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Ferguson : manifestations à travers les Etats-Unis

A Saint Louis. [Michael B. Thomas/AFP]

La petite ville américaine de Ferguson a connu mardi soir une deuxième nuit agitée en réaction à l'impunité du policier ayant abattu un jeune Noir, tandis que de nombreuses manifestations de protestation se sont déroulées à travers les Etats-Unis.

 

"Je suis ici dehors pour soutenir Michael Brown et sa famille et pour voir la justice être rendue!", a lancé Michael Jackson, 48 ans, un habitant des environs de Ferguson (Missouri, centre des Etats-Unis), où Michael Brown a été abattu par un policier blanc le 9 août.

Mardi soir, dans cette petite banlieue de St Louis qui compte 21.000 habitants, 2.200 militaires de la Garde nationale, soit trois fois plus que lundi, étaient déployés pour empêcher incendies et pillages de recommencer.

Devant le commissariat de police, des policiers en tenue anti-émeute, secondés par des gardes nationaux équipés de matraques et de boucliers, ont repoussé une centaine de personnes qui tenaient des pancartes où on lisait: "on ne nous fera pas taire".

Malgré ce déploiement de force, des vitres de la mairie ont été brisées, une voiture de police a été incendiée et des manifestants ont lancé des pierres, des bouteilles et un cocktail Molotov, selon la police locale.

Le chef de la police de St Louis, Jon Belmar, a indiqué que 44 personnes avaient été arrêtées mais que, dans l'ensemble, "la nuit avait été bien meilleure" que la veille.

La police, a-t-il dit, n'a tiré qu'une seule salve de gaz lacrymogène. 

A St Louis, une voiture de police a également été incendiée par des manifestants et les autorités ont déclaré le rassemblement "illégal", menaçant d'arrêter protestataires et journalistes.

Les autorités ont voulu à tout prix éviter une éruption de violences comme lundi soir. Celles-ci ont été fermement condamnées par le président américain Barack Obama.

"Brûler des bâtiments, mettre le feu à des voitures, détruire des biens, mettre des gens en danger: il n'y a aucune excuse pour cela, ce sont des actes criminels", a-t-il déclaré à Chicago (Illinois, nord).

"Il existe des moyens constructifs d'exprimer ses frustrations", a poursuivi le président, reconnaissant qu'il existait au sein de nombreuses communautés le sentiment que "les lois ne sont pas toujours appliquées (...) de façon équitable".

Après trois mois de délibérations, un grand jury a conclu lundi que le policier Darren Wilson avait agi en légitime défense quand il avait tiré à douze reprises en direction de Michael Brown, qui l'avait d'abord frappé au visage avant de prendre la fuite.

L'avocat de la victime a déploré que "dans toute l'Amérique, à New York, à Los Angeles, en Californie, à Cleveland, les jeunes garçons de couleur soient tués par les policiers".

A Cleveland (Ohio, nord), des manifestants ont défilé mardi pour protester contre la mort d'un garçon noir de 12 ans, tué le week-end dernier par un policier alors qu'il manipulait une arme factice.

A New York, des milliers de manifestants ont perturbé la circulation, ce qui a conduit à l'arrestation de nombreux protestataires.

"La prison pour les policiers meurtriers!", "Nous demandons justice pour Ferguson", "Les mains en l'air, ne tirez pas", "Les vies noires comptent", pouvait-on lire sur les pancartes lors des rassemblements à travers tout le pays.

Des centaines de manifestants sont également descendus dans les rues de Boston, Philadephie (est) ou Nashville (sud). CNN dénombrait des rassemblements dans 170 villes américaines et la plupart se sont déroulées pacifiquement.

"Je suis fatigué de voir les minorités faire face aux injustices policières", a déploré Semajee Young lors d'un cortège ayant marché vers le siège de la police de Los Angeles où une foule multiraciale de 400 personnes environ s'était massée.

S'exprimant pour la première fois après avoir tué Michael Brown, le policier Darren Wilson a assuré sur la chaîne ABC mardi avoir "bonne conscience" et qu'il aurait agi de la même manière avec un jeune Blanc.

Il a expliqué avoir eu peur d'être tué, croyant que l'adolescent de 18 ans était en train de lui dérober son arme pour lui tirer dessus: "Il a foncé sur moi, il allait me tuer".

L'avocat de la famille du jeune Noir, Benjamin Crump, a quant à lui critiqué "un système (judiciaire) qui ne marche pas", dénonçant les "relations de proximité" entre le procureur -- dont le père policier a été tué par un Noir -- et la police de St Louis. Il a pointé des contradictions dans le témoignage du policier, déplorant que ce dernier n'ait subi aucun contre-interrogatoire.

Darren Wilson, toujours en congé administratif, n'est cependant pas à l'abri de toute poursuite. Le ministre de la Justice Eric Holder a rappelé que deux enquêtes fédérales étaient en cours et promis des conclusions rapides "pour rétablir la confiance" entre la police et la communauté noire.

 

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