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Le grand oral de Moscovici devant un Parlement sceptique

Pierre Moscovici.[FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Désigné pour le poste de commissaire aux Affaires économiques, le Français Pierre Moscovici s'est montré combatif jeudi face à un Parlement européen sceptique sur sa capacité à juger avec neutralité l'état des finances françaises, mais il s'est heurté à l'hostilité de farouches détracteurs.

 

Répondant inlassablement aux mêmes questions, M. Moscovici s'est livré à un plaidoyer pendant les trois heures qu'a duré son audition au Parlement, où il a promis qu'il ne serait ni "l'avocat, ni le procureur de la France", dont il a été ministre des Finances de 2012 jusqu'au printemps 2014.

"Je le redis, je le redirai encore, je suis là pour faire respecter les règles, assurer la crédibilité des règles, pas là pour les modifier de façon créative, pour défendre je ne sais quelle dérogation, quelle exception, quelle suspension", a-t-il affirmé, s'exprimant tour à tour en français et en anglais.

Pierre Moscovici est dans le collimateur de la droite, notamment allemande et française, pour avoir été le ministre des Finances d'un pays incapable de réduire ses déficits publics.

    

Attaqué sur sa crédibilité 

"Comment être certains que vous serez le braconnier devenu garde-chasse?", lui a lancé la députée néerlandaise Sophie In't Veld (libérale) tandis que la Française Sylvie Goulard, de la même tendance politique, l'a accusé sur Twitter d'être "un acrobate, aux loyautés successives". 

Visiblement préparé à ce genre d'attaques, M. Moscovici a rappelé que, né d'un père professeur de psychologie sociale et d'une mère psychanalyste, il ne souffrait d'aucun problème de schizophrénie.

Son audition est toutefois tombée à un moment critique, au lendemain de la présentation du projet de budget français pour 2015 qui prévoit un déficit public à 4,3% du PIB après 4,4% cette année. Loin des 3% auxquels Paris s'était engagé pour l'an prochain après avoir obtenu un délai de grâce.

Le député français UMP Alain Lamassoure a été le premier à l'attaquer en estimant que sa nomination suscitait un "malaise" après son "échec" en tant que ministre des Finances.

L'ancien locataire de Bercy a rappelé qu'il avait "réduit les déficits en France", passés de plus de 5% quand il a pris ses fonctions à 4,1% fin 2013, et a insisté sur le fait que la France n'avait pas bénéficié de traitement de faveur, en obtenant deux ans de plus pour ramener son déficit dans les clous européens.

Reprenant une formule chère à son prédécesseur Olli Rehn, il a affirmé que les "règles ne sont pas stupides, elles prennent en compte la situation économique" et les circonstances exceptionnelles. "Un pays, fût-ce la France, doit respecter les règles, et mon rôle c'est de faire respecter ces règles et c'est ce que je ferai", a-t-il martelé.

"Il tient tellement à séduire la droite qu'il force son orthodoxie économique", a commenté le député Vert Philippe Lamberts, alors que M. Moscovici a fermé la porte aux euro-obligations, vues pendant la crise comme la solution miracle pour protéger les pays les plus fragiles.

 

Premier test début novembre

Logiquement plus enclins à soutenir un de leurs représentants, les socialistes voient eux dans la nomination de M. Moscovici une occasion de "tourner la page de l'austérité" et de donner une nouvelle orientation au Pacte de stabilité comme le souhaitent la France et l'Italie.

S'il est confirmé à son poste, M. Moscovici devra présenter les nouvelles prévisions économiques de la Commission début novembre et délivrer son tout premier diagnostic sur l'économie française. 

Mais son sort est intimement lié à celui du commissaire désigné à l'Energie et au Climat, l'Espagnol Miguel Arias Canete, membre du PPE (droite) et très contesté en raison de soupçons de conflits d'intérêts, pour cause de pacte de non agression entre les deux grandes familles politiques au Parlement. Les votes sur leur sort respectif ont été renvoyés à mardi prochain, a indiqué jeudi une source parlementaire à l'AFP.

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