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Alerte aux loups solitaires

Les secours évacuent des otages d'un café de Sydney, le 15 décembre 2014[PETER PARKS / AFP]

Le forcené tué à l’issue de la prise d’otages, hier en Australie, correspond au profil. Une forme de jihadisme qu’il est difficile de combattre.

 

La nouvelle forme de terrorisme prônée par Daesh semble avoir frappé à nouveau, hier, au cœur de Sydney.

Dans un café de la capitale économique australienne, un forcené a retenu, pendant plus de seize heures, dix-sept personnes en otages.

Finalement, la police a lancé l’assaut vers 2h30 du matin, heure locale, abattant le ravisseur et libérant la plupart des personnes retenues, mais deux d’entre elles auraient été tuées et quatre blessées. Selon les autorités, le forcené, comme plusieurs autres avant lui ces derniers mois, aurait agi seul et au nom du jihad. Au cours du siège, il avait ainsi réclamé qu’un drapeau de Daesh lui soit apporté. Et, auparavant, il avait affiché sur la vitrine du magasin un drapeau noir où était inscrite la shahada, la profession de foi musulmane : «Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète.»

 

Un profil qui en rappelle d’autres

Le parcours de l’homme, révélé par les autorités, semble s’inscrire parfaitement dans la nouvelle stratégie prônée par le groupe islamiste Daesh.

L’attaque menée hier par Haron Monis, réfugié iranien âgé de 49 ans «autoproclamé Cheikh» («sage» dans la culture musulmane), rappelle ainsi les attaques de «loups solitaires» qui se sont multipliées dans le monde occidental ces derniers mois.

En septembre, déjà en Australie, un homme avait attaqué deux policiers. En octobre, un autre forcené avait pris d’assaut le Parlement d’Ottawa, au Canada, alors qu’aux Etats-Unis, à New York, quatre policiers étaient attaqués par un homme armé d’une machette.

Des actions violentes, qui ont toutes été revendiquées ensuite par Daesh, alors que le groupe islamiste «avait lancé en octobre un appel à des actions spontanées, rappelle ainsi François-Bernard Huyghe, directeur de recherches à l’Iris et auteur de Terrorismes. Violence et propagande (Gallimard). Cette nouvelle forme de jihadisme ouvre la porte à l’amateur, qui vivra ainsi son quart d’heure de gloire grâce à un simple couteau, par exemple».

 

Une stratégie difficile à contrer

Ce mode opératoire s’oppose à celui d’al-Qaida dans les années 2000 – il privilégiait les opérations d’ampleur – ce qui impliquait une organisation et des moyens importants. «Daesh catalyse les frustrations de certains musulmans. Quelqu’un qui passe sa journée sur les réseaux sociaux à lire la propagande du groupe peut vite être incité à passer à l’action», analyse Frédéric Pichon, auteur de Syrie : Pourquoi l’Occident s’est trompé (éd. du Rocher). Et ce type d’action isolée, qui nécessite moins de préparation et aucune coordination, est par nature plus difficile à repérer pour les services de contre-terrorisme.

«Cette stratégie crée un état d’inquiétude permanent dans les pays de la coalition contre Daesh, explique François-Bernard Huyghe. La bonne nouvelle, c’est que les amateurs échouent souvent. En revanche, quand on essaie beaucoup, on réussit de temps en temps.»

La France, comme les autres, n’est donc pas à l’abri d’une attaque menée par un nouveau Mohamed Merah.

 

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