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Croissance : Français et Allemands trouvent un terrain d'entente

Michel Sapin et Emmanuel Macron.[TOBIAS SCHWARZ / AFP]

Les ministres français de l'Economie et des Finances, venus plaider en Allemagne la cause de la croissance, sont repartis avec la promesse de propositions communes sur l'investissement, mais qui ne doivent rien coûter ou presque à Berlin.

 

D'ici le 1er décembre, "nous avons convenu d'élaborer une proposition commune sur les possibilités d'investissement dans les deux pays et où nous exposerons notre vision commune de l'Europe", a déclaré M. Schäuble à l'issue d'une rencontre à Berlin avec son collègue à l'Economie Sigmar Gabriel et les Français Michel Sapin (Finances) et Emmanuel Macron (Economie).

Mais MM. Schäuble et Gabriel se sont empressés indiqué que chez eux, l'essentiel des investissements nécessaires viendraient du secteur privé, douchant les espoirs français d'un programme allemand de dépenses publiques dont profiteraient par ricochet les autres pays européens.

Il s'agira dans le document présenté le 1er décembre de "propositions extrêmement concrètes", a précisé pour sa part M. Sapin, évoquant "plusieurs strates d'initiatives", à savoir à la fois "des projets communs" et "des idées pour des projets communs".

Les services de MM. Sapin et Schäuble travaillent déjà depuis plusieurs semaines à des propositions sur l'investissement. Les efforts franco-allemands en la matière vont aussi venir flanquer ceux menés au niveau européen, où la nouvelle Commission veut également stimuler l'investissement.
 

"Zéro pointé"

La démarche franco-allemande doit "créer une dynamique qui soit utile à tous" en Europe, a dit M. Sapin. Les quatre ministres ont souligné sur tous les tons l'importance de l'investissement pour donner un coup de fouet à une économie européenne "anémiée", selon les termes de M. Macron.

En amont de la visite le jeune ministre avait avancé le chiffre de 50 milliards d'euros d'investissements que l'Allemagne pourrait faire sans mettre en péril sa politique budgétaire très orthodoxe.

Le chiffre correspond effectivement au besoin de l'Allemagne, a concédé le social-démocrate Gabriel, évoquant les secteurs du numérique et de l'énergie. Mais les fonds viendront "pour la plus grosse partie de l'investissement privé", a-t-il immédiatement ajouté.

Pour Berlin, la clé de la guérison de la zone euro est la confiance, qui passe par un assainissement des finances publiques et des réformes structurelles. L'objectif premier du gouvernement d'Angela Merkel est d'atteindre le "zéro pointé", l'équilibre du budget fédéral, l'an prochain pour la première fois depuis 1969.
  

Pas de "pacte"

A Berlin les ministres français ont fait contre mauvaise fortune bon coeur. "Je n'ai rien demandé à l'Allemagne, parce que la France n'a pas à demander quelque chose à l'Allemagne", a dit M. Macron, "chacun fait ce qu'il doit faire", même si "il est vrai que l'Allemagne a plus de capacité que nous à porter de l'investissement".

M. Sapin a également réfuté l'idée de "pacte", telle qu'elle avait circulé ces derniers jours: entre Paris et Bruxelles sur le mode "déficit contre réformes", sous l'égide de Berlin, ou entre Paris et Berlin sur un principe de "réformes contre investissement".

"Il n'y a pas de pacte, nous ne cherchons pas de pacte, nous cherchons à ce que chacun prenne ses responsabilités", a dit le ministre des Finances français. Comme à l'habitude, M. Schäuble, très à cheval sur le respect des règles budgétaires européennes mais également soucieux de ne pas enfoncer plus que nécessaire le premier partenaire commercial de son pays, a esquivé la question du projet de budget de Paris, qui prévoit de nouveaux dérapages et sur lequel la Commission européenne doit se prononcer avant la fin du mois.

"Le gouvernement français ne demande aucune modification des règles (européennes), ni (de) les rompre", a insisté M. Macron. Il s'était dit la veille "totalement sûr" du feu vert de Bruxelles.

   
  
   

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