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Ukraine: la confiance affichée des séparatistes de Donetsk

Des rebelles pro-russes le 22 août 2014 à Donetsk [Dimitar Dilkoff / AFP] Des rebelles pro-russes le 22 août 2014 à Donetsk [Dimitar Dilkoff / AFP]

Evoquer un siège de Donetsk, une déroute qui poindrait ou une fuite des chefs, c'est se faire le propagandiste de Kiev : malgré la présence de l'armée ukrainienne aux portes de leur fief de l'Est, les séparatistes prorusses se disent convaincus que la victoire est au bout du fusil.

Les autorités ukrainiennes ont récemment affirmé avoir repris Iassynouvata, noeud ferroviaire au nord, tout comme Ilovaïsk, autre ville stratégique, au sud-est cette fois.

Mais là ou ailleurs, à coups de mortiers ou de roquettes Grad, les combats se poursuivent, incitant à la prudence face aux annonces d'encerclement total de Donetsk, une cité devenue un symbole pour les rebelles.

Un rebelle ukrainien le 22 août 2014 à Donetsk [Max Vetrov / AFP]
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Un rebelle ukrainien le 22 août 2014 à Donetsk

L'armée ukrainienne est "restée trois heures dans Iassynouvata", ironise Piotr Savtchenko, officier du bataillon de volontaires russes et ukrainiens Vostok qui affirme que les insurgés "tiennent les mêmes positions depuis un mois", voire avancent.

Il refuse d'évaluer le nombre des rebelles déterminés à défendre Donetsk. Cantonnés dans des bâtiments administratifs ou militaires, parfois logés dans des hôtels, ils sont plus discrets qu'en juillet, après la reconquête par les forces ukrainiennes de Slaviansk, un de leurs autres bastions.

Dans les rues, passent les convois hétéroclites de Lada, de camions chargés de combattants portant des uniformes dépareillés ou de pick-ups munis de mitrailleuses, envoyés au front ou vers les postes de contrôle aux points d'accès à la ville.

"Kot", "le Chat", dirige le dernier barrage séparatiste sur la route vers Marioupol (sud) : "Nous ne sommes encerclés par personne. Tant que nous serons ici, personne ne passera", dit ce membre d'Oplot, bataillon de volontaires qui se veut d'élite et dont le nouveau "Premier ministre" de la République autoproclamée de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko, était le responsable local.

Plus à l'est, sur un barrage à Mospiné, même assurance, affichée de manière affable, chez "Grozny", bandeau dans les cheveux et poignard à la ceinture, qui dit être né à Kharkiv (est de l'Ukraine), mais avoir grandi en Tchétchénie : "La victoire, il y aura seulement la victoire."

L'armée ukrainienne subit "de grosses pertes, ils fuient en permanence", ses soldats "se rendent par dizaines", "utilisent de vieilles armes", dit ce combattant qui s'est replié de Slaviansk avec ses hommes.

- Défilé de prisonniers ? -

En revanche, si l'on en croit Piotr Savtchenko, il y a peu de morts dans les rangs des rebelles. Il affirme même qu'il n'y en a aucun à déplorer dans son bataillon Vostok.

"Nos prisonniers nous disent qu'ils sont surpris par la qualité de notre matériel", affirme, avant de monter dans une Lada hors d'âge, Andreï, un ouvrier du bâtiment au visage usé.

Un rebelle ukrainien le 22 août 2014 à Donetsk [Max Vetrov / AFP]
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Un rebelle ukrainien le 22 août 2014 à Donetsk

Pour preuve de cette débandade supposée de l'adversaire, deux blindés ukrainiens détruits ont été exposés vendredi aux pieds de la statue de Lénine à Donetsk . Dimanche, jour de l'Indépendance de l'Ukraine, certains envisageraient même de faire défiler des prisonniers dans le centre-ville, selon les autorités de la DNR.

Les démissions mi-août du chef militaire Igor Guirkine, alias "Strelkov" (le "tireur"), et du "Premier ministre" de la DNR Alexandre Borodaï, deux Russes, a parfois été interprétée comme le prélude de la débandade des séparatistes.

"Je pense qu'ils sont partis parce qu'ils étaient en train de perdre", juge Irene Chalupa, spécialiste de l'Ukraine à l'Atlantic Council, cercle de réflexion ayant son siège à Washington. Pour elle, "les milices n'ont jamais fonctionné comme un ensemble cohérent, il y a toujours eu des rivalités et des luttes intestines."

Andreï, rebelle qui se dit "tsariste", ne voit dans ce type d'analyse que "propagande de la télé ukrainienne". Pour "Kot", le départ de Strelkov n'a "rien changé". "Peu importe le leader", "ce qui compte c'est le but commun", acquiesce Piotr Savtchenko.

Devant l'immense bâtiment dans lequel la DNR a installé son administration, se dresse une petite cabane de recrutement, où une dizaine d'hommes sont allés s'engager vendredi matin, selon la femme qui s'en occupe. "Pour défendre la patrie" et "détruire tous ces fascistes", explique l'un d'eux, Viatcheslav, 23 ans, qui concède son absence d'expérience militaire.

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