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Ukraine : l'armée gagne du terrain

Des soldats ukrainiens sur des chars le 14 août 2014 à Vuglergirsk  [Anatolii Stepanov / AFP] Des soldats ukrainiens sur des chars le 14 août 2014 à Vuglergirsk [Anatolii Stepanov / AFP]

L'armée ukrainienne a repris jeudi le contrôle de la route entre le bastion insurgé de Lougansk et la frontière russe, coupant ainsi l'itinéraire qu'est censé emprunter le convoi humanitaire envoyé par Moscou à destination de la ville de l'Est de l'Ukraine.

Face à la progression de l'armée ukrainienne et des combats de plus en plus meurtriers jusque dans le centre de Donetsk, deux chefs rebelles dont le "ministre de la Défense" séparatiste, le Russe Igor Strelkov, ont donné jeudi leur démission.

De leur côté, les Etats-Unis ont exhorté jeudi l'Ukraine à la "retenue" afin de réduire le nombre de pertes civiles. "Nous avons souligné l'importance de faire preuve de retenue pour réduire le nombre de victimes civiles", a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Marie Harf, en demandant notamment à Kiev de ne pas avoir recours à des armes qui pourraient mettre les civils en danger.

L'armée ukrainienne s'est pour sa part félicitée d'avoir repris aux insurgés le village de Novosvitlivka, permettant de "couper la dernière connexion routière entre la ville de Lougansk et d'autres territoires contrôlés par les mercenaires russes, en particulier le poste-frontière d'Izvaryne", a indiqué le porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko.

Il s'agit de la route que devait emprunter le convoi d'aide humanitaire russe, que l'Ukraine et de nombreux pays occidentaux soupçonnent de servir de couverture à une intervention russe, et qui était stationné jeudi en fin d'après-midi dans la région de Rostov, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, selon les médias locaux.

Selon des journalistes sur place du Guardian et du Telegraph, 23 véhicules blindés de transports de troupes, des camions à essence et d'autres véhicules logistiques portant des immatriculations militaires russes ont traversé la frontière près de la ville russe de Donetsk, jeudi peu avant 22H00 locales.

Le convoi d'aide humanitaire est lui-même arrêté avant la frontière.

Pour assurer la sécurité de l'acheminement de l'aide, la Russie a appelé jeudi soir à un cessez-le-feu "urgent" en Ukraine. Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères "appelle instamment les parties du conflit à assurer d'urgence l'instauration du régime d'un cessez-le-feu", afin de permettre la distribution de "l'aide humanitaire aux populations du Sud-Est de l'Ukraine".

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pour sa part fait savoir qu'un de ses représentants était entré en contact avec le chef du convoi russe, chargé, selon Moscou, notamment de plus de 1.800 tonnes d'aliments et de médicaments, et a confirmé sa localisation.

L'Ukraine, comme de nombreux pays occidentaux, soupçonne que le convoi russe parti mardi matin d'une base militaire des environs de Moscou ne serve de couverture à une intervention russe en Ukraine. Un scenario qualifié "d'absurde" par Moscou.

Après avoir initialement annoncé qu'elles empêcheraient le convoi d'entrer sur son territoire, les autorités ukrainiennes ont finalement proposé mercredi que l'aide soit acheminée jusqu'à Lougansk, fief des rebelles, puis distribuée par la Croix-Rouge.

- Démissions en série chez les rebelles -

Le principal chef rebelle, le Russe Igor Strelkov, "ministre de la Défense" des séparatistes, a de son côté démissionné de son poste en raison d'un "changement de fonction", selon le site officiel de la république populaire de Donetsk autoproclamée, qui n'a pas précisé à quel poste il serait affecté.

Igor Strelkov, "ministre de la Défense" des séparatistes, à Donetsk le 28 juillet 2014 [Bulent Kilic / AFP/Archives]
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Igor Strelkov, "ministre de la Défense" des séparatistes, à Donetsk le 28 juillet 2014

Un peu plus tôt jeudi, le chef séparatiste de Lougansk, Valéri Bolotov, avait également déclaré à la télévision russe qu'il quittait ses fonctions "provisoirement" en raison "de blessures" datant de mois de mai.

La semaine dernière, c'était le "Premier ministre" de Donetsk, le Russie Alexandre Borodaï, qui avait donné sa démission.

A Donetsk, bastion des rebelles qui comptait un million d'habitants avant les hostilités, les combats ont gagné jeudi le coeur de la ville, a constaté une journaliste de l'AFP. D'intenses tirs à l'arme lourde ont touché plusieurs bâtiments dont le siège du parquet occupé par les insurgés et une université, provoquant la mort d'au moins quatre personnes.

Le quartier a été quadrillé par des rebelles armés, qui ont rapporté que deux obus étaient tombés sur le siège de la police, également occupé par les insurgés, tandis que de fortes explosions retentissaient à intervalles réguliers.

Dans la région de Donetsk où l'armée ukrainienne mène son offensive resserrant l'étau autour de la ville, 74 civils ont été tués en trois jours, selon l'administration régionale.

A Lougansk, autre bastion prorusse dans l'est du pays, 22 civils ont été tués après que des obus eurent touché un autobus, un magasin et plusieurs immeubles d'habitation.

L'armée ukrainienne avait précédemment indiqué qu'une offensive était en cours dans la partie orientale de Lougansk, et que des échanges de tirs avaient lieu sur son aérodrome. Elle a annoncé la mort de neuf soldats en 24 heures.

Selon un porte-parole militaire, les combats les plus violents se déroulent actuellement à Gorlivka, Krasny Louch dans la région de Lougansk, et Ilovaïsk dans la région de Donetsk.

Le président russe Vladimir Poutine doit recevoir vendredi à Sotchi (sud de la Russie) son homologue finlandais Sauli Niinistö pour discuter de la crise ukrainienne, alors que la Finlande est l'un des pays européens les plus menacés par l'aggravation du conflit entre Moscou et les Occidentaux.

 

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