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Le défi chinois du climat

Des Chinois portent des masques filtrants pour se protéger de la pollution, le 26 février 2014 place Tiananmen, à Pékin [Mark Ralston / AFP]

Le Premier ministre veut inciter le pays à réduire davantage ses émissions de CO2. Une condition à la réussite de la conférence climat de Paris.

 

A ses yeux, il s’agit du "chantier principal" concernant les relations entre Paris et Pékin. Manuel Valls a entamé ce matin un voyage de trois jours en Chine, où la question du réchauffement climatique sera au cœur des débats. La France espère convaincre la Chine, premier pollueur de la planète avec plus du quart des émissions de CO2 (27 %), d’intensifier ses efforts dans la lutte contre la pollution.

Avec en ligne de mire la conférence climatique organisée cette année à Paris, du 30 novembre au 11 décembre. Le Premier ministre a dit espérer qu’un accord "ferme et durable (…) pour répondre à l’urgence écologique" y sera signé. Un défi de taille, alors que la Chine, malgré ses récents engagements, est encore loin du compte si elle veut espérer rentrer dans le rang.

 

Le premier pollueur de la planète

A l’heure actuelle, le pays présente un bilan désastreux. La croissance à deux chiffres qu’il a longtemps affichée s’est faite au détriment de l’environnement. La Chine tire toujours près de 70 % de son énergie du charbon, les usines se sont multipliées et le nombre de véhicules en circulation continue à augmenter de façon exponentielle (154 millions, et 17 millions de plus sur la seule année 2014).

La conséquence la plus visible de ce phénomène est l’épais brouillard de pollution qui recouvre régulièrement Pékin, qui a
incité les médias à inventer le terme "d’airpocalypse". Alors que l’Organisation mondiale de la santé préconise de ne pas dépasser 25 microgrammes de particules fines (PM 2,5) par mètre cube, les niveaux mesurés se situent la plupart du temps entre 100 et 200 microgrammes. Et sur l’ensemble de l’année 2013, le nombre de jours où la qualité de l’air était correcte ne s’est élevé qu’à 23, soit moins de deux par mois. Les conséquences sanitaires sont catastrophiques : 400 000 Chinois meurent prématurément chaque année à cause de la pollution de l’air.

 

Une prise de conscience

Mais la donne a changé depuis quel­ques mois, le gouvernement chinois affichant désormais sa bonne volonté. En novembre dernier, Pékin a ainsi émis une déclaration commune avec Washington, qualifiée "d’historique".

Celle-ci annonçait des engagements en vue de réduire les émissions de CO2, avec  l’objectif d’inverser la tendance à la hausse en 2030 au plus tard. Parmi les autres mesures adoptées, Pékin a interdit l’an dernier à 7 millions de véhicules à fortes émissions de circuler, fait fermer 50 000 fourneaux fonctionnant au charbon et entrepris de moderniser les centrales thermiques et les usines. Enfin, les condamnations pour crimes environnementaux ont été renforcées. Malgré tout, Paris ne compte pas relâcher la pression. "Il ne faut pas bouder notre plaisir de voir un dirigeant français faire du climat la priorité d’un tel voyage, se réjouit Philippe Germa, directeur général de WWF France. La Chine a déjà pris des engagements, mais il faut que cette dynamique se concrétise."

C’est dans cette optique que François Hollande devrait effectuer une nouvelle visite en Chine avant décembre.

 

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