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Synode : l'Eglise prône l'accueil mais reste ferme

Au synode des évêques catholiques sur la famille, l'accueil des "dons et qualités" des homosexuels dans l'Eglise a été encouragé, témoignant d'un air nouveau même sans révolution doctrinale.[OSSERVATORE ROMANO / AFP]

Au synode des évêques catholiques sur la famille, l'accueil des "dons et qualités" des homosexuels dans l'Eglise a été encouragé, témoignant d'un ton nouveau initié par le pape François sans pour autant amorcer de révolution doctrinale.

 

Présenté lundi par le cardinal de Budapest Peter Erdö, ce premier rapport provisoire de synthèse résumant les interventions de la semaine dernière réserve trois longs paragraphes à la question.

Alors que pour le catéchisme de l'Eglise catholique, l'acte homosexuel reste un péché "intrinsèquement désordonné", la majorité des participants au synode semblent désormais considérer que la commisération ou le rejet des homosexuels ne sont pas évangéliques.

Les personnes homosexuelles "ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne: sommes-nous en mesure de les accueillir en leur garantissant un espace de fraternité?", s'interroge le document de travail.

"Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu'il existe des cas où le soutien réciproque jusqu'au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires", ajoute-t-il, dans ce qui apparaît comme la première reconnaissance de l'Eglise du caractère potentiellement positif d'une union durable entre personnes de même sexe.

"La question homosexuelle appelle à une réflexion sérieuse sur comment élaborer des chemins réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle: elle se présente comme un défi éducatif important".

"L'Eglise prête une attention spéciale aux enfants qui vivent avec des couples de même sexe, en insistant que les droits des petits doivent être toujours au premier rang", conclut-il.
   

"Le positif là où il est"

Ce long passage a fait réagir des cardinaux africains, qui ont relevé que le thème n'avait suscité que six interventions sur plus de 180 pendant la première semaine de travaux. Pour beaucoup de participants africains, l'homosexualité reste un sujet occidental.

D'une manière générale, des évêques ont regretté "la quasi-absence dans le texte du mot péché et rappelé combien le Christ a fortement condamné le danger de céder à la mentalité du monde", selon un compte-rendu des débats publié mardi par le Vatican.

Et "une compréhension prudente des homosexuels" ne doit en aucun cas donner "l'impression d'admettre leur orientation sexuelle", ont ajouté des évêques. Le texte encore provisoire, que le vaticaniste américain John Thavis qualifie de "séisme pastoral" par son approche positive des personnes qui ne sont pas "en règle", ne propose d'ailleurs pas de modifier la doctrine condamnant l'acte homosexuel. Et les évêques restent unanimes pour réserver le terme de "mariage" à l'union homme-femme.

Le mouvement de "miséricorde" vers l'homosexualité semble transcender la frontière conservateurs/réformistes. "Sans nul doute, nous ayons été lents à assumer un regard respectueux de la dignité et de l'égalité des personnes homosexuelles", a même reconnu Mgr Angelo Scola, le cardinal conservateur de Milan, proche de Benoît XVI, dans une interview au quotidien Repubblica.

Selon Mgr Bruno Forte, secrétaire spécial su synode, très proche du pape, le sens du document est "d'accueillir le positif là où il se trouve, également dans ces expériences".

Selon cet évêque italien, si le synode n'accepte pas "la même terminologie" pour les unions gays et les mariages hétérosexuels, les homosexuels ont cependant des droits qui "doivent être respectés".

Cette semaine, des ateliers de travail vont plancher dur. Et un texte sera soumis au vote samedi. Il y a aura sûrement des retouches, des retraits, des ajouts. Mais la manière d'aborder le sujet apparaît déjà totalement nouvelle. Dans l'avion qui le ramenait de Rio en 2013, Jorge Bergoglio avait suscité la surprise, en déclarant: "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour juger?"

 

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