dans la soirée avec le président américain Barack Obama, a par ailleurs exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunit mardi soir, à "ne pas permettre" l'éclatement d'un conflit "de grande envergure" aux portes de l'Union européenne.

"J'espère que les autorités ukrainiennes ne vont pas empêcher les soldats ukrainiens de déposer leurs armes" ou les poursuivre en justice pour cette raison, a pour sa part déclaré le président russe Vladimir Poutine au cours d'une conférence de presse avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, affirmant qu'il n'y avait pas de "solution militaire" au conflit en Ukraine.

Car pour la première fois, l'armée ukrainienne a reconnu que les séparatistes étaient entrés dans Debaltseve, une ville stratégique pour le contrôle de l'Est de l'Ukraine qui était ces dernières semaines le point plus chaud de la ligne du front. Des combats acharnés se poursuivaient dans la soirée, l'armée reconnaissant que certaines de ses unités étaient encerclées.

Le ministère de la Défense a même annoncé que des soldats de la 101e brigade et du 8e régiment avaient été capturés, sans toutefois préciser le nombre de ces prisonniers ni la date précise de leur capture.

Les séparatistes revendiquent le contrôle de 80% de la ville. Kiev assurant pour sa part qu'une "partie" seulement de Debaltseve échappe à son autorité. "Ces prochains jours, voire aujourd'hui, Debaltseve sera nettoyé" par les séparatistes, a soutenu le responsable militaire rebelle, Vladimir Kononov.

Si l'accès à la ville était bloqué par les affrontements en cours, des journalistes de l'AFP ont été témoins de combats rapprochés à Tchornoukhine, un village situé à quatre kilomètres de Debaltseve quasiment détruit à la suite du conflit. "Les combats des derniers jours pour prendre Tchornoukhine et avancer sur Debaltseve ont été très meurtriers, y compris pour nous", a déclaré à l'AFP un commandant séparatiste à Tchornoukhine.

Les séparatistes exerçaient également une pression psychologique sur les soldats ukrainiens en leur envoyant une avalanche de textos les appelant à se rendre. "Les généraux vous ont trahis", indiquait par exemple un de ces messages montré à l'AFP par une journaliste ukrainienne près de Debaltseve.

Des milliers de civils avaient fui ces dernières semaines Debaltseve mais jusqu'à 5.000 y sont toujours bloqués sans eau ni nourriture, selon la mairie. Une adjointe au maire déjà évacuée, Tetiana Ogdanska, a déclaré à l'AFP recevoir des appels de détresse des habitants restés sur place.

"Il y a beaucoup de civils blessés dans le sous-sol où ils se cachent et la seule infirmière sur place ne peut pas tous les aider", a affirmé Mme Ogdanska, citant le témoignage d'une collègue jointe au téléphone.

 

L'OSCE empêchée d'aller à Debaltseve 

L'offensive rebelle contre cette ville intervient trois jours après l'instauration d'un cessez-le-feu dans l'est. Cette trêve a été violée dès lundi, repoussant tout espoir d'un retrait des armes lourdes de la ligne de front après dix mois d'un conflit qui a fait au moins 5.500 morts.

Moscou et les rebelles "ne respectent pas les accords" de Minsk 2 conclus la semaine dernière et "sont en train de réduire à néant les espoirs de paix", a fustigé le chef-adjoint de la présidence ukrainienne, Valeri Tchaly.

Des négociations infructueuses ont par ailleurs eu lieu à Soledar, à une soixantaine de kilomètres au nord de Donetsk, pour permettre aux observateurs de l'OSCE (organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), d'accéder à Debaltseve en toute sécurité.

Les rebelles ont "refusé de garantir la sécurité des observateurs de l'OSCE", a déclaré à l'agence de presse Interfax-Ukraine l'ex-président ukrainien Leonid Koutchma, qui prenait part à ces négociations.

Selon le porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko, les leaders séparatistes n'ont pas donné d'ordre à leurs hommes de cesser le feu, l'expliquant par "l'absence de communication" avec ces derniers et "leur refus d'obéir".

Mardi, l'Union européenne a une nouvelle fois rappelé au retrait immédiat des pièces d'artillerie, comme prévu dans l'accord de cessez-le-feu. Bruxelles a également demandé aux belligérants de "cesser toute opération militaire".

Mais "les développement ne sont pas encourageants", a reconnu le chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini en visite à Lisbonne, refusant toutefois de parler d'un "échec" total des accords de paix.

"Les Russes et les séparatistes savent très bien que non seulement l'Europe mais toute la communauté internationale s'attendent à l'application des accords" de Minsk, a-t-elle ajouté.

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