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Intervention contre l’EI : une opération complexe

Barack Obama.[NICHOLAS KAMM / AFP]

«Si vous menacez l’Amérique, vous n’aurez aucun refuge.» Mercredi soir, dans un discours des plus concis (un quart d’heure), Barack Obama a affirmé l’intention des Etats-Unis d’intervenir en Syrie et en Irak pour «affaiblir, et, à terme, détruire l’Etat islamique (EI)».

 

S’il dispose des pouvoirs nécessaires pour une telle opération contre-terroriste, celui qui a été élu en 2008 sur la promesse de mettre fin à l’engagement américain en Irak devra toutefois convaincre le Congrès et la population américaine du bien-fondé de cette offensive.

Néanmoins, une fois ce premier obstacle franchi, de nombreuses zones d’ombre menacent  l’équilibre de cette intervention.

 

Une coalition internationale difficile à mettre en place

Les Etats-Unis ont lancé dès mercredi une tournée diplomatique afin de rallier un maximum de pays à leur stratégie visant à détruire l’Etat islamique. Suite à la visite hier du secrétaire d’Etat John Kerry en Arabie Saoudite, dix pays arabes «ont déclaré leur engagement partagé de se tenir unis contre la menace que pose l’EI».

Mais arriver à mener une opération commune reste un défi. L’Iran a d’ores et déjà exprimé ses doutes sur le «sérieux et la sincérité» de cette coalition. La Turquie a, elle, assuré qu’elle ne participera «à aucune opération armée», se concentrant «sur les opérations humanitaires».

Ennemi affiché de l’EI, Israël devrait également être difficile à convaincre. S’il a déjà transmis des informations à son allié américain, l’Etat hébreu ne devrait pas être beaucoup plus enclin à collaborer au sein d’une coalition incluant ses ennemis iraniens et turcs.

 

Une Syrie déchirée entre Bachar al-Assad et les rebelles

La Syrie représente une autre épine dans le pied de Barack Obama. Le président américain souhaite combattre l’EI en bombardant ses positions et en apportant son soutien aux rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL).

Toutefois, en encourageant l’affrontement entre rebelles de l’ASL et jihadistes de l’EI, qui constituent deux pans de l’opposition au régime syrien, il risque de faire le jeu de Bachar al-Assad, qui sortira certainement renforcé.

De plus, une intervention en Syrie provoquerait la colère de la Russie. Allié historique de Damas, Moscou a qualifié hier d’éventuelles frappes de «violation grossière» du droit international.

 

Des frappes aériennes complexes et insuffisantes

Barack Obama l’a assuré, il n’enverra pas de «troupes au sol» en Syrie et en Irak. L’intervention se résumera à des frappes aériennes.

Mais d’un point de vue logistique, ce genre d’opération nécessite néanmoins des hommes sur le terrain. Le président américain a ainsi annoncé l’envoi de 475 conseillers militaires supplémentaires en Irak, en soutien des quelque 700 déjà présents.

Pour convaincre l’opinion de la pertinence de cette stratégie, Barack Obama a assuré que c’était la même que «celle poursuivie avec succès au Yémen et en Somalie pendant des années». Une comparaison qui laisse toutefois planer le doute sur sa conception du succès.

 

Un Etat Islamique organisé et renforcé

Le dernier élément, et pas le moindre, pouvant mettre en péril le bon déroulement de cette opération reste l’Etat islamique lui-même. Depuis plusieurs mois, l’organisation consolide son «califat» à cheval sur l’Irak et la Syrie.

Après avoir pris le contrôle de sept champs pétrolifères en Irak et de la banque centrale de Mossoul, l’EI s’est constitué un immense trésor de guerre qui lui a permis de grandement se renforcer.

Si elles ont ralenti leur progression, les quelque 150 frappes aériennes menées jusqu’à présent par l’armée américaine en Irak n’ont pas empêché les jihadistes d’instaurer la terreur, notamment à travers l’assassinat de deux otages américains.

Hier, comme un pied de nez à Barack Obama, ils ont d’ailleurs enlevé vingt personnes soupçonnées de former un groupe pour les combattre. Des otages qui viennent agrandir la liste des milliers de personnes enlevées au cours de leur progression dans la région.

 

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