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Colombie: de nouveaux progrès en faveur de la paix accomplis à Cuba

Les membres de la commission historique, nommée dans le cadre des négociations entre le gouvernement colombien et la guérilla des Farc, donnent une conférence de presse à La Havane (Cuba), le 21 août 2014 [Yamil Lage / AFP] Les membres de la commission historique, nommée dans le cadre des négociations entre le gouvernement colombien et la guérilla des Farc, donnent une conférence de presse à La Havane (Cuba), le 21 août 2014 [Yamil Lage / AFP]

Le processus de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des Farc a franchi jeudi deux étapes importantes avec la nomination attendue de deux commissions chargées de préparer le cessez-le-feu et de retracer l'historique d'un conflit interne de plus de 50 ans.

A Bogota, le gouvernement a désigné cinq militaires pour faire partie de la commission chargée de préparer un cessez-le-feu avec la guérilla, dans le cadre des négociations de paix entamées en novembre 2012 à Cuba.

"Ils seront menés par le général (Javier) Florez, qui est le chef de l'Etat major conjoint de nos forces militaires et qui sera accompagné par des représentants officiels de l'armée de terre, de la marine, des forces aériennes et de la police", a expliqué le président Juan Manuel Santos lors d'un discours.

La commission, qui sera lancée ce vendredi à La Havane, réunira aussi des représentants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

"Pour la première fois en 50 ans de guerre, la discussion s'ouvre sur le cessez-le-feu bilatéral et définitif et l'abandon des armes (...) Nous pouvons dire que cette semaine, nous sommes en train de construire l'Histoire", s'est réjoui M. Santos.

Le cessez-le-feu, inexistant sur le terrain, est l'un des grands défis que doivent encore relever les négociations de paix, qui ont déjà permis de nouer des accords partiels sur trois points: le développement rural, la participation de la guérilla à la vie politique après la conclusion d'un accord général et la lutte contre le trafic de drogue.

Restent à discuter de la fin effective du conflit et des modalités de ratification d'un éventuel accord de paix global.

A Cuba, 12 experts - 11 Colombiens et un sociologue français spécialiste du conflit, Daniel Pécaut - ont par ailleurs été désignés pour déterminer les origines et l'impact du conflit et contribuer à la réconciliation.

"Nous allons proposer des pistes d'interprétation sur le conflit armé depuis des angles très divers", a annoncé devant la presse la politologue Maria Emma Wills, membre de cette commission.

Ce groupe "va nous parler des causes et des origines du conflit armé colombien, comment il s'est développé, qui est responsable. Nous avons besoin de cette vérité pour être en mesure de construire la paix sur ce sentiment solide", a indiqué mercredi à La Havane Ivan Marquez, chef négociateur des Farc et numéro deux de la guérilla marxiste.

Pas question toutefois pour cette commission de désigner tel ou tel coupable d'exaction, le but étant de paver le chemin de la réconciliation. "Ceci n'est pas une commission vérité, nous sommes une commission historique", a tenu à préciser Mme Wills.

- 'Plus près de la paix' -

Le 5 août, les délégations présentes à Cuba avaient annoncé que le champ d'enquête de cette commission serait "sans restriction", avec comme vocation première de "contribuer à la réconciliation entre colombiens".

Chargé de mener pour le gouvernement la préparation d'un cessez-le-feu, Javier Florez, 57 ans, avait dirigé de 2008 à 2011 la force d'action conjointe Omega, dédiée à combattre les Farc, principalement dans le sud-est du pays. Sous son commandement l'armée a abattu en septembre 2010 le chef militaire des Farc, Jorge Briceño, alias "Mono Jojoy". M. Florez avait aussi participé, en mars 2008, au bombardement qui avait tué le numéro deux des Farc, Raul Reyes.

Aux yeux du politologue colombien, Carlos Medina, qui dirige une cellule de suivi du conflit à l'Université nationale de Colombie, les négociations de paix sont en pleine phase d'accélération avec la création de ces deux commissions et les auditions de victimes du conflit entamées samedi à La Havane.

"Nous sommes indiscutablement plus près de la fin du conflit", a-t-il assuré à l'AFP.

Fondée le 27 mai 1964 dans la foulée d'une insurrection paysanne, la guérilla des Farc compte encore, selon les autorités, près de 8.000 combattants.

Le conflit interne colombien, le plus ancien d'Amérique latine, a fait en un demi-siècle plusieurs centaines de milliers de morts et 5 millions de déplacés, mêlant l'armée à des guérillas, des milices paramilitaires - dissoutes depuis 2006 - et des bandes criminelles.

Le gouvernement du président Santos, dirigeant de centre droit réélu le 15 juin pour un second mandat de quatre ans, a également amorcé un dialogue avec l'Armée de libération nationale (ELN), l'autre rébellion d'extrême gauche encore en activité en Colombie.

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