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L'Etat islamique a-t-il utilisé des armes chimiques à Kobané ?

Armes chimiques sur le site d'al Muthanna. Photographie non-datée de bombes aériennes chimiques en attente de destruction par l'Unscom à Muthanna, dans le sud-est de l'Irak.[© Unscom / AFP/ Archives]

Selon une récente étude du groupe de recherches Gloria, l'Etat islamique aurait fait usage d'armes chimiques contre des civils dans la province de Kobané en Syrie lors d'affrontements avec les forces kurdes en juillet dernier. Des témoignages non confirmés indiquent qu'une nouvelle utilisation aurait pu avoir lieu dans la nuit de mardi à mercredi.

 

Alors que les combats se poursuivent à Kobané entre les jihadistes de l'Etat islamique et les forces kurdes appuyées par les frappes de la coalition internationale, le groupe de recherches du Gloria Center révélait le 12 octobre que Daesh aurait utilisé des armes chimiques contre les populations civiles en juillet dernier.

L'auteur du rapport, Jonathan Spyer s'appuie sur l'analyse des photos de victimes de cette attaque. Les corps en question ne présentaient pas de marques de balles ou de fragments de bombes mais plutôt des plaies s'apparentant à des brûlures.

"On a relevé des brûlures et des taches blanches sur les corps. Ce qui indique l'utilisation d'armes chimiques qui provoquent la mort sans causer de plaies visibles ou d'écoulements de sang", explique Nisan Ahmad, représentant du ministère de la Santé de la province de Kobané dans le rapport du Gloria Center.

Des experts israéliens cités par Gloria Center estiment que ces marques pourraient avoir été causées par du gaz moutarde. Ce composé chimique attaque les voies respiratoires et provoque des brûlures au niveau des yeux, de la peau et des muqueuses.

 

Armes chimiques en provenance d'Irak ?

Selon le rapport, ces armes chimiques pourraient avoir été transférées d'Irak vers la ville de Raqqa en Syrie.

En effet, le gouvernement irakien s'alarmait cet été dans une lettre adressée au secrétaire générale de l'ONU Ban Ki-Moon, de la prise de contrôle en juin d'un ancien dépôt d'armes chimiques par l'Etat islamique. Des "groupes armés terroristes" ont pénétré sur le site d'al Muthanna puis ont "pillé certains équipements", notamment "2.000 obus vides de 155mm contaminés par du gaz moutarde et 605 réservoirs d'une tonne contenant des résidus et des matériaux de construction eux-aussi fortement contaminés".

Ce site avait servi à produire du gaz moutarde et du gaz sarin au début des années 80' sous Saddam Hussein.

Dans une interview au site i24News, Jonathan Spyer souligne également que les jihadistes pourraient s'être emparés  "d'armes chimiques dans des entrepôts syriens lors de la conquête du secteur de Deir Ezzor".

 

Révélations du New York Times

Ces soupçons d'utilisation d'armes chimiques surviennent alors que le New York Times révélait récemment que des soldats américains ont été exposés à des armes chimiques, agents neurotoxiques et gaz moutarde, datant de l'ère Saddam Hussein entre 2004 et 2011. Ce qui tendrait à confirmer l'hypothèse d'un transfert de ces armes chimiques de l'Irak vers la Syrie.

"Au total, les troupes américaines ont fait état, dans le plus grand secret, de la découverte d'environ 5.000 ogives, obus et bombes aériennes contenant des armes chimiques", soulignait le quotidien américain.

Peu après la parution de l'enquête, le Pentagone a confirmé qu'une vingtaine de soldats américains et irakiens avaient bien été blessés par des armes chimiques.

 

Daesh a-t-il les capacités d'utiliser les armes chimiques ?

Reste que pour des experts américains, les combattants de l'Etat islamique seraient dans l'incapacité de produire ou d'utiliser ces armes chimiques. Notamment en raison de la vétusté des produits et des faibles doses d'agents chimiques contenus dans les équipements pillés par les jihadistes.

Néanmoins, selon des témoignages recueillis par des journalistes étrangers présents à proximité de Kobane, des armes chimiques auraient pu être utilisées dans la nuit de mardi à mercredi 22 octobre.

 

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