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Daesh frappé à la source

[Capture d'écran Youtube]

La guerre contre Daesh se déroule sur plusieurs fronts. Si l’intervention de la coalition internationale a permis, dans un premier temps, d’enrayer l’offensive du groupe islamiste en Irak et en Syrie, elle vise également à l’affaiblir financièrement.

 

Dans la nuit de samedi à dimanche, l’aviation américaine a mené une nouvelle série de frappes dans le nord de la Syrie, détruisant trois raffineries de pétrole situées sur le territoire contrôlé par le groupe islamiste.

Et elle avait déja visé une douzaine de raffineries ces derniers jours. Car l’or noir représente une part importante des ressources de Daesh, estimées à près de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros).

Des fonds qui servent à acheter des armes, recruter des combattants et payer les fonctionnaires du "califat", proclamé le 29 juin dernier sur une partie de l’Irak et de la Syrie.  

 

30 000 à 70 000 barils par jour

Le trafic de pétrole rapporterait près de 3 millions de dollars par jour (2,3 millions d’euros) à Daesh, selon des estimations rendues publiques par les services de renseignement américains.

Le groupe islamiste contrôle en effet sept champs de pétrole et deux raffineries dans le nord de l’Irak, ainsi que six des dix champs de pétrole situés dans l’est de la Syrie. Ce qui lui permettait, jusqu’à maintenant, d’obtenir 30 000 et 70 000 barils de pétrole par jour, revendus à prix cassé au marché noir.

"Le pétrole passait notamment par la Turquie, qui a joué un double jeu jusqu’à présent, explique Frédéric Encel, auteur de Géopolitique du printemps arabe (PUF). Mais elle a subi dernièrement d’importantes pressions de la part des Occidentaux et a changé d’attitude. Mais il y aura toujours des clients pour acheter du pétrole à prix cassé, environ le tiers de celui du marché."

Les opérations de la coalition semblent toutefois porter leurs fruits, car le pompage aurait quasiment cessé.

 

Une stratégie suffisante ?

Mais affaiblir durablement Daesh ne sera peut-être pas aussi simple. Car les jihadistes peuvent aussi compter sur d’autres ressources.

En s’emparant de la banque centrale de la ville de Mossoul en juin dernier, les islamistes ont mis la main sur un butin estimé à 466 millions de dollars (367 millons d’euros).

Le groupe tire également des sommes importantes de "l’impôt révolutionnaire", qu’il prélève auprès des populations sous son contrôle, du trafic d’êtres humains mais aussi d’antiquités, volées en Irak ou en Syrie.

Enfin, les islamistes revendent au marché noir des matériaux et des véhicules volés dans les zones qu’ils contrôlent. En revanche, Washington a convaincu l’Arabie Saoudite, la Jordanie ou encore le Qatar de rejoindre la coalition internationale alors que ces pays étaient, jusqu’à récemment, fortement soupçonnés de financer Daesh.

Le groupe islamiste semble néanmoins suffisamment solide pour tenir encore longtemps. "Il est important de frapper son portefeuille, mais cela ne suffira pas à le chasser du pouvoir, explique Frédéric Encel. Pour cela, il faudrait intervenir au sol, mais personne ne veut y aller."

 

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