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Obama affaibli à mi-mandat, par Jean-Marie Colombani

Jean-Marie Colombani [REAU ALEXIS / SIPA]

Dans quel pays les candidats s’abstiennent-ils de se réclamer du président ? La réponse est spontanée : aux Etats-Unis avec la campagne des «mid-terms», ces élections de mi-mandat, qui portent renouvellement d’une partie de la Chambre des représentants et du Sénat.

 

Il ne s’est trouvé qu’un seul candidat démocrate au Sénat pour se recommander du président Obama et revendiquer son bilan ! Tous les autres candidats du parti démocrate font comme l’apôtre Pierre au jardin des Oliviers, ils prétendent ne rien savoir, ne pas le connaître, quand ils ne tiennent pas des propos plus proches des thématiques de l’opposition républicaine.

Cette situation n’est pas surprenante. En premier lieu, parce que Barack Obama est en fin de mandat et que les regards se tournent désormais vers la prochaine présidentielle. En second lieu, parce qu’il est impopulaire. Et ce, malgré une économie de nouveau dynamique, qui crée des emplois et est même en train de relancer l’immobilier, les jeunes ménages étant incités, comme s’il n’y avait pas eu la crise, à s’endetter pour acquérir un logement.

Le jugement politique sur Barack Obama est paradoxal. Il avait promis la sortie de la crise : les Etats Unis sont sortis de la crise. Mais il n’est en rien crédité de ce succès objectif. Pour une partie de la gauche, le compte n’y est pas. Il lui est reproché, pêle-mêle, de ne pas avoir fermé, comme promis, la prison de Guantanamo ; d’avoir couvert les intrusions de la NSA ; d’être l’homme qui fait la guerre par drones interposés. Dans la partie plus centriste de l’opinion, ses réformes de gauche, notamment celle, fondamentale, du système de santé, sont fortement critiquées.

Surtout, tout au long de son mandat, il ne s’est trouvé personne chez les démocrates pour revendiquer l’action du président. Ce qui a permis au parti républicain d’imposer l’idée d’une présidence en échec. Si échec il y a, il est en fait dans une quasi-paralysie institutionnelle.

Comme souvent aux Etats Unis, le régime le plus fréquent est celui d’une cohabitation entre un président d’une couleur politique et un Congrès d’une autre. Ainsi Bill Clinton a-t-il présidé huit ans face à un Congrès hostile. Mais Clinton était passé maître dans l’art du compromis. Obama, lui, malgré une majorité démocrate au Sénat, est très fortement handicapé par une Chambre des représentants à majorité républicaine hostile à tout compromis. Avec, dans cette hostilité, sa part de racisme. Et il doit s’attendre à vivre les deux ans de mandat qui lui restent avec un Sénat devenant, lui aussi, à majorité républicaine. Ce qui représente un risque de paralysie.

Car le parti républicain d’aujourd’hui s’est radicalisé sous la pression du Tea party et d’une vague conserva­trice profonde, qui conduit certains candidats démocrates à épouser la vulgate républicaine. Ainsi il y a, aux Etats Unis, un vent de catastrophisme lié au virus Ebola. Comme le notait récemment le New York Times, le développement de ce virus, présent sur le sol américain, suscite la «panique» là où le risque de propagation peut être contrôlé (notamment aux Etats-Unis) et le stoïcisme là où le virus est dévastateur (en Afrique). Aussi des candidats démocrates et républicains font-ils campagne pour exiger du président Obama qu’il interdise l’accès des Etats-Unis à toute personne résidant en Afrique…

Mais cette faiblesse des démocrates à l’occasion des «mid-terms» ne garantit en rien une victoire républicaine à la prochaine présidentielle. Le parti républicain s’est trop déporté vers la droite, ne se soucie pas suffisamment de minorités devenues très fortes (les Hispaniques notamment) et peine à dégager des personnalités convaincantes. Ce qui donne toutes ses chances à une certaine Hillary Clinton… 

Jean-Marie Colombani

 

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