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Irak: Les appels à l'aide se multiplient pour les Yazidis

Des familles irakiennes de la communauté yazidie déplacées dans la ville de Sinjar au nord de l'Irak, reçoivent des distributions de nourriture dans la ville kurde de Dohuk, le 5 août 2014 [Safin Hamed / AFP] Des familles irakiennes de la communauté yazidie déplacées dans la ville de Sinjar au nord de l'Irak, reçoivent des distributions de nourriture dans la ville kurde de Dohuk, le 5 août 2014 [Safin Hamed / AFP]

Des hélicoptères militaires ont largué des vivres mardi à l'attention des milliers de déplacés yazidis dans les montagnes désertiques du nord-ouest de l'Irak, où ils risquent autant la faim et la soif que les massacres des jihadistes de l'Etat islamique (EI).

Une députée yazidie a éclaté en sanglot pendant une session du Parlement en implorant le gouvernement et la communauté internationale de sauver sa communauté en danger, depuis que l'EI s'est emparée dimanche de la région de Sinjar.

"Au cours des dernières 48 heures, 30.000 familles ont été assiégées dans les montagnes de Sinjar, sans eau ni nourriture", a expliqué Vian Dakhil. Selon elle, 70 enfants sont déjà morts de soif, ainsi qu'une trentaine de personnes âgées.

Auparavant, l'Unicef avait fait état d'"informations officielles" selon lesquelles 40 enfants yazidis étaient morts dans la région de Sinjar, "des suites directes de la violence, des déplacements et de déshydratation ces deux derniers jours".

Selon Mme Dakhil, les jihadistes de l'EI ont tué 500 hommes yazidis depuis la prise de Sinjar et leurs épouses ont été emmenées en esclavage comme "butin de guerre".

"Nous sommes massacrés, notre religion est en train d'être rayée de la surface de la terre. Je vous en supplie, au nom de l'humanité", a lancé la députée.

Une famille de réfugiés yazidis originaire de la ville irakienne de Sinjar, à Dohuk dans la région autonome du Kurdistan, le 5 aout 2014 [Safin Hamed / AFP]
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Une famille de réfugiés yazidis originaire de la ville irakienne de Sinjar, à Dohuk dans la région autonome du Kurdistan, le 5 aout 2014

Située à 50 km de la frontière syrienne, Sinjar était le bastion de la minorité yazidie, une communauté kurdophone très fermée et depuis longtemps vulnérable, adepte d'une croyance issue en partie du zoroastrisme et considérée par les jihadistes comme "adoratrice du diable".

Sinjar accueillait aussi des milliers de déplacés, en particulier turcomans, ayant fui l'offensive lancée en juin par les insurgés sunnites qui contrôlent désormais de vastes pans de territoires dans le nord et l'ouest du pays.

La ville, tenue par les forces kurdes, a été prise dimanche par l'EI, ce qui a poussé des milliers de personnes - jusqu'à 200.000 selon l'ONU - à fuir dans la panique.

"Les familles qui ont fui la zone ont besoin d'une aide d'urgence dans l'immédiat, notamment les 25.000 enfants désormais coincés dans les montagnes (...), en particulier en eau et services sanitaires", a insisté l'Unicef.

- Des centaines de disparus -

Le ministère irakien des droits de la Femme a également appelé à une intervention coordonnée entre le gouvernement fédéral, les autorités kurdes et la communauté internationale "pour mettre fin de toute urgence au massacre perpétré par l'EI contre des civils sans défense".

Un homme de la communauté irakienne yazidie, réfugié à Dohuk dans le Kurdistan, le 5 aout 2014  [Safin Hamed / AFP]
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Un homme de la communauté irakienne yazidie, réfugié à Dohuk dans le Kurdistan, le 5 aout 2014

Le Croissant rouge irakien a lui aussi insisté sur la nécessité d'une action d'envergure en urgence pour éviter une tragédie encore plus importante.

Selon un responsable kurde de la défense des droits de l'Homme, des hélicoptères militaires ont largué des vivres et de l'eau à destination des civils retranchés dans les montagnes.

Pour Amnesty International, la situation requiert un effort plus large.

"Des centaines de civils de Sinjar et de ses environs sont portés disparus, on redoute qu'ils aient été tués ou enlevés, tandis que des dizaines de milliers sont piégés dans les montagnes au sud de la ville sans matériel de base ni vivres", a martelé l'organisation.

Des photos publiées sur internet par des membres de la communauté yazidie montrent de petits groupes de personnes rassemblés sur les flancs dotés de grottes d'un canyon escarpé.

D'autres publiées par des jihadistes montrent l'un d'eux brandissant la tête tranchée d'un homme présenté comme un Yazidi de Sinjar.

"Ces gens se battent pour leur vie dans les montagnes", a expliqué Khodhr Domli, un militant des droits de Yazidis. "Ils sont en danger mortel, l'ensemble de la communauté est en danger mortel".

En tant qu'Irakiens non-arabes et non-musulmans, les Yazidis d'Irak, dont le nombre est estimé entre 100.000 et 600.000, sont depuis longtemps l'une des minorités les plus vulnérables du pays. Des milliers de familles ont fui le pays en raison de persécutions sous Saddam Hussein, en particulier en Allemagne.

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