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Au Sri Lanka, le pape exhorte à la réconciliation

[HO / OSSERVATORE ROMANO / AFP]

Le pape François a exhorté mardi les Sri-Lankais à la réconciliation, avec le soutien des différentes communautés religieuses, et au respect des droits de l'Homme dans ce pays à peine remis d'une longue guerre civile.

 

Le pape, en visite pour deux jours dans l'île, a souligné que "les croyances religieuses ne doivent jamais être autorisées à être détournées en faveur de la violence et de la guerre", devant des responsables bouddhistes, hindous, chrétiens et musulmans réunis au "Mémorial Bandaranaike".

Dans cet immense bâtiment offert par la Chine de Mao au Sri Lanka, la rencontre a eu lieu dans une ambiance froide entre communautés alignées côte à côte et n'échangeant guère entre elles.

 

Un châle jaune sur les épaules du pape

Seul geste chaleureux, un responsable hindouiste a posé un grand châle jaune sur les épaules du pape qui s'en est enveloppé.

Le porte-parole du pape, le père jésuite Federico Lombardi, a souligné que cette réunion était une première: en 1995, Jean Paul II n'avait pu l'organiser, les bouddhistes refusant de venir en raison d'écrits du pape polonais jugés offensants.

Un responsable musulman, Maulawi Sheikh Fazil, a condamné les "extrémistes" sans rapport avec l'islam, que sont les auteurs des attentats de Paris et dans une école de Peshawar au Pakistan.

Le Sri Lanka a connu la violence terroriste entre communautés religieuses. L'île reste fracturée entre la majorité cinghalaise et la minorité tamoule en dépit de la fin de la guerre civile en 2009 à la suite de l'écrasement de la rébellion tamoule par l'armée.

La violence religieuse a progressé récemment dans le pays majoritairement bouddhiste, des groupes nationalistes bouddhistes s'en prenant à des mosquées et des églises pour dénoncer l'influence, selon eux injustifiée, de ces minorités religieuses qu'elles accusent d'être influencées de l'étranger.

Le pape avait été accueilli avec ferveur par les Sri-Lankais, dès son arrivée mardi matin, plusieurs centaines de milliers de personnes étant venues l'acclamer le long de la route entre l'aéroport et le centre-ville.

François, 78 ans, les a salués dans sa voiture découverte, restant près de deux heures debout sous une chaleur étouffante. Il a payé le prix d'une exposition au soleil sans protection" et a dû renoncer à déjeuner avec les évêques pour se reposer, a reconnu le père Lombardi. 

Au Sri Lanka, pays qui compte 70% de bouddhistes, 12% d'hindouistes, 10% de musulmans, seule une minorité de 7% sont chrétiens. L'Eglise joue un rôle particulier dans le pays puisqu'il y a des catholiques tant chez les Cinghalais que chez les Tamouls.

Le pape avait commencé dès sa descente d'avion à prêcher la réconciliation, l'unité et le dialogue inter-religieux, des leitmotiv de ce déplacement qui intervient juste après l'élection surprise d'un nouveau président.

 

"Guérison" par la "vérité"

Le respect des droits de l'Homme est un sujet extrêmement sensible au Sri Lanka, ses dirigeants ayant refusé de coopérer à l'enquête de l'ONU sur les allégations de crimes de guerre commis contre les civils à la fin du conflit.

"Le processus de guérison demande d'inclure la recherche de vérité, pas pour rouvrir des vieilles blessures, mais plutôt comme un moyen de promouvoir la justice, la guérison et l'unité", a souligné le pape.

Il avait été accueilli par le président Maithripala Sirisena qui vient d'entrer en fonction et a promis une enquête indépendante sur ces accusations de crimes de guerre qui auraient été perpétrés sous la présidence de son prédécesseur, Mahinda Rajapakse.

"Tous les membres de la société doivent travailler ensemble, tous doivent avoir une voix. Tous doivent être libres d'exprimer leurs préoccupations, leurs besoins, leurs aspirations et leurs peurs", a poursuivi le pape.

Mercredi, le pape doit célébrer une messe en bord de mer à Colombo qui pourrait attirer un million de personnes. A cette occasion, il canonisera le premier saint du Sri Lanka, Joseph Vaz, un missionnaire venu d'Inde à la fin du XVIIe siècle.

Il se rendra ensuite au sanctuaire marial de Madhu, en zone tamoule, dans une région où la guerre a été intense.

 

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