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Gaza : tueries sur un marché et une école, l'ONU demande des comptes

Evacuation d'un blessé après des tirs israéliens le 30 août 2014 sur le marché de Chajaya dans la Bande de Gaza [Mahmud Hams / AFP] Evacuation d'un blessé après des tirs israéliens le 30 août 2014 sur le marché de Chajaya dans la Bande de Gaza [Mahmud Hams / AFP]

Plus d'une centaine de Palestiniens ont été tués mercredi dans la bande de Gaza ravagée par les frappes israéliennes, dans une journée de cauchemar marquée par des tueries sur un marché et un centre de réfugiés de l'ONU.

 

Les États-Unis et l'ONU ont condamné le pilonnage avant l'aube de l'école de l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) à Jabaliya, où 3.000 Gazaouis chassés par les combats espéraient être à l'abri des bombes. Au moins 16 Palestiniens y ont péri.

Mais quelques heures après avoir dénoncé cette attaque, les États-Unis ont confirmé avoir réapprovisionné Israël en munitions.

Rien ne semble pouvoir arrêter ce conflit entre Israël et le Hamas au pouvoir à Gaza. Tôt jeudi, deux autres personnes sont décédées des suites de leurs blessures portant le total des morts palestiniens à 1.363 morts selon les secours locaux, depuis le début le 8 juillet de l'offensive israélienne destinée à mettre fin aux tirs de roquettes et à détruire les tunnels utilisés par le groupe palestinien.

Tirs de chars israéliens positionnés le 30 juillet 20104 le long de la frontière avec la Bande de Gaza [JACK GUEZ / AFP]
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Tirs de chars israéliens positionnés le 30 juillet 20104 le long de la frontière avec la Bande de Gaza

Malgré la dévastation et le lourd bilan humain, les tirs de roquettes à partir de Gaza n'ont pas cessé et près de 130 tirs ont été recensés par l'armée. Trois soldats israéliens ont péri à Gaza dans un tunnel piégé, portant à 56 le nombre de militaires tués, le bilan le plus lourd pour l'armée depuis la guerre du Liban en 2006.

"C'est injustifiable, les responsabilités doivent être déterminées et justice doit être rendue", s'est indigné le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, en parlant du bombardement de l'école, alors que l'UNRWA a ouvertement accusé Israël.

"Il n'y avait que des enfants, que des jeunes ici. Pourquoi font-ils ça? Où peut aller la population?" s'est insurgé Hicham al-Masri, l'un des réfugiés.

 

- Scènes insoutenables -

 

"Des enfants ont été tués alors qu'ils dormaient à côté de leurs parents sur le sol d'une salle de classe", a protesté le patron de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl, en relevant que l'armée avait reçu toutes les informations sur l'école.

En revanche, les États-Unis n'ont pas incriminé explicitement Israël dans ce bombardement. Mises à l'épreuve depuis des mois, les relations entre les alliés israélien et américain se sont encore tendues, la position du secrétaire d’État John Kerry étant jugée trop favorable au Hamas aux yeux d'Israël.

Les critiques israéliennes contre M. Kerry, dont la tournée dans la région pour arracher une trêve s'est soldée par un échec, sont "blessantes et absurdes", a déploré une de ses porte-parole.

La France a aussi condamné le bombardement de l'école et Amnesty International a évoqué un "crime de guerre potentiel". Dans une lettre à Ban Ki-Moon, le président palestinien Mahmoud Abbas a également parlé de "crimes de guerre (...) dont Israël doit être tenu comptable" et lui a demandé de "prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection du peuple palestinien".

Evacuation d'un blessé après des tirs israéliens le 30 août 2014 sur le marché de Chajaya dans la Bande de Gaza [Mohammed Abed / AFP]
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Evacuation d'un blessé après des tirs israéliens le 30 août 2014 sur le marché de Chajaya dans la Bande de Gaza

Le drame de l'école de Jabaliya n'a pas été le seul de la journée pour les civils qui ne sont nulle part à l'abri dans un territoire minuscule, enclavé, et soumis à un double blocus israélien et égyptien.

Au soir d'une des journées les plus sanglantes du conflit, sur un marché de Chajaya, à quelques kilomètres de Jabaliya, au moins dix-sept Palestiniens ont été fauchés. De nouvelles scènes insoutenables. Des passants évacuant en catastrophe, sur des couvertures tendues ou des brancards, des corps inanimés, vers les ambulances ou des véhicules particuliers. Des victimes ensanglantées, parfois mutilées. Des flaques de sang.

Et sept membres d'une même famille ont été tués par des tirs de tanks dans le secteur de Khan Younès (sud). Bilan de la journée, au moins 111 morts selon les services d'urgence palestiniens Achraf al-Qodra.

Parmi les morts palestiniens, les trois-quarts sont des civils, a estimé l'ONU, et plus de 245 des enfants, a précisé l'Unicef.

Israël rend le Hamas responsable de la mort des civils, l'accusant de s'en servir comme "boucliers humains".

 

- Délégation israélienne au Caire -

 

Après 23 jours d'un conflit qui ravage l'étroite enclave palestinienne, la guerre ne donne aucun signe de répit pour les habitants de Gaza, déchirés entre douleur et colère.

"Nous voulons la guerre! Nous voulons que Qassam (la branche militaire du Hamas) riposte au coeur de Tel-Aviv!" crie un homme sur le marché de Chajaya.

Si le chaos est total à Gaza, la solution diplomatique est suspendue aux desiderata des deux camps. Une délégation israélienne est arrivée mercredi au Caire, intermédiaire habituel dans les négociations entre Palestiniens et Israéliens.

L'envoi d'une délégation conjointe des principaux mouvements palestiniens, pour le moment retardé, a également été annoncé par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Mais même en cas d'un hypothétique cessez-le-feu, les divergences de fond resteraient entières.

Le Hamas exige un retrait des troupes israéliennes de Gaza dont elles s'étaient retirées en 2005. Il réclame également une levée du blocus israélien qui asphyxie son économie depuis 2006.

 
 

Cité par la radio publique, le général israélien en charge du secteur de Gaza a expliqué qu'en ce qui concerne les tunnels, c'était "une question de jours".

 

 

 

 

 

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