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La présidentielle afghane entre dans une ultime phase périlleuse

Les deux candidats à la présidentielle afghane, Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani lors d'une conférence de presse à Kaboul, le 12 juillet 2014 [Jim Bourg / Pool/AFP/Archives] Les deux candidats à la présidentielle afghane, Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani lors d'une conférence de presse à Kaboul, le 12 juillet 2014 [Jim Bourg / Pool/AFP/Archives]

La crise politique afghane est entrée dans une phase périlleuse lundi avec le début de l'élimination des bulletins de vote frauduleux de la présidentielle, une dernière étape susceptible de raviver les tensions à une semaine de la date butoir pour l'investiture du successeur d'Hamid Karzaï.

La commission électorale indépendante (IEC) avait entamé le 17 juillet un audit des 8,1 millions de bulletins de vote du second tour de la présidentielle du 14 juin afin de départager les rivaux Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani.

Or l'IEC a commencé lundi l'inspection détaillée des bulletins de vote suspects afin de rejeter ceux qui seraient frauduleux, une opération délicate qui déterminera le résultat de la présidentielle, a déclaré son vice-président Abdul Rehman Hotaki au cours d'une conférence de presse à Kaboul.

Le président sortant Hamid Karzaï, qui ne pouvait briguer un troisième mandat aux termes de la Constitution, a fixé au 2 septembre l'investiture de son successeur.

Si cette date butoir est respectée, cela permettra au nouveau président d'être investi à temps pour le sommet de l'Otan qui aura lieu au Pays de Galles les 4 et 5 septembre.

Ce sommet doit définir les contours de l'aide internationale à l'Afghanistan après le retrait des troupes de l'Otan à la fin de l'année.

Mais le processus, qui a démarré lundi, en présence d'observateurs nationaux et internationaux, pourrait créer de nouveaux désaccords entre les deux rivaux et retarder encore l'investiture du nouveau président.

Le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan, Jan Kubis, s'est félicité de l'annonce faite lundi par l'IEC. "Le premier ensemble de décisions officielles dans cet audit inédit est une étape importante en vue de séparer les bulletins de vote frauduleux des valables", a-t-il déclaré dans un communiqué.

M. Kubis a toutefois averti qu'il était "prématuré de tirer des conclusions sur les résultats finaux de l'audit à partir de ces premières constatations".

Lundi, 3.644 urnes ont fait l'objet de ces décisions. Au total, 72 d'entre elles ont été invalidées.

-Gouvernement d'union nationale-

Au lendemain du second tour, Abdullah Abdullah, arrivé en tête du premier tour du 5 avril, avait dénoncé des fraudes massives. La tension était ensuite montée rapidement entre les partisans des deux candidats.

Ce regain de tension entre les Tadjiks, favorables à M. Abdullah, et les Pachtouns, qui soutiennent en grande partie M. Ghani, ravivait le spectre de la guerre civile afghane des années 1990.

Et les observateurs craignaient que les insurgés talibans ne profitent de ce flottement pour gagner du terrain.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g) suivi des deux candidats à la présidentielle afghane Abdullah Abdullah (c) et Ashraf Ghani lors d'une conférence de presse, le 12 juillet 2014 à Kaboul [Jim Bourg / Pool/AFP]
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Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g) suivi des deux candidats à la présidentielle afghane Abdullah Abdullah (c) et Ashraf Ghani lors d'une conférence de presse, le 12 juillet 2014 à Kaboul

Afin d'écarter les risques d'instabilité politique, les deux candidats ont signé début août, sous l'égide du secrétaire d'Etat américain John Kerry, un accord pour un gouvernement d'union nationale quel que soit le vainqueur de la présidentielle.

MM. Ghani et Abdullah se sont aussi engagés à accepter les résultats du scrutin après l'audit des bulletins de vote du second tour.

La vaste opération d'audit a été décidée afin d'assurer un maximum de légitimité au nouveau président dans ce pays en guerre depuis plus de 30 ans et aux prises avec une insurrection des talibans.

La crise politique intervient en outre au moment où les troupes de l'Otan s'apprêtent à quitter le pays d'ici à la fin de l'année.

"Cet audit a été réalisé pour établir la transparence, la confiance et la légitimité du processus électoral", a résumé M. Hotaki lundi.

Toutefois, l'audit, interrompu plusieurs fois pour des désaccords entre les deux camps sur des détails de procédure, a progressé plus lentement que prévu.

Et il reste encore un problème de taille à résoudre : les modalités précises de la mise en œuvre d'un gouvernement d'union nationale.

Le président américain Barack Obama a appelé dimanche les deux candidats à la présidentielle afghane à finaliser dès que possible les négociations sur un gouvernement d'union nationale.

Dans le meilleur des cas, le candidat victorieux devra ainsi inclure des membres de l'équipe adverse dans son gouvernement. Un poste de "responsable exécutif" aux côtés du président est ainsi prévu mais aucun détail concernant les modalités n'a encore été précisé.

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