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Kerry à Kaboul pour un nouveau coup de pouce à la présidentielle afghane

Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry à Kaboul le 7 août 2014  [Massoud Hossaini / Pool/AFP] Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry à Kaboul le 7 août 2014 [Massoud Hossaini / Pool/AFP]

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry était vendredi en pleines tractations à Kaboul, pour la deuxième fois en un mois, afin d'accélérer la désignation d'un nouveau président en Afghanistan avant le sommet de l'Otan début septembre.

Washington veut que Kaboul, dont il est le principal soutien militaire et financier, ait un chef d'Etat investi et un gouvernement d'union nationale d'ici le sommet de l'Otan des 4 et 5 septembre au Pays de Galles.

Les Américains s'inquiètent des risques d'instabilité politique dans ce pays sous la menace de l'insurrection des talibans, à quelques mois du retrait des forces de l'Otan prévu en fin d'année.

Arrivé jeudi soir dans la capitale afghane, M. Kerry a rencontré vendredi matin le président sortant Hamid Karzaï, dans une atmosphère visiblement tendue. Puis il s'est entretenu avec les deux candidats Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, qu'il avait déjà croisés la veille.

Aucune déclaration n'a été faite dans l'immédiat, mais une conférence de presse du chef de la diplomatie américaine était prévue en début d'après-midi à Kaboul, avant qu'il ne parte pour la Birmanie.

Cette nouvelle visite trahit l'inquiétude américaine face au blocage politique, sur fond d'accusations de fraude, entre les deux prétendants qui se sont affrontés au deuxième tour de la présidentielle le 14 juin.

"Nous allons souligner que le sommet de l'Otan représente une occasion importante pour qu'une nouvelle administration afghane se présente devant la communauté internationale", a insisté jeudi un responsable américain.

Dépêché une première fois en urgence à Kaboul en juillet, en raison de fortes tensions entre les deux camps, John Kerry avait obtenu un accord de MM. Ghani et Abdullah pour un audit intégral des quelque 8,1 millions de bulletins de vote du deuxième tour de la présidentielle, afin d'écarter la fraude.

Il espère cette fois que les deux concurrents afghans "s'engageront sur un calendrier pour achever l'audit et (obtenir) un accord sur les détails d'un gouvernement d'unité nationale", selon le diplomate américain.

 

- Sauver la transition démocratique-

 

Cet audit inédit, visant à sauver la première transition démocratique de l'histoire de l'Afghanistan en écartant les bulletins de vote douteux, a débuté le 17 juillet avec l'acheminement des milliers d'urnes venus des quatre coins du pays.

Mais depuis cette date, il a connu plusieurs interruptions en raison notamment de désaccords entre les équipes des deux candidats liés à des problèmes de procédure.

Les principaux détails de procédure ont été réglés après de longues négociations sous le patronage de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama).

Et après une pause lors de la fête de l'Aïd El-Fitr, les autorités électorales ont finalement repris dimanche cet examen massif des bulletins de vote, sous les yeux de centaines d'observateurs nationaux et internationaux, ainsi que des représentants des deux candidats.

Jeudi, entre 4.000 et 5.000 urnes sur un total de 23.000 avaient été contrôlées, l'opération semblant gagner en efficacité ces derniers jours.

Toutefois, le processus visant à invalider les votes jugés frauduleux à proprement parler ne commencera que la semaine prochaine.

A quelques mois du retrait des troupes de l'Otan prévu en fin d'année, les bailleurs de fonds étrangers qui portent à bout de bras le fragile gouvernement afghan attendent l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle équipe légitime pour réduire les risques d'instabilité.

M. Kerry était arrivé à Kaboul le mois dernier au plus fort de la crise politique entre les deux candidats. Abdullah Abdullah s'était déclaré vainqueur, alors que selon les résultats préliminaires son adversaire Ashraf Ghani bénéficiait d'une large avance d'environ un million de voix.

Certains partisans de M. Abdullah avaient appelé à former un gouvernement parallèle, voire à marcher sur le palais présidentiel.

Alors que les tensions s'amplifiaient entre les Tadjiks fidèles à M. Abdullah et les Pachtounes qui constituent la base du soutien de M. Ghani, l'ONU s'était alarmée d'un possible retour aux divisions ethniques qui ont marqué les années 1990 en Afghanistan, avant la prise du pouvoir par les talibans en 1996.

De nombreux observateurs craignaient que l'insurrection toujours active menée par les talibans ne profite du flottement créé par cette crise politique pour gagner du terrain. En effet, en cet été 2014, la "saison des combats" a montré une forte activité des insurgés.

 

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