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"Paris capitale de la liberté" : la presse mondiale au diapason

Place de la République dimanche 11 janvier.[AFP]

"Historique", "magnifique", "inoubliable": de Londres à Alger, de Madrid à Tel Aviv et à Singapour, la presse mondiale saluait lundi la démonstration de "solidarité" et d'"unité" des Français après les attentats jihadistes qui ont endeuillé le pays, en dépit de sérieux bémols dans certains pays musulmans.

 

"Un cortège funèbre comme il n'y en a encore jamais eu" (Frankfurter Allgemeine Zeitung), "journée historique" (Financial Times) ou tout simplement "magnifique" (Daily Mirror), tous les journaux européens consacraient leur Une à la marée humaine qui a envahi dimanche Paris et les grands villes de France.

Une image qui a frappé les médias allemands: "Un geste pour l'éternité: Angela Merkel se tourne, les yeux fermés vers François Hollande, dans une tristesse pleine de compassion", note le quotidien populaire Bild. Un moment qui "montre ce que l'Allemagne ressent quand la France a peur", écrit Bild.

Au Royaume-Uni, la tabloïd The Sun, pourtant souvent prompt à critiquer ses voisins, proclame en français: "Je suis 4 millions". "Le peuple de France a fait preuve dimanche d'un esprit d'unité et d'une force inoubliables en réponse à la violence meurtrière", écrit le Financial Times dans son éditorial.

Même élan en Espagne et en Italie: "Unis pour la liberté" (El Pais), "Paris, capitale de la liberté" (El Mundo), "La révolte de Paris: +Liberté+" (La Repubblica), "Paris, capitale de la liberté" (La Stampa).

 

Tous debout

En Belgique, un seul mot à la une du grand quotidien francophone Le Soir: "Libres". Dans son éditorial, le journal affirme que les Français ont interposé un "bouclier humain (...) entre notre terreur et l'horreur".

"Nous sommes tous debout", titre La Libre Belgique, "Nous n'avons pas peur", proclame le quotidien flamand De Standaard.

En Algérie, un pays souvent ébranlé par des attentats, l'influent El Watan titre sur "Le Paris du front mondial" contre le terrorisme. Pour Liberté, c'est "la marche qui va tout changer", "un acte fondateur de la nouvelle stratégie mondiale de lutte la lutte antiterroriste".

D'autres journaux panarabes saluent "Paris, capitale du monde contre le terrorisme", à l'instar du quotidien AlSharq Al Awsat ou Al Hayat qui titre: "Trois millions de personnes participent à une intifada (soulèvement) de la France et du monde contre le terrorisme".

En Israël, l'éditorialiste vedette du quotidien israélien Yediot Aharonot espérait avoir assisté à "la mère de toutes les manifestations", impressionné comme le reste de la presse du pays par le nombre de participants et par l'absence de tout slogan haineux dans la marche.

Même émotion en Asie, où tous les grands journaux de Singapour consacraient leur première page aux événements français.

Aux Etats-Unis, les éditorialistes ont rendu hommage à la France, soulignant la "solidarité" qui s'est exprimée. Mais plusieurs ont critiqué l'administration américaine insuffisamment représentée selon eux à la marche de Paris, où seul était présent l'ambassadeur.

 

Carnaval de la supercherie

Dans le monde musulman, des réactions contrastées sont apparues sur la présence du Premier ministre israélien au rassemblement parisien mais surtout sur les limites à donner à la liberté d'expression, en liaison avec les caricatures de Mahomet qui avaient été publiées par Charlie Hebdo.

En Malaisie, le New Straits Times, quotidien anglophone reflétant la position officielle, affirme dans un éditorial titré "les dangers de la liberté d'expression" que Charlie Hebdo "ne peut pas propager impunément ce qui s'apparente à un message de haine".

En Iran, les médias conservateurs ont fustigé le double language des Occidentaux face au terrorisme et la présence de Benjamin Netanyahu à Paris. "Marche à Paris contre le terrorisme: Pour de vrai ou pour la pose?", s'interroge le Tehran Times. "Carnaval de la supercherie dans les rues de Paris", titre pour sa part le quoditien ultraconservateur Siasat-é Rooz.

L'un des plus grands quotidiens russes, Kommersant, a insisté sur l'exclusion du Front national de la marche. Selon le journal, cette exclusion est "un cadeau" pour le parti d'extrême droite car elle l'a dispensée de rendre hommage à un hebdomadaire qui avait fait du FN l'une de ses cibles.

Le président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, très critique envers Charlie Hebdo, a de son côté affirmé qu'il attendait des excuses des journaux qui ont publié les caricatures de Mahommet.

De nombreux éditorialistes s'interrogeaient par ailleurs sur les suites politiques de cette journée française au retentissement mondial.

"Cette communauté ne doit pas disparaître lorsque le sentiment de la menace faiblira", prévient ainsi le Frankfurter Allgemeine Zeitung. The Independent appelle lui le gouvernement français à "ne pas se dépêcher de mettre en place une nouvelle législation en forme de réponse paniquée à l'horreur à Paris".

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