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Cinq clés pour expliquer les avancées des jihadistes en Irak

Image tirée d'une video de propagande diffusée le 5 juillet 2014 par al-Furqan Media, montrant le dirigeant du groupe Etat islamiste, Abou Bakr al-Baghdadi dans une mosquée de Mossoul, après la proclamation d'un "califat" entre la Syrie et l'Irak   [- / Al-Furqan Media/AFP] Image tirée d'une video de propagande diffusée le 5 juillet 2014 par al-Furqan Media, montrant le dirigeant du groupe Etat islamiste, Abou Bakr al-Baghdadi dans une mosquée de Mossoul, après la proclamation d'un "califat" entre la Syrie et l'Irak [- / Al-Furqan Media/AFP]

Les jihadistes de l'Etat islamique (EI) ne sont pas aussi nombreux que le laissent penser l'ampleur et la rapidité de leurs conquêtes dans le nord de l'Irak, estiment des experts, qui identifient cinq facteurs pouvant expliquer leur avancée fulgurante.

En deux mois d'offensive, les jihadistes se sont emparés de vastes pans du territoire irakien. Et, au cours de la semaine passée, ils ont pris aux Kurdes plusieurs villes dans la région de Mossoul (nord).

Or, selon des experts, ces jihadistes, que personne ne semble pour l'instant pouvoir réellement arrêter, ne seraient que quelques milliers. Ce n'est donc pas le nombre qui fait leur force, mais d'autres raisons:

 

1 - Des armes récemment acquises

 

L'EI dispose de chars, humvees, missiles et autres armements lourds pris à ses ennemis lors de son offensive.

Ce matériel, souvent de fabrication américaine, et notamment abandonné par l'armée irakienne lors de son retrait face aux insurgés aux premiers jours de leur offensive, a transformé les capacités militaires de l'EI.

"Ils ont engrangé des quantités significatives d'équipements dont ils avaient le plus besoin", selon Anthony Cordesman, du Centre pour les études stratégiques et internationales de Washington.

 

2 - L'expérience syrienne

 

Si le groupe est né en Irak -- en 2004 sous un autre nom -- c'est son implication dans le conflit syrien qui lui a permis de devenir ce qu'il est aujourd'hui.

Les combats en Syrie "ont offert à l'EI un entraînement et des opportunités d'apprentissage hors-pair", souligne le groupe américain Soufan, spécialisé dans le renseignement.

Le groupe, présent depuis 2013 en Syrie, où il combat le régime mais aussi les rebelles, s'est taillé une réputation de groupe sanguinaire, avec des combattants qui ne craignent pas de mourir au combat.

 

3 - Des batailles bien choisies

 

Pour ses combats, l'EI privilégie les zones sunnites où il peut trouver des soutiens, des infrastructures stratégiques ou des endroits faiblement défendus, évitant ainsi des pertes superflues pour maintenir son élan et son unité interne.

"Ils ont parcouru une distance considérable au cours des derniers jours, mais c'était des zones très peu peuplées et ils ont rencontré très peu de résistance", estime John Drake, du groupe AKE.

"L'EI est très doué pour faire fuir ses opposants quand ceux-ci sont déjà affaiblis", souligne Michael Knights, expert au Washington Institue.

 

4 - Une propagande efficace

 

Partout, l'EI est précédé de sa réputation d'extrême brutalité. Et cela lui a permis de s'emparer de villes entières sans rencontrer de résistance.

Maîtrisant internet et les réseaux sociaux, le groupe diffuse notamment des photos d'ennemis décapités.

Les jihadistes diffusent une image "de cruauté presque surhumaine", selon Patrick Skinner, du groupe Soufan. A Sinjar (nord), les civils paniqués ont ainsi abandonné la ville dimanche quand l'EI a annoncé son entrée imminente.

"L'intimidation est une tactique importante pour l'EI", selon M. Drake. "Qu'ils utilisent ou non toutes les armes dont ils s'emparent, ils les photographient à des fins de propagande".

 

5 - Des opposants faibles

 

Ce qui fait la force de l'EI est avant tout la faiblesse de ses opposants.

"Les peshmergas (forces kurdes irakiennes) sont assez bons (...) (par rapport aux autres forces irakiennes), mais ils sont vraiment légers en termes d'infanterie. Ceux qui ont l'expérience d'avoir combattu Saddam Hussein ne sont plus là", explique M. Cordesman.

Ils pâtissent également des problèmes de trésorerie du Kurdistan.

Quant à l'armée irakienne, qui a tenté de se ressaisir après la débandade des premiers jours de l'offensive, elle ne rencontre pas de réels succès.

"L'EI a révélé des lacunes navrantes chez ses opposants, et pour commencer le spectacle réellement lamentable de l'armée irakienne", relève Soufan.

 

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