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Corée du Sud: le pape conclut son voyage par un appel à l'unité

Le pape François salue le 18 août 2014 les évêques coréens avant son départ de Séoul [Kim Hong-Ji / Pool/AFP] Le pape François salue le 18 août 2014 les évêques coréens avant son départ de Séoul [Kim Hong-Ji / Pool/AFP]

Le pape François a conclu lundi son voyage en Corée du Sud, premier séjour papal en Asie depuis 15 ans, par un appel à l'unité des Corées déchirées depuis six décennies.

La supplique du pape, prononcée au cours d'une messe pour la paix et la réconciliation en la cathédrale Myeongdong de Séoul, coïncide avec le début de manoeuvres annuelles des armées sud-coréenne et américaine, condamnées par le Nord comme une répétition générale à l'invasion de son territoire.

Pyongyang, qui avait effectué des tirs d'essai de missiles tactiques jeudi lors de l'arrivée du pape -- officiellement pour commémorer la fin de la colonisation japonaise en 1945 --, a prévenu que ces manoeuvres pourraient amener la péninsule "au bord de la guerre".

Dans son homélie très peu politique, et en présence de la présidente Park Geun-Hye -- baptisée catholique mais non pratiquante --, Jorge Bergoglio s'est adressé aux Coréens des deux côtés du 38e parallèle en les exhortant "comme chrétiens et comme Coréens, à repousser avec force une mentalité fondée sur le soupçon, sur la division et sur la compétition".

A aucun moment il n'a cité les dirigeants communistes de Pyongyang, lesquels avaient brocardé la visite du "pseudo-pape" dans le Sud capitaliste.

Le Vatican n'a aucune relation avec la Corée du Nord, où une petite communauté catholique est reconnue mais sévèrement encadrée et surveillée par le régime.

Devant l'autel de la cathédrale était installé un rouleau de fils de fer barbelés de la ligne de démarcation, pour rappeler la blessure de la division qui touche encore 70.000 familles.

- "Une famille et un peuple" -

Le pape réconforte le 18 août 2014 lors de la messe célébrer en la cathédrale Myeongdong de Séoul, l'une de ces anciennes "femmes de réconfort", ces Coréennes enrôlées de force dans les bordels de l'armée japonaise durant la Deuxième Guerre mondiale [Vincenzo Pinto / AFP]
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Le pape réconforte le 18 août 2014 lors de la messe célébrer en la cathédrale Myeongdong de Séoul, l'une de ces anciennes "femmes de réconfort", ces Coréennes enrôlées de force dans les bordels de l'armée japonaise durant la Deuxième Guerre mondiale

"La messe d'aujourd'hui est une prière pour la réconciliation dans cette famille coréenne", a dit le chef de l'Eglise. "Tous les Coréens sont frères et soeurs, membres d'une unique famille et d'un unique peuple", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que l'idée de réconciliation pouvait apparaître "impossible" à certains après des décennies de défiance.

"Le pardon est la porte qui conduit à la réconciliation", a insisté le pape dans un discours rappelant son message pour la Syrie en septembre 2013 et pour Israël et la Palestine en juin dernier.

François a par ailleurs salué dans l'assistance huit anciennes "femmes de réconfort", ces Coréennes enrôlées de force dans les bordels de l'armée japonaise durant la Deuxième Guerre mondiale. "Un geste pastoral" et non politique, selon le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.

Selon les historiens, 200.000 femmes de différents pays occupés ont servi dans ces bordels japonais. Le Japon avait présenté en 1993 des excuses officielles à la Corée, mais le sujet reste très sensible.

Premier pape à fouler le sol asiatique depuis la visite de Jean Paul II en Inde en 1999, François a tendu la main à la Chine, avec laquelle le Vatican n'entretient pas de relations diplomatiques depuis 1951, en se faisant l'avocat d'un "dialogue fraternel". "Les chrétiens ne viennent pas en conquérants" sur un continent qui se présente comme une mosaïque de religions et de cultures, a-t-il assuré.

- Le 'cancer du désespoir' -

L'Église croît en Asie -- la Corée du Sud, où 10% de la population est catholique, en est un exemple frappant avec 100.000 baptêmes par an -- mais ne représente que 3,2% de la population.

En Chine, 5 à 12 millions de catholiques sont partagés entre une Eglise officielle qui ne reconnaît pas l'autorité papale et une Eglise clandestine fidèle au Vatican.

Des Sud-Coréennes prient le 18 août 2014 lors d'une messe célébrée par le pape François en la cathédrale Myeongdong de Séoul [Ed Jones / AFP]
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Des Sud-Coréennes prient le 18 août 2014 lors d'une messe célébrée par le pape François en la cathédrale Myeongdong de Séoul

Tout au long de son séjour en Corée du Sud, où des millions de fidèles ont assisté à ses sermons avec ferveur et recueillement, François n'a eu de cesse de fustiger la corruption des valeurs morales par le matérialisme.

Devant les cardinaux et devant les jeunes Asiatiques, il a exalté "l'espérance offerte par l'Evangile" face à "l'esprit de désespoir qui semble croître, tel un cancer" dans une société privée de sens et de communauté lorsqu'elle succombe à des "modèles économiques inhumains".

Une diatribe qui a résonné comme une violente condamnation de la cupidité après le naufrage du ferry Sewol en avril dans lequel 300 passagers ont péri. La catastrophe a mis en lumière les conséquences tragiques de la corruption et des négligences dans la sécurité au nom de la rentabilité.

Les mêmes causes nourrissent une "culture de la mort qui dévalue l'image de Dieu, le Dieu de la vie", a également dénoncé le pape dans une allusion au suicide, à l'avortement et à l'euthanasie.

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