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L'Ukraine et l'UE ratifient un accord "historique" d'association

[GENYA SAVILOV / AFP]

L'Ukraine et l'Union européenne ont ratifié mardi un accord "historique" d'association, concrétisant l'éloignement du giron de la Russie de cette ancienne république soviétique en proie à une rébellion séparatiste prorusse.

 

Moscou, qui voit cet accord d'un très mauvais oeil, a annoncé dans la foulée que son dispositif militaire serait renforcé dans "la zone de la Crimée", péninsule ukrainienne annexée en mars par la Russie. Cette décision, justifiée selon Moscou par l'aggravation de la crise en Ukraine et la nécessité d'intégrer ce territoire à l'ensemble de son dispositif militaire, illustre la volonté du Kremlin de maintenir la pression sur Kiev. 

Parallèlement, l'Ukraine a adopté des lois garantissant une plus grande autonomie des régions prorusses de l'Est, l'organisation dans les districts séparatistes d'élections le 7 décembre et une amnistie sous conditions pour les rebelles et les militaires qui s'affrontent depuis cinq mois dans un conflit qui a fait près de 2.900 morts et quelque 600.000 personnes déplacées, selon de nouveaux chiffres de l'Onu publiés mardi.

S'exprimant devant les députés, le président ukrainien Petro Porochenko, arrivé en mai au pouvoir, a jugé que cette ratification à l'unanimité marquait un "premier pas" vers l'adhésion à l'UE de l'Ukraine.

"Le vote d'aujourd'hui est un choix de civilisation de l'Ukraine. L'Ukraine, c'est l'Europe", a proclamé le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont estimé que cet accord "fournit un blanc-seing pour la transformation de l'Ukraine en démocratie européenne prospère et moderne".

Cet accord reste néanmoins symbolique à ce stade: après une réunion tripartite incluant la Russie, l'Union européenne a en effet annoncé vendredi que l'accord de libre-échange avec l'Ukraine, partie intégrante de l'accord d'association, était repoussé à fin 2015 pour permettre de nouvelles discussions avec Moscou, opposé au projet.

Ce report a déchaîné les passions en Ukraine, certaines critiques allant jusqu'à évoquer une trahison du président Petro Porochenko. Pour de nombreuses personnalités en Ukraine, cette concession au Kremlin rappelle en effet les événements de fin 2013, quand, aussi sous la pression de Moscou, le président de l'époque Viktor Ianoukovitch avait refusé à la dernière minute de signer ce même accord d'association, déclenchant les manifestations qui ont fini par le balayer du pouvoir.

 

Concessions de Kiev à l'est

Plus tôt dans la journée, les députés ukrainiens avaient adopté deux projets de loi sur un "statut spécial" des régions de Donetsk et Lougansk leur accordant plus d'autonomie, rejeté par les rebelles qui réclament leur indépendance, et sur l'organisation d'élections locales. Ces deux points cruciaux figuraient dans le protocole de cessez-le-feu du 5 septembre signé à Minsk.

Kiev prévoit de pouvoir donner aux autorités locales des prérogatives élargies pendant une période de trois ans à partir de l'adoption du texte et des élections le 7 décembre au niveau "des districts, des conseils municipaux, des conseils de villages" dans les régions de Donetsk et Lougansk.

Selon la présidence ukrainienne, ces propositions ouvrent la voie à une décentralisation tout en garantissant "la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance" de cette ancienne république soviétique, faisant écho aux accusations de Kiev d'une volonté russe de créer dans l'est un Etat croupion.

Les députés ont par ailleurs adopté une loi d'amnistie pour les "participants aux événements de Donetsk et Lougansk". Cette désignation floue englobe a priori les rebelles comme les soldats ukrainiens.

 

Poursuite des bombardements

Tout en réitérant le credo séparatiste, un "vice-Premier ministre" de la république autoproclamée de Donetsk, Andreï Pourguine a indiqué à l'AFP que les dirigeants séparatistes allaient "étudier soigneusement" le texte adopté. "Peut-être pourrons-nous mener un dialogue (avec Kiev) sur certains points, notamment économiques ou socio-culturels", a-t-il ajouté.

Dans les rues de Donetsk, les annonces de Kiev laissaient perplexes des habitants qui avouaient avoir du mal à en comprendre les subtilités sémantiques. "Le futur pour nous est difficile à imaginer, aucun camp ne veut vraiment négocier", regrettait Andreï, un fonctionnaire municipal de 41 ans. "Pour ma part, je crois qu'il n'est pas facile d'aller vers l'indépendance, mais c'est la voie que nous devons choisir".

Alors que Petro Porochenko se félicitait la semaine dernière d'une désescalade sur le terrain, les tirs d'artillerie se poursuivent depuis plusieurs jours à Donetsk.

La municipalité de cette ville a annoncé mardi que cinq personnes ont été tuées en 24 heures dans la région de Donetsk. Il était impossible dans l'immédiat de déterminer l'origine des tirs ayant causé la mort des civils. Un porte-parole militaire a pour sa part déploré la mort de trois soldats au cours de la même période.

 

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