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A Hong Kong, la police antiémeute se retire après une nuit d'affrontements

Manifestation prodémocratie près du siège du gouvernement, le 31 août 2014 à Hong Kong. [Alex Ogle / AFP]

Dans un geste apparent d'apaisement, le gouvernement de Hong Kong a annoncé lundi le retrait de la police antiémeute après une nuit d'affrontements avec des milliers de militants prodémocratie qui paralysaient toujours de nombreux quartiers de la ville.

 

"Les citoyens rassemblés dans la rue s'étant calmés, la police antiémeute a été rappelée", a annoncé le gouvernement dans un communiqué sur son site internet. En échange les manifestants sont invités à "libérer les routes occupées dès que possible pour laisser le passage aux véhicules d'urgence et rétablir les transports publics".

 

La grève perturbe l'activité économique

Plus de 200 lignes d'autobus ont été suspendues ou déviées, la circulation des tramways était perturbé et des stations de métro étaient fermées.

De nombreuses écoles ont gardé portes closes, de mêmes que bon nombre d'entreprises, perturbant l'activité économique.

La campagne de désobéissance civile qui couve depuis des semaines dans l'ancienne colonie britannique s'est brutalement accélérée au cours du week-end et Hong Kong a connu les pires troubles civils depuis son passage sous tutelle chinoise en 1997.

Les manifestants sont bien décidés à dénoncer la décision de Pékin de limiter la portée du suffrage universel dans cette région autonome sous administration chinoise.
    

Scènes chaotiques
    
Dans des scènes de rue chaotiques, auxquelles Hong Kong n'est guère habituée, les policiers avaient tiré dimanche jusque tard dans la nuit des salves répétées de gaz lacrymogène pour tenter de disperser les protestataires.

Ces derniers s'étaient rassemblés par dizaines de milliers dans des quartiers du centre mais avaient également débordé jusque dans Kowloon, en face de l'île de Hong Kong, sur le continent.

Les manifestants, qui ont aussi essuyé des jets de gaz au poivre, étaient pour la plupart vêtus de ponchos en plastique et s'étaient enveloppé le visage avec du film alimentaire pour tenter de se protéger.

Des nuages de fumée flottaient au-dessus des rues.

 

Une présence policière plus discrète

Au lever du jour, ils étaient toujours des milliers à rester mobilisés, selon les estimations de journalistes de l'AFP.

Les militants prodémocratie ont pris le contrôle d'au moins trois carrefours routiers majeurs, mais la présence policière s'était faite plus discrète après les affrontements de la nuit.

"Nous sommes plus optimistes aujourd'hui, les policiers ne sont pas assez nombreux pour boucler les endroits où les manifestants sont réunis", a dit à l'AFP Ivan Yeung, un protestataire de 27 ans qui a campé toute la nuit dans le quartier très commerçant de Causeway Bay.

Les étudiants, qui observent depuis une semaine une grève des cours, sont le fer de lance de la campagne de désobéissance civile lancée pour dénoncer ce que nombre de Hongkongais perçoivent comme une mainmise grandissante de Pékin sur les affaires locales.

Ils avaient en particulier fait irruption vendredi dans le siège du gouvernement local avant d'en être évacués sans ménagement par la police.

 

Pour une "relance du processus de réformes"
    
Devant la mobilisation estudiantine, le mouvement prodémocratie le plus en vue, Occupy Central, a décidé dimanche de se jeter dans la bataille et a appelé ses troupes à devancer son mot d'ordre d'occupation initialement prévu pour mercredi.

Pékin a annoncé en août que le futur chef de l'exécutif local serait bien élu au suffrage universel dès 2017 mais que seuls deux ou trois candidats sélectionnés par un comité seraient habilités à se présenter au scrutin.

Occupy Central réclame "le retrait" de la décision de Pékin et "une relance du processus de réformes politiques".

"Nous exigeons que le gouvernement du chef de l'exécutif, Leung Chun-ying, présente au gouvernement central (de Pékin) un nouveau rapport sur les réformes politiques qui reflète pleinement les aspirations à la démocratie du peuple de Hong Kong", a dit Occupy.

 

Le gouvernement appelle à la fin de la grève

Mais Leung Chun-ying a demandé aux protestataires de rentrer chez eux afin de "ne pas perturber la vie quotidienne des Hongkongais".

Il a également balayé les rumeurs circulant sur les réseaux sociaux selon lesquelles le pouvoir local avait l'intention de faire appel à l'armée chinoise, qui est présente à Hong Kong. "Il n'y a absolument aucune preuve de cela", a-t-il dit.

Les manifestants, qui réclament sa démission, lui ont opposé une fin de non-recevoir. "Quiconque doté d'une conscience devrait avoir honte d'être associé à un gouvernement qui fait si peu de cas de l'opinion publique", a lancé Occupy.

Selon la radio RTHK, 41 personnes blessées durant les affrontements ont été hospitalisées.

Au total, 78 personnes ont été arrêtées pour des motifs divers: troubles à l'ordre public, entrée illégale dans des bâtiments gouvernementaux et violences contre dépositaires de la force publique.

 

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