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Pakistan: l'armée appelle gouvernement et manifestants à régler la crise

Des partisans des opposants Imran Khan et Tahir ul-Qadri, près de la résidence du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, le 31 août 2014 à Islamabad [Farooq Naeem / AFP] Des partisans des opposants Imran Khan et Tahir ul-Qadri, près de la résidence du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, le 31 août 2014 à Islamabad [Farooq Naeem / AFP]

L'armée, qui joue un rôle de premier plan au Pakistan, a appelé dimanche soir le gouvernement et les manifestants à régler pacifiquement leurs différends, tout en avertissant qu'elle jouerait son rôle pour "assurer la sécurité de l'Etat", après des violences ayant fait trois morts à Islamabad.

Les affrontements se sont poursuivis dimanche entre les forces de l'ordre et des milliers d'opposants pakistanais exigeant la démission du Premier ministre Nawaz Sharif .

Assiégés par des milliers de policiers, les manifestants barricadés derrière des conteneurs géants ont continué d'occuper la vaste esplanade devant le Parlement où de nouveaux accrochages ont eu lieu.

"Nous continuerons la lutte, tant que le Premier ministre n'aura pas démissionné", a assuré Muhammad Rashid Shahid, un contestataire convaincu que la "révolution" est à portée de main.

Les manifestants antigouvernementaux font face aux forces de l'ordre près de la résidence du Premier ministre à Islamabad, le 31 août 2014 [Farooq Naeem / AFP]
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Les manifestants antigouvernementaux font face aux forces de l'ordre près de la résidence du Premier ministre à Islamabad, le 31 août 2014

A la tombée de la nuit, les manifestants se préparaient en vue d'éventuels nouveaux heurts, mais la situation était relativement calme.

Les partisans des opposants Imran Khan, ex-joueur de cricket reconverti en homme politique nationaliste, et Tahir ul-Qadri, un chef religieux établi au Canada, campent depuis le 15 août dans la capitale pakistanaise pour exiger la démission du Premier ministre qu'ils accusent de fraudes électorales.

- Appel de l'armée -

Les chefs de l'armée, qui se sont réunis dimanche dans la ville-garnison de Rawalpindi, près d'Islamabad, ont souligné dans un communiqué que, "tout en réaffirmant leur soutien à la démocratie", ils avaient pendant leur rencontre "analysé avec grande inquiétude la crise politique actuelle et le tour violent qu'elle a pris".

Selon des sources hospitalières, le bilan des heurts du week-end s'élève en effet à trois morts, 481 blessés, dont au moins 92 policiers, 118 femmes et dix enfants.

"Il a été une fois de plus répété que la situation devait être réglée politiquement sans perdre de temps et sans recourir à la violence", ont poursuivi les responsables militaires dans leur communiqué.

L'"armée continuera à jouer son rôle consistant à assurer la sécurité de l'Etat et ne manquera jamais de répondre aux aspirations nationales", ont-ils souligné.

Des policiers pakistanais arrêtent de l'opposant Tahir ul-Qadri lors de heurts près de la résidence du Premier ministre pakistanais, le 31 août 2014 à Islamabad [Aamir Qureshi / AFP]
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Des policiers pakistanais arrêtent de l'opposant Tahir ul-Qadri lors de heurts près de la résidence du Premier ministre pakistanais, le 31 août 2014 à Islamabad

Samedi soir, Imran Khan et Tahir ul-Qadri avaient été encore un peu plus loin dans la contestation, appelant leurs partisans à se rendre à la résidence officielle de Nawaz Sharif.

Quelque 25.000 manifestants s'étaient mis en marche. Une partie d'entre eux avaient déployé une grue mobile afin de déplacer quelques conteneurs qui bloquaient l'accès à la résidence, située non loin de "l'enclave diplomatique", zone sécurisée où sont établies les principales ambassades.

Devant l'afflux de manifestants, dont certains munis de bâtons ou de lance-pierres, la police pakistanaise avait eu recours au gaz lacrymogène et à des balles en caoutchouc.

C'était la première fois que les forces de l'ordre utilisaient du gaz et des balles de ce type depuis le début de la fronde antigouvernementale. Des manifestants ont aussi attaqué les bureaux de la chaîne de télévision privée Geo, considérée comme favorable au gouvernement dans ce conflit.

Dans un pays à l'histoire jalonnée de coups d’État, plusieurs analystes soupçonnent les opposants Khan et Qadri d'être téléguidés par les militaires afin d'affaiblir M. Sharif, voire de provoquer un chaos qui entraînerait une intervention musclée de l'armée.

Selon ces analystes, l'armée reproche à Nawaz Sharif d'avoir trop attendu avant de déclencher, en juin, une opération militaire contre les fiefs talibans dans le Waziristan du Nord, sa tentative de rapprochement avec l'Inde rivale et le procès pour "haute trahison" intenté au général Pervez Musharraf, une première dans l'histoire du Pakistan.

Certains de leurs fidèles imploraient dimanche l'armée d'intervenir en leur faveur afin de chasser du pouvoir Nawaz Sharif qui bénéficie toutefois d'un fort appui de l'opinion publique, en grande partie sceptique face à la démarche des opposants Qadri et Khan.

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