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La guerre à Boko Haram

Capture d'écran d'une vidéo diffusée par Boko Haram le 13 juillet 2014 montrant le chef de file du groupe islamiste armé nigérian, Abubakar Shekau. [Boko Haram/AFP]

L’Afrique enfin unie face à Boko Haram. A l’issue du 24e Sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu vendredi et samedi à Addis-Abeba (Ethiopie), les principaux dirigeants du continent se sont accordés sur la création d’une force régionale pour lutter contre le groupe islamiste.

 

Selon Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA, il représente "une menace à [la] sécurité collective et [au] développement […] et nécessite une réponse collective, efficace et décisive".

Villages rasés, attentats-suicides, enlèvements de femmes et enfants… Depuis 2009, Boko Haram a fait plus de 13 000 morts, près de 1,5 million de déplacés, et sème désormais la terreur au-delà des frontières du Nigeria.

 

Une menace grandissante

Jusqu’ici, chaque pays luttait individuellement contre Boko Haram. Le Nigeria pour empêcher l’assaut de ses grandes villes, comme dimanche en protégeant Maiduguri. Le Tchad et le Cameroun pour protéger leurs frontières, comme en bombardant dimanche la ville de Gamboru.

Désormais, ces trois pays, ainsi que le Niger et le Bénin vont s’unir au sein d’une armée de 7 500 hommes. Une force qui devrait obtenir l’appui de la France et des Etats-Unis, notamment à travers un soutien en équipement et en formation.

Cette initiative commune est une réponse à l’expansion du groupe isla­miste. "Une action régionale est indispensable, car Boko Haram est en constante conquête de territoire pour établir son califat", explique Philippe Hugon, chef du département Afrique à l’Iris.

Ses membres – entre 10 000 et 30 000 selon les estimations – font en effet partie des Kanouris, descendants du royaume du Kanem Bornou. C’est sur ce territoire, établi entre le nord du Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger, que le groupe, qui prône un islam radical et rejette les valeurs occidentales, veut installer son califat.

Et, pour cela, il n’hésite pas à multiplier les attaques plus meurtrières les unes que les autres. La dernière en date, le 3 janvier à Baga, aurait fait près de 2 000 morts.

 

Une mission complexe

Etape primordiale dans la lutte contre Boko Haram, la création de cette force régionale pourrait toutefois s’avérer insuffisante. Ne disposant pas de l’argent nécessaire pour la financer, l’Union africaine a d’ores et déjà fait part de son intention de solliciter l’aide des Nations unies.

Au-delà de cet aspect, les pays membres de cette force devront passer outre leurs différends sur la durée. En plus de conflits historiques entre ethnies, les voisins du Nigeria estiment notamment qu’Abuja (sa capitale) n’est pas à la hauteur de la situation.

Enfin, pour Philippe Hugon, cette force illustre les limites stratégiques des différents gouvernements, qui se contentent d’utiliser la répression. "Pour être réellement efficace, il faut maîtriser la langue de Boko Haram (le kanouri) et son terrain, estime le spécialiste. Il faut faire du renseignement, s’infiltrer au sein de la population."

Une population qui, parfois, collabore plus facilement avec les islamistes qu’avec l’armée, responsable elle aussi de massacres par le passé. 

 

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