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Nagorny-Karabakh: Poutine en médiateur pour éviter un nouveau conflit

Les cadets de l'académie militaire paradent à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, le 28 mai 2014 [Tofik Babayev / AFP/Archives] Les cadets de l'académie militaire paradent à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, le 28 mai 2014 [Tofik Babayev / AFP/Archives]

Le président russe Vladimir Poutine va accueillir cette semaine à Sotchi ses homologues arménien et azerbaïdjanais, avec l'ambition d'apaiser les craintes d'un nouveau conflit nées de la récente multiplication d'accrochages autour du Nagorny-Karabakh, une région que se disputent Erevan et Bakou depuis des décennies.

Les présidents arménien et azerbaïdjanais, Serge Sarkissian et Ilham Aliev, sont attendus à Sotchi, une station balnéaire russe au bord de la mer Noire, à la "fin de la semaine", selon le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.

Même si chacun d'entre eux doit être accueilli "séparément" par M. Poutine, "lorsqu'ils se retrouveront tous en même temps, dans le même endroit, une discussion sur le Nagorny-Karabakh sera inévitable", a estimé M. Lavrov dans une interview à l'agence de presse officielle Itar-Tass.

Une rencontre entre les présidents arménien et azerbaïdjanais, pressentie pour vendredi ou samedi, serait la première depuis un bref échange en mars en marge d'un sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye.

"Nous allons parler avec nos partenaires d'Azerbaïdjan et d'Arménie de ce qu'on peut faire (...) pour aider (les deux parties, ndlr) à renforcer la confiance et réduire les risques d'une confrontation", a précisé M. Lavrov.

L'Arménie a indiqué cette semaine redouter une "guerre" avec l'Azerbaïdjan, sur fond de multiplication d'accrochages récents autour du Nagorny-Karabakh -- une région séparatiste azerbaïdjanaise à majorité arménienne --, qui ont provoqué la mort d'au moins 18 soldats des deux camps.

Le président russe Vladimir Poutine, le 5 août 2014 à Voronej [Alexeï Droujinine / Ria Novosti/AFP]
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Le président russe Vladimir Poutine, le 5 août 2014 à Voronej

Rattaché à l'Azerbaïdjan à l'époque soviétique, le Nagorny-Karabakh a été l'enjeu d'une guerre qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1988 et 1994.

Un cessez-le-feu a été signé en 1994, mais Bakou et Erevan n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le statut de la région, qui reste une source de tension dans le Caucase du Sud, une zone stratégique située entre l'Iran, la Russie et la Turquie.

- Apaiser les tensions aux frontières russes -

Cette dernière montée de violence dans la zone frontalière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan intervient au moment où la Russie elle-même fait face à des combats à ses portes, à la frontière avec l'Ukraine où un conflit armé oppose des rebelles prorusses à l'armée ukrainienne.

L'Occident accuse la Russie d'alimenter ce conflit en fournissant armes et formation aux rebelles, ce que Moscou dément, mais ce qui lui a valu la semaine dernière des sanctions économiques sans précédent.

Dans ce contexte, "il est très important pour la Russie d'obtenir un accord sur un cessez-le-feu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan" pour apaiser les tensions à ses frontières, estime Timofeï Bordatchev, directeur du Centre des études européennes et internationales à la Haute école de l'Economie à Moscou.

"La Russie pourra ainsi confirmer son rôle du principal garant de la sécurité sur l'espace post-soviétique et apaiser les craintes que la périphérie autour du pays puisse partir en flammes", souligne-t-il.

"Une déclaration politique énumérant les principes de règlement du conflit (autour du Nagorny-Karabakh, ndlr) pourrait sans doute contribuer à la normalisation de la situation", estime M. Lavrov. Mais "ce n'est pas facile de le faire", souligne-t-il.

"Plusieurs tentatives ont été faites, mais chaque fois qu'un accord semblait proche, quelque chose venait l'entraver", rappelle le ministre russe des Affaires étrangères.

Ainsi, le président français François Hollande a tenté de s'imposer comme médiateur dans le conflit, en proposant d'organiser une rencontre entre les présidents Aliev et Sarkissian, lors d'une visite en Arménie et en Azerbaïdjan en mai.

"Malheureusement, la proposition de Hollande était très générale et n'a pas fait avancer le processus de règlement", a déclaré à l'AFP le député azerbaïdjanais Rasim Musabekov.

Plusieurs analystes arméniens restent sceptiques sur d'éventuels progrès. "La principale tâche de la rencontre sera de faire revenir les parties belligérantes au régime du cessez-le-feu de 1994. Il ne faut en attendre rien d'autre", affirme l'analyste arménien Hrant Melik-Chakhnazarian.

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