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Le meurtre d'un général américain renforce la méfiance entre Occidentaux et Afghans

Vue générale de l'académie militaire américaine proche de Kaboul où un militaire américain a été tué et 15 autres blessés par un officier afghan qui a ouvert le feu [Wakil Kohsar / AFP] Vue générale de l'académie militaire américaine proche de Kaboul où un militaire américain a été tué et 15 autres blessés par un officier afghan qui a ouvert le feu [Wakil Kohsar / AFP]

Le meurtre mardi d'un général américain par un soldat afghan va renforcer la méfiance qui régnait déjà entre les deux armées, mais sans remettre en cause la formation des militaires afghans qui reste une priorité pour Washington et l'Otan, sur le point de retirer ses troupes.

Le général de division Harold J. Greene, le plus haut gradé américain tombé sur un théâtre d'opération depuis la guerre du Vietnam, est mort sous les balles d'un soldat afghan qui a ouvert le feu lors d'une rencontre entre des troupes afghanes et leur alliés de l'Otan.

L'assaillant, dont les motivations exactes restaient inconnues mercredi, a également blessé une quinzaine d'autres militaires.

Cette attaque menace de compliquer davantage la tâche des soldats de l'Otan pendant leurs derniers mois de présence sur le sol afghan, jusqu'à leur retrait prévu en fin d'année.

Elle pourrait aussi compromettre les efforts de formation de l'armée afghane, qui devra l'an prochain affronter seule, ou avec une aide américaine limitée, l'insurrection des talibans.

Sur les 44.000 soldats de la force de Otan (Isaf) actuellement déployés en Afghanistan, Washington envisage le maintien d'environ 10.000 Américains si un accord de sécurité est signé avec Kaboul, avant un retrait complet d'ici la fin de 2016.

Le général américain Harold J. Greene tué dans une attaque en Afghanistan le 5 août 2014 [ / US ARMY/AFP]
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Le général américain Harold J. Greene tué dans une attaque en Afghanistan le 5 août 2014

L'établissement durable d'une armée afghane forte est jugé crucial par Washington et l'Otan qui ne souhaitent pas voir les progrès effectués depuis la chute des talibans en 2001 réduits à néant, après y avoir dépensé des centaines de milliards de dollars d'aide civile et militaire.

"Lorsque les Etats-Unis perdent un général comme cela, ils doivent revoir leur relations avec leurs partenaires afghans", explique à l'AFP le général afghan à la retraite Hadi Khalid. "Mais ils doivent aussi rester engagés" car "ils ne peuvent pas tout laisser en plan", dit-il.

Cette attaque "incitera les forces étrangères à être ultra-prudentes". "Elles limiteront les contacts avec les militaires afghans et vont se concentrer sur l'entraînement des instructeurs, au lieu d'entraîner directement les soldats du rang eux-mêmes", estime M. Khalid.

- Investissements massifs -

"De son côté, l'armée afghane doit se bouger. Ils doivent prouver qu'ils peuvent relever le défi", ajoute M. Khalid estimant que les Afghans devaient notamment travailler davantage sur le renseignement militaire pour éviter de telles attaques.

Les Etats-Unis seuls ont dépensé environ 62 milliards de dollars pour les forces de sécurité afghanes depuis 2002, bâtissant une armée de 350.000 hommes en partant de zéro.

Mais malgré ces investissements massifs, l'armée afghane connaît de lourdes pertes avec des attaques internes d'insurgés infiltrés ou bien des désertions en masse. Et selon un rapport d'experts américains publié la semaine dernière, "la plupart des unités ont des problèmes de pénuries d'armes, de carburant et d'eau".

Le soldat afghan qui a tué le général Greene, lors d'une visite d'officiers de haut rang dans un complexe dédié à la formation, a lui-même été tué.

Le général Greene "était un expert en équipements militaires" qui "faisait partie de ceux qui pouvaient aider les Afghans à se débrouiller seuls", explique à l'AFP Graeme Smith, un analyste du cercle de réflexion International Crisis Group.

"L'impact de l'attaque pourrait être que les troupes étrangères se sentiront de plus en plus exposées si elles passent du temps avec leurs collègues afghans", ajoute-t-il, tout en notant que "les bases communes sont souvent déjà séparées, avec des barrières entre les deux armées".

Elles ont toutefois rapidement baissé l'an dernier, à mesure que l'Otan fermait ses bases et que l'armée afghane devenait plus regardante sur le passé des nouvelles recrues.

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