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Chine : enquête sur deux chrétiens canadiens

Le café, aujourd'hui fermé, tenu par les deux Canadiens Kevin Garratt et Julia Dawn, à Dandong, en Chine, près de la frontière avec la Corée du Nord [ / AFP] Le café, aujourd'hui fermé, tenu par les deux Canadiens Kevin Garratt et Julia Dawn, à Dandong, en Chine, près de la frontière avec la Corée du Nord [ / AFP]

Les autorités chinoises enquêtent sur deux Canadiens, un couple de militants chrétiens, soupçonnés d'espionnage, ont indiqué mardi un média d'Etat et un membre de leur famille --moins d'une semaine après qu'Ottawa a accusé Pékin de piratage informatique.

Kevin Garratt et Julia Dawn Garratt "font l'objet d'une enquête, pour le vol présumé de secrets d'Etat concernant des programmes de recherche de l'armée et de la Défense nationale chinoise", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Le couple tient actuellement un café à Dandong, localité de la province du Liaoning (nord-est) à la frontière avec la Corée du nord, a précisé leur fils Simeon, dans un entretien téléphonique à l'AFP.

L'établissement, baptisé "Peter's Coffee House", domine le fleuve Yalou séparant les deux pays, ainsi que le Pont de l'Amitié établi sur le cours d'eau.

Selon des photographies, le "T" de son enseigne représente un crucifix sur un fond coloré évoquant des vitraux d'église.

Le site internet du café précise que celui-ci, "à quelques mètres de la Corée du nord", constitue "une étape parfaite sur la route du Royaume ermite".

 

-Zone militairement stratégique-

 

La définition des "secrets d'Etat" est extrêmement large en Chine, et les médias officiels n'ont offert aucun détail sur les faits dont sont soupçonnés les deux Canadiens.

La région de Dandong est considérée comme une zone militairement sensible; le pont qui s'y trouve est une voie de communication cruciale pour le régime de Pyongyang, dont Pékin reste le principal allié et soutien économique

C'est également une ville suscitant un vif intérêt auprès de diverses organisations chrétiennes --notamment sud-coréennes--, dont certains secourent des réfugiés nord-coréens ayant illégalement passé la frontière.

Simeon Garratt, qui décrit ses parents comme "ouvertement chrétiens", assure que ces derniers envoyaient des provisions, tels que de l'huile et des produits de cuisine, à des populations "paupérisées" et "négligées" en Corée du nord.

L'enquête pour espionnage est "absurde", a estimé le jeune homme de 27 ans, qui vit à Vancouver (Canada). "On a l'impression que c'est fabriqué de toutes pièces. Je ne vois par pourquoi, cela n'a simplement aucun sens".

Le couple Garratt vivait en Chine depuis 1984, où ils ont entre autres enseigné l'anglais et ouvert un "jardin d'enfants" destiné à aider des orphelins, selon leur fils.

Ils résidaient à Dandong depuis environ six ans.

"De toute évidence, il avaient une énorme passion pour la Chine", a insisté Simeon Garratt.

 

-'Dieu m'a dit d'aller à Dandong'-

L'AFP a eu accès au fichier audio d'une allocution prononcée par Kevin Garratt devant une congrégation, et mis en ligne par l'église "Terra Nova" de Colombie britannique (ouest du Canada).

"Nous sommes basés en Chine, nous concentrons notre attention sur la Corée du nord, mais c'est Jésus qui occupe la place principale (dans nos vies)", y déclare Kevin Garratt.

"Lors d'une séance de prière, Dieu m'a dit: rends-toi à Dandong et je te rencontrerai là-bas. Il m'a dit d'y ouvrir un café", a expliqué M. Garratt, lors ce sermon en novembre dernier.

"Nous servons les meilleurs cafés de la frontière, mais nous faisons d'autres choses aussi. Nous essayons de rapprocher la Corée du nord de Dieu", a-t-il souligné.

Des Nord-coréens résident régulièrement dans "une maison" en-dehors de Dandong, et "99% des personnes que nous y rencontrons repartent pour la Corée du nord, parce qu'il leur faut répandre l'Evangile là-bas, parce que Dieu les enjoint à le faire", a poursuivi Kevin Garratt, dans le même enregistrement.

"Nous sommes au courant des informations de presse selon lesquelles deux Canadiens font l'objet d'une enquête (...) et suivons de près les développements" de la situation, a réagi une porte-parole de l'ambassade du Canada à Pékin.

Simeon Garratt a quant à lui indiqué qu'il essayait désormais, aux côté de ses deux soeurs et de son frère, de "reprendre les choses en main".

L'annonce de cette enquête intervient moins d'une semaine après qu'Ottawa a accusé Pékin d'avoir orchestré le piratage informatique d'un organisme public canadien spécialisé dans la recherche et les technologies.

La Chine a rejeté "ces accusations sans fondement", affirmant dans un communiqué de son ambassade au Canada qu'elle a "toujours fermement combattu les cyberattaques".

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