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Le Pakistan se prépare à des manifestations contre le pouvoir

Des policiers pakistanais se reposent à l'ombre d'un arbre à Islamabad le 13 août 2014, où la situaiton est tendue à la veille de manifestations de l'opposition  [Aamir Qureshi / AFP] Des policiers pakistanais se reposent à l'ombre d'un arbre à Islamabad le 13 août 2014, où la situaiton est tendue à la veille de manifestations de l'opposition [Aamir Qureshi / AFP]

Les forces de sécurité pakistanaises quadrillaient mercredi la capitale Islamabad à la veille d'un vaste rassemblement de l'opposition contre le gouvernement du Premier ministre Nawaz Sharif qui fait craindre de nouvelles violences.

Les autorités disposaient mercredi des conteneurs sur des axes routiers afin d'empêcher les manifestants provenant de Lahore (est) et de la province du Khyber Pakhtunkhwa, un bastion de l'opposant Imran Khan dans le nord-ouest, d'entrer dans la capitale.

"Plus de 20.000 policiers et paramilitaires ont déjà été déployés", a déclaré à l'AFP un haut responsable de la police d'Islamabad, requérant l'anonymat. "La situation est volatile", a confié une source diplomatique occidentale à l'AFP.

La police et les paramilitaires quadrillaient aussi la "zone rouge", siège du parlement et des ambassades dans le centre de la capitale, où le réseau de téléphonie portable était coupé mercredi à la mi-journée.

Les diplomates et les employés de l'ONU faisaient aussi l'objet de mesures de confinement à la veille de ces manifestations symboliquement prévues le jour du 67e anniversaire de l'indépendance du pays.

Les appels à manifester d'Imran Khan, ex-star du cricket reconverti dans la politique, et de Tahir ul-Qadri, chef religieux récemment revenu du Canada, font pour l'instant craindre un siège prolongé de la capitale et des violences, plus qu'une hypothétique chute du gouvernement.

Ils nourrissent une tension déjà élevée après les affrontements de ces derniers jours entre la police et des partisans de M. Qadri qui ont fait au moins un mort à Lahore, la grande ville du Penjab.

Mercredi, plus de 1.000 partisans de MM. Qadri et Khan étaient écroués pour "incitation à la violence", a d'ailleurs indiqué à l'AFP Rana Mashhood, ministre de la Justice du Penjab, alors que les deux leaders ont rejeté le recours à la violence.

- Risque d'un "bain de sang" -

Si Tahir ul-Qadri prône une "révolution" contre la "corruption" des élites politiques, Imran Khan, lui, réclame la tenue d'élections anticipées après celles de mai 2013 entachées selon lui par des fraudes massives.

Tahir ul-Qadri, qui avait pris la tête en janvier 2013 d'un imposant sit-in à Islamabad, était cloîtré mercredi dans son quartier général du secteur de Model Town à Lahore (est) que les forces de sécurité bloquaient à l'aide de conteneurs, afin de l'empêcher de mener jeudi ses partisans à Islamabad.

"C'est l'un des plus importants défis auquel a été confronté Nawaz Sharif. Et il est en partie responsable de la situation en raison de son incapacité à prendre des décisions et à nourrir un dialogue constructif avec l'opposition", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Imtiaz Gul.

"Si la marche devient incontrôlable, il y a un réel danger de violence et d'un bain de sang", a-t-il ajouté.

Dans un discours à la nation mardi soir, M. Sharif a annoncé la constitution d'une commission "indépendante et transparente" formée de trois juges de la Cour suprême afin d'enquêter sur les soupçons de fraudes.

"Mes chers compatriotes, après cette mesure y a-t-il encore des raisons de protester? Je vous laisse répondre à la question", a-t-il déclaré, en vantant les performances économiques de son gouvernement.

Imran Khan, dont le Parti de la Justice (PTI) était arrivé en troisième position lors des dernières législatives, a rejeté la trêve proposée par le pouvoir.

"Vous devriez démissionner. Après cela, une commission pourrait faire son travail car vous ne pouvez pas être juge et partie", a déclaré M. Khan à l'intention du Premier ministre.

Dans des déclarations récentes, M. Khan avait toutefois affirmé avoir confiance en la Cour suprême pour enquêter sur cette première passation de pouvoir entre un gouvernement élu ayant complété son mandat de cinq ans et un autre issu des urnes dans un pays abonné aux coups d'Etat.

Selon de nombreux analystes, MM. Khan et Qadri jouent le jeu de l'armée qui cherche à faire pression sur le gouvernement avec lequel elle a de nombreux différends, notamment sur le procès pour "haute trahison" contre l'ex-président et général Pervez Musharraf.

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