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Gaza : les habitants face au spectre de l'inflation

Distribution de rations de pain dans l'école primaire de Jabalia à Gaza pour les populations déplacées par le conflit avec Israël, le 29 juillet 2014  [Marco Longari / AFP/Archives] Distribution de rations de pain dans l'école primaire de Jabalia à Gaza pour les populations déplacées par le conflit avec Israël, le 29 juillet 2014 [Marco Longari / AFP/Archives]

Les frappes israéliennes n'ont pas seulement réduit en ruines des pans entiers de la bande de Gaza, elles ont aussi mis à mal son économie déjà mal en point, avec en prime le retour de l'inflation.

Tomates bien rouges, oignons mordorés, concombres qui croquent sous la dent: les étals du marché de Shati, dans la ville de Gaza, regorgent encore de fruits et légumes qui ne trouvent pas preneurs.

L'offensive lancée par Israël le 8 juillet avec l'objectif d'anéantir les capacités militaires du mouvement islamiste Hamas - qui a d'ailleurs disposé des lance-roquettes dans certains champs - a affecté la production agricole de la minuscule enclave et poussé les prix à la hausse.

En un mois, à Gaza, le prix du carton de 24 oeufs a doublé pour atteindre 20 shekels (4 euros). Ici, un marché de rue le 15 juillet 2014  [Mohammed Abed / AFP/Archives]
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En un mois, à Gaza, le prix du carton de 24 oeufs a doublé pour atteindre 20 shekels (4 euros). Ici, un marché de rue le 15 juillet 2014

Le prix du carton de 24 oeufs a doublé en un mois pour atteindre 20 shekels (4 euros). "Je ne peux plus me permettre d'acheter un carton en entier, mais la moitié", regrette Khaled Ighrad, 48 ans, un père de six enfants, qui fait les emplettes avec sa femme.

"Les prix ont augmenté car des produits comme la viande et les oeufs viennent des régions frontalières"d'Israël, les plus touchées par l'opération "Bordure protectrice", explique-t-il.

Non seulement les fermiers ont peur d'aller récolter dans ces endroits, mais les chauffeurs redoutent aussi de s'aventurer dans les zones frontalières pour rapporter les produits sur les marchés. L'offre se réduit et les prix flambent.

Avant le conflit à Gaza, un kilo de tomates ou de patates se vendait un shekel (20 centimes d'euros), mais le prix a, depuis, triplé. Ici, un marché de rue à Gaza le 15 juillet 2014 [Mohammed Abed / AFP/Archives]
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Avant le conflit à Gaza, un kilo de tomates ou de patates se vendait un shekel (20 centimes d'euros), mais le prix a, depuis, triplé. Ici, un marché de rue à Gaza le 15 juillet 2014

Un peu plus loin dans le marché trône Abou Ahmed Badawi et son comptoir garni de piments, d'oignons, de tomates et de pommes de terre. Les clients passent sans s'arrêter. Avant le conflit, un kilo de tomates ou de patates se vendait un shekel (20 centimes d'euro) mais le prix a depuis triplé.

"C'est difficile pour les gens d'acheter. Il n'ont pas d'argent, il n'y a pas de boulot et l'économie est à plat", peste-t-il.

Le prix des fruits n'a en revanche pratiquement pas bougé parce qu'ils sont importés d'Israël via le poste-frontière de Karam Shalom. "Voilà la stratégie israélienne, ils nous bombardent, ensuite ils ouvrent la frontière" pour vendre leur produits, s'enflamme le vieux commerçant.

 

- Des milliards de dollars de pertes -

 

Pour Mahir al-Tabaa, président de la chambre de commerce de Gaza, le conflit actuel entre le Hamas et l'Etat hébreu est déjà responsable de pertes "immenses" qui auront de surcroît des effets "à long terme" sur l'économie de l'enclave de 1,8 million d'habitants.

"Les pertes directes liées à la destruction de manufactures et d'édifices avoisinent déjà trois milliards de dollars", explique-t-il à l'AFP, confirmant une hausse des tarifs des denrées alimentaires sur les marchés, mais pas de celui du fioul, fixé par les autorités. Déjà, 350 sites industriels ont été détruits, estime M. Al-Tabaa, ce qui a aussi un impact terrible sur l'emploi.

Avant le début des affrontements début juillet, le taux de chômage dans la bande de Gaza dépassait un stratosphérique 40%. Ce taux pourrait bientôt dépasser les 50%, dit-il.

Pas de quoi rassurer les chômeurs qui doivent débourser un peu plus pour griller des bâtonnets de tabac décontractants importés d'Egypte.

Le prix du paquet de 20 cigarettes de la marque Royals se transigeait huit shekels, un de plus qu'au début du conflit. Mais, fait rare dans les souks de Gaza, les débitants de tabac font des affaires en or. En temps de crise, le tabac sert d'antidépresseurs au rabais.

"Pendant la trêve, les gens fumaient un paquet par jour", note Abou Salim, un marchand de cigarettes en évoquant le récent cessez-le-feu de trois jours entre le Hamas et Israël, "mais depuis la reprise des combats, ils en fument deux".

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