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Ukraine : large victoire des pro-occidentaux

Le président ukrainien Petro Porochenko[Alain Jocard / POOL/AFP/Archives]

Le camp pro-occidental et nationaliste, mené par le président Petro Porochenko, a remporté dimanche aux législatives une victoire d'une ampleur sans précédent depuis l'indépendance de l'Ukraine, meurtrie par six mois de conflit dans l'Est entre armée ukrainienne et rebelles prorusses.

 

Les sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote, dont les résultats ont été rendus publics à leur fermeture, donnent environ 70% des voix aux différents mouvements pro-occidentaux, pour certains aux tonalités nationalistes.

Le scrutin est toutefois marqué par l'accession au Parlement du principal parti héritier de celui de l'ex-président prorusse Viktor Ianoukovitch. Le Parti communiste pourrait quant à lui, événement historique, disparaître de l'assemblée.

Ce scrutin était crucial pour cette ex-république soviétique en proie à la pire crise depuis son indépendance en 1991, avec le renversement en février par la rue de Viktor Ianoukovitch, l'annexion en mars de la Crimée par la Russie et, dans les régions orientales, le réveil des séparatismes qui a dégénéré en conflit armé.

Ce pays de 45 millions d'habitants est également le terrain d'affrontements géopolitiques entre Occidentaux et Russes dont les relations, de l'aveu même de Moscou, ont "touché le fond".

Le Bloc Petro Porochenko du chef de l'Etat arrive sans surprise en tête avec 22% à 23% des suffrages, selon les résultats des sondages diffusés par trois instituts. Ce score est toutefois inférieur aux 30% que lui donnaient les sondages avant les législatives et ce mouvement est talonné par le Front Populaire du Premier ministre Arseni Iatseniouk (21%), suivi de Samopomitch (13%), parti composé de jeunes représentants de la société civile et de combattants revenus de l'Est.

Ces deux formations sont favorables à une offensive plus musclée contre les séparatistes prorusses dans l'Est, où les combats ont fait plus de 3.700 morts depuis avril et se poursuivent dans certains points chauds malgré l'instauration d'un cessez-le-feu le 5 septembre.

 

- Le Premier ministre confirmé? -

Le parti de M. Iatseniouk, principal artisan des négociations avec les bailleurs de fonds occidentaux de Kiev, a aussitôt fait savoir qu'il espérait garder son poste.

La tête de liste de Samopomitch, Ganna Gopko, a cependant prévenu qu'une éventuelle coalition l'incluant ne devrait pas être "pro-présidentielle mais pro-ukrainienne", selon l'agence Interfax.

L'ex-champion de boxe Vitali Klitschko, tête de liste du Bloc Petro Porochenko, s'est dit convaincu de la formation d'une coalition entre "forces démocratiques".

"Pour la première fois dans l'histoire, les forces anti-ukrainiennes, le Parti communiste ayant toujours été la cinquième colonne du Kremlin, ne seront pas représentées au Parlement", a souligné celui qui a été élu en mai maire de Kiev.

Le PC ne passe en effet pas la barre des 5% nécessaire pour entrer à l'assemblée, où il ne sera représenté qu'à condition d'une hypothétique élection dans l'un des scrutins locaux.

En revanche, avec près de 8%, le Bloc d'Opposition, regroupant plusieurs figures de l'ancien Parti des Régions de Viktor Ianoukovitch, dépasse ce seuil.

Suivent le Parti radical du populiste Oleg Liachko (6%), les nationalistes et radicaux de Svoboda (6%) et le parti Batkivchtchina de l'ancienne Première ministre Ioulia Timochenko (5%).

Ces sondages donnent une idée des rapports de forces dans l'opinion mais pas directement de la répartition des 450 sièges de la Verkhovna Rada (Parlement). La moitié des députés est en effet élue dans des scrutins locaux à la majorité simple dont les résultats ne seront pas immédiatement connus.

 

- Réformes radicales -

Ces élections avaient été convoquées par le président Porochenko, élu en mai, pour tourner définitivement la page du régime de Viktor Ianoukovitch, renversé au terme d'un mouvement de contestation pro-occidentale déclenché en novembre 2013 sur le Maïdan, dans le centre de Kiev.

Mais elles sont assombries par le conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes dans le bassin minier du Donbass.

Environ cinq millions d'électeurs, sur 36 millions au total, n'auront pas pu voter en Crimée, rattachée à la Russie en mars, et dans les zones contrôlées par les séparatistes dans l'Est. Quelque 27 des 450 sièges de députés resteront ainsi vides.

A Donetsk, principal fief des rebelles, les habitants ont ignoré les élections et attendent celles que les séparatistes prévoient d'organiser le 2 novembre.

Le nouveau Parlement devra voter des réformes radicales destinées à sortir l'Ukraine d'une profonde récession, à lutter contre une corruption endémique et à la rapprocher de l'Union européenne, avec laquelle elle a récemment signé l'accord d'association rejeté l'an dernier par M. Ianoukovitch.

Il devra aussi accentuer les douloureuses mesures de rigueur exigées par les bailleurs de fonds occidentaux, notamment le FMI, pour sauver l'Ukraine de la faillite après le retrait du soutien financier russe. La situation est encore aggravée par le conflit gazier avec la Russie, qui la prive de gaz. La tâche semble herculéenne face à un conflit très coûteux et destructeur, et qui s'enlise.

 

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