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Un chef de police ramène le calme à Ferguson

Le capitaine Ron Johnson chargé de ramener l'ordre à Ferguson marche parmi les manifestants, le 14 août 2014 dans cette petite ville du Missouri [Scott Olson / Getty Images North America/AFP] Le capitaine Ron Johnson chargé de ramener l'ordre à Ferguson marche parmi les manifestants, le 14 août 2014 dans cette petite ville du Missouri [Scott Olson / Getty Images North America/AFP]

Il a suffi qu'il serre la main des manifestants pour qu'un policier noir devienne vendredi le nouveau héros de l'Amérique, ramenant le calme dans la petite ville de Ferguson, Missouri, théâtre de violentes émeutes après la mort d'un jeune Afro-américain abattu par la police.

 

Moustachu, chauve, son arme de service en bandoulière sur sa chemise bleue, le capitaine Ron Johnson, chargé de prendre la relève d'une force de police locale aux méthodes controversées, a symboliquement rejoint les premiers rangs d'une manifestation pacifique jeudi soir, provoquant un changement radical d'atmosphère dans la ville.

"Nous sommes tous là, ensemble (...) nous ne sommes pas là pour avoir peur, pour intimider", a déclaré ce responsable de la police de la route en multipliant les accolades, lui-même habitant de Ferguson, une ville majoritairement noire où la police est surtout blanche.

Ses propos ont été relayés et salués notamment par un correspondant du Washington Post, Wesley Lowery, qui avait été arrêté sans ménagement mercredi soir par la police du comté, attisant les critiques contre la brutalité policière.

"Lundi soir, les habitants avaient vraiment peur pour leurs vies. Ce soir ils prennent des selfies avec les policiers", a noté sur Twitter Wesley Lowery.

"Quand je vois une jeune femme pleurer parce qu'elle a peur d'un uniforme, c'est qu'il y a un problème. Nous devons le résoudre", a plaidé le capitaine de police, dont plusieurs collègues se sont aussi mêlés au défilé.

Alors que la veille encore le face-à-face entre des forces de l'ordre lourdement armées et les manifestants était particulièrement tendu, Ron Johnson a promis "une approche différente" selon laquelle "nous sommes là tous ensemble".

Le capitaine a précisé que les policiers ne porteraient plus de masques à gaz, ne bloqueraient pas les rues d'une ville que certains, y compris le gouverneur du Missouri Jay Nixon, avaient comparées à une "zone de guerre".

 

- "Respect" -

Le Huffington Post avait même titré jeudi matin "Bagdad USA" en racontant l'intrusion musclée, les bousculades et l'agressivité des policiers surarmés. En soirée, Ron Johnson promettait désormais de traiter les manifestants "avec respect et honnêteté", dans le but de "préserver ce qui est ma communauté".

"Je marche ici (...) avec des gens avec lesquels je suis allé à l'école. Et il y a de la frustration chez moi aussi. J'ai un garçon de 21 ans et une fille de 23 ans. Et je dois répondre aux mêmes questions que tous les parents se posent ici", a témoigné le policier, âgé d'une cinquantaine d'années.

Le capitaine de police a aussi appelé à une "véritable diversité" au sein de la police aux Etats-Unis. "Un département de police devrait refléter la communauté qu'il sert", a-t-il déclaré sur CNN.

M. Johnson a grandi près de St. Louis. Diplômé en droit pénal, il a rejoint la police de la route --qui dépend de chaque Etat fédéré-- en 1987, selon le St. Louis Post-Dispatch. Son beau-père, Charles McCrary, était lui aussi un des responsables de la police de St. Louis, avant se prendre sa retraite, selon le journal.

Le capitaine Ron Johnson chargé de ramener le calme à Ferguson, à la rencontre des manifestants, le 14 août 2014  [Scott Olson / Getty Images North America/AFP]
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Le capitaine Ron Johnson chargé de ramener le calme à Ferguson, à la rencontre des manifestants, le 14 août 2014

"Ca veut dire beaucoup de choses personnellement pour moi que nous brisions le cycle de la violence, que nous rebâtissions la confiance et nous montrions notre plus grand respect", a déclaré M. Johnson lors d'une conférence de presse, ajoutant qu'il comprenait "la colère et la peur ressenties par les habitants de Ferguson".

Les manifestations et les émeutes avaient éclaté après la mort samedi soir d'un jeune Noir, Michael Brown, tué par un policier.

Le chef de la police de Ferguson, Thomas Jackson, a promis sur CNN vendredi que le nom de ce policier, réclamé par les manifestants mais que la police refusait de dévoiler jusqu'alors pour des raisons de sécurité, serait rendu public. En poste depuis six ans, ce policier n'avait montré aucun "problème de discipline", selon M. Jackson.

La mort de Michael Brown avait ravivé le spectre du racisme en Amérique, comme après la mort de Trayvon Martin, un jeune Noir abattu en 2012 par un vigile de quartier en Floride (sud-est). Le vigile avait été acquitté après avoir plaidé la légitime défense.

 

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