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Surveillant de plage à Gaza... à des années lumières d'"Alerte à Malibu"

Mohammed Bar, sifflet et palmes à portée de main, est resté fidèle à son poste en surveillant la plage de Gaza pendant les frappes israéliennes  [Roberto Schmidt / AFP] Mohammed Bar, sifflet et palmes à portée de main, est resté fidèle à son poste en surveillant la plage de Gaza pendant les frappes israéliennes [Roberto Schmidt / AFP]

Mohamed Bar, sifflet et palmes à portée de main, est à des années lumières des images glamour de la série américaine "Alerte à Malibu". Mais pendant la guerre à Gaza, ce surveillant de plage passionné par son métier est resté fidèle au poste.

"La mer est le seul endroit à Gaza où les gens peuvent respirer. Nous sommes dans une grande prison", dit-il. "Les frontières sont fermées nous ne pouvons pas bouger, notre vie est terrible", ajoute-t-il.

Dans son poste d'observation, sifflet et jumelles autour du cou, chaussé de tongs, le jeune homme de 21 ans se tient prêt à intervenir.

Au loin un groupe de jeunes s'amuse dans l'eau plongeant dans les vagues.

Pendant les courtes trêves qui ont ponctué les hostilités, il a été le seul dit-il à se présenter tous les jours à son poste.

Plus de 2.100 Palestiniens, en grande majorité des civils, ont été tués et 70 Israéliens, dont 64 soldats, pendant l'opération "Bordure protectrice" menée par Israël du 8 juillet au 26 août pour neutraliser les capacités militaires du Hamas au pouvoir à Gaza.

Toutes les frontières terrestres de Gaza, vers Israël et l'Egypte sont bouclées. Le cessez-le-feu durable conclu mardi prévoit notamment un allègement du blocus israélien et une extension de la zone de pêche.

Pour Mohamed, la mer et le sauvetage sont toute sa vie, mais depuis trois mois, il ne perçoit plus son salaire de 190 euros que le Hamas doit lui verser.

Sur la plage de Gaza, un couple de palestiniens prend l'air face à la mer, le 18 aout 2014 [Roberto Schmidt / AFP/Archives]
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Sur la plage de Gaza, un couple de palestiniens prend l'air face à la mer, le 18 aout 2014

Le mouvement islamiste, isolé par le blocus, est désormais étranglé financièrement car l'Egypte, devenue hostile depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, son grand allié, par l'armée, a détruit ses tunnels vers le Sinaï. Depuis, l'argent ne rentre plus à Gaza et des dizaines de milliers de fonctionnaires ne perçoivent plus aucun salaire.

Et le rêve de Mohamed de s'acheter un jet ski s'évapore tous les jours un peu plus.

- 'La guerre a tué notre été' -

Au loin, un vendeur de cerceaux parcourt la plage, des jeunes amènent leurs chevaux se rafraîchir au soleil couchant avant de repartir au galop dans le sable.

"A Gaza, la mer est le seul endroit où les gens peuvent respirer" dit Mohammed Bar maitre nageur sur la plage de gaza, ici photographié le 18 aout 2014 [ROBERTO SCHMIDT / AFP]
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"A Gaza, la mer est le seul endroit où les gens peuvent respirer" dit Mohammed Bar maitre nageur sur la plage de gaza, ici photographié le 18 aout 2014

"Normalement, on devrait être sept maîtres nageur, mais aujourd'hui, je suis tout seul", explique-t-il. "La guerre a tué notre été, tout le monde a peur".

Chaque semaine, Mohammed intervient entre trois et cinq fois. La dernière fois c'était il y a quelques jours. "J'étais sur ma moto et de loin j'ai vu des gens qui se noyaient. Si je ne passais par là par hasard, ils auraient pu mourir", raconte-t-il.

Sa vocation, Mohammed l'a trouvée à 16 ans. Après avoir vu son voisin Nasser mourir, noyé, il a décidé rejoindre les sauveteurs, pour ne plus jamais revivre ça.

Sauver des vies dans l'eau, il sait faire. Mais arrêter la guerre qui a tué deux de ses amis et totalement détruit sa maison, ça, il n'y peut rien.

En contrebas, un petit groupe de femmes, leurs longs voiles noirs couverts de grains de sable, sirotent à l'ombre un thé sucré. Aïcha, 21 ans, a perdu sa maison et elle s'inquiète pour ses deux enfants.

"Je suis stressée, déprimée et j'en ai marre. J'essaye de me changer un peu les idées" sur la plage, dit-elle, son bébé sur les genoux.

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