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Un mois après la trêve, les obus pleuvent à Donetsk

Des combattants prorusses près d'un char.[AFP]

Un mois après le cessez-le-feu, les bombardements secouaient dimanche Donetsk, bastion des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, sans que Kiev, Moscou ou les Occidentaux admettent que la trêve a fait long feu.

 

"Il n'y a aucun cessez-le-feu, vous l'entendez", s'exclame Ekaterina Manannikova interrogée sur le boulevard Pouchkine dans le centre de Donetsk en montrant la direction de l'aéroport, théâtre de combats entre l'armée ukrainienne et les insurgés d'où l'on entend l'explosion d'une vingtaine de roquettes Grad.

Dans le quartier Gladkivka à 5 km du centre-ville, une roquette Ouragan a explosé au milieu de la rue, blessant au moins une civile et mettant le feu à deux maisons. 

Après une relative accalmie suite à la conclusion à Minsk le 5 septembre de la trêve entre Kiev et les insurgés avec la participation de la Russie et de l'OSCE, les combats ont redoublé d'intensité ces derniers jours avec des bilans de plus en plus lourds parmi les civils et les soldats ukrainiens dont deux ont péri au cours des dernières 24 heures. 

"Les militaires ukrainiens ont repoussé en 24 heures deux attaques rebelles avec des chars contre l'aéroport de Donetsk", a annoncé dimanche un porte-parole militaire ukrainien. 

Kiev qui accuse la Russie de soutenir la rébellion a affirmé que Moscou avait envoyé des renforts en armes lourdes et soldats pour aider les rebelles à l'assaut de l'aéroport stratégique où l'armée ukrainienne semble avoir cédé du terrain. 

L'Otan affirme que des centaines de soldats russes sont toujours présents en Ukraine après cinq mois d'affrontement dans l'Est qui ont fait plus de 3.300 morts et un demi-million de réfugiés et déplacés.

 

"Combien de fois proclamer la paix?"

Les obus s'étaient abattus ces derniers jours sur une école et un arrêt de bus à proximité de l'aéroport ainsi que dans le centre-ville tuant un employé suisse du comité international de la Croix-Rouge. 

Kiev et les rebelles soutenus par Moscou se rejettent la responsabilité de ces attaques. 

"C'est un peu plus calme dans le centre, mais il y a des bombardements près de l'aéroport. Il y a beaucoup de haine des deux côtés. Combien de fois encore la paix doit être proclamée pour être respectée?", s'interroge Vitali Tchoura, un habitant de Donetsk. 

Sur le front diplomatique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a fait part à son homologue russe Sergueï Lavrov de son "inquiétude" face au regain de violences et a exhorté Moscou et les séparatistes à respecter les cessez-le-feu signés en septembre.

 

Statu quo profitable à tous
   
Selon un "mémorandum" conclu le 20 septembre par les belligérants et par la Russie, tous les combattants étrangers doivent quitter le territoire de l'Ukraine. Moscou, qui s'est emparé au printemps de la péninsule ukrainienne de Crimée, dément toutefois les accusations de Kiev et des Occidentaux selon lesquelles ses troupes combattent aux côtés des séparatistes.

Malgré des violations flagrantes du cessez-le-feu, son maintien formel est profitable à tous les acteurs de cette crise, la pire entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de la guerre froide, estiment les analystes. 

Le président ukrainien Petro Porochenko élu en mai avec la promesse de mettre fin à la guerre a besoin de ce répit pour mener campagne en vue des législatives du 26 octobre de même que Moscou, frappé par les sanctions occidentales, pour montrer sa bonne volonté. 

"La société ukrainienne veut que cesse la guerre et pendant les élections les hommes politiques doivent parler de la paix qui de facto n'existe pas", souligne l'analyste ukrainien Taras Berezovets du groupe Berta communications.

L'Europe dépendante du gaz russe et qui a de forts liens économiques avec Moscou préfère "ne pas sanctionner davantage" la Russie, selon Iouri Romanenko du centre l'analyse politique ukrainien "Stratagème". 

"Les hostilités ne sont plus aussi violentes qu'il y a un mois et la Russie a besoin de la paix pour faire lever les sanctions occidentales", souligne Andreas Umland, politologue allemand et professeur de la prestigieuse université Kiev Moguila.

D'autant plus que Moscou qui a coupé en juin le gaz à Kiev possède de puissantes armes énergétiques et économiques pour affaiblir l'Ukraine. 

"Poutine ne va pas se calmer, il changera la forme de guerre. Son plan suivant est de mener une guerre commerciale qui doit se terminer par un soulèvement à Kiev" et la chute du gouvernement prooccidental, a estimé le conseiller de M. Porochenko Iouri Loutsenko dans une interview à l'hebdomadaire Focus. 

 

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