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Italie: Matteo Renzi peine à mettre en oeuvre ses réformes

Matteo Renzi le 25 juillet 2014 à Rome [Tiziana Fabi / AFP] Matteo Renzi le 25 juillet 2014 à Rome [Tiziana Fabi / AFP]

L'énergique chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a mis sa carrière en jeu, tant en Italie qu'en Europe, sur sa capacité à lancer des réformes, mais il a quelque peu sous-estimé les résistances d'une partie de la classe politique.

Le président du Conseil italien, 39 ans, est arrivé au pouvoir en février avec la promesse de relancer une croissance économique atone, dans un pays surendetté, et d'en finir avec le blocage institutionnel récurrent et une administration régulièrement accusée d’inefficacité.

Décidé à ce que le monde politique montre l'exemple, il s'est d'abord lancé dans une ambitieuse réforme des institutions qui passe essentiellement par une réforme du Sénat et de la loi électorale. Mais le dossier s'est avéré explosif, rencontrant de fortes résistances y compris dans les rangs du Parti démocrate (PD) de M. Renzi.

"Nous allons de l'avant avec les réformes, que ça leur plaise ou non", a rétorqué ce dernier, après la pluie d'amendements, pas moins de 8.000, déposés pour contrer les plans du gouvernement.

Cette "obstructionnisme" inquiète les milieux d'affaires italiens, qui redoutent un renvoi des réformes aux calendes grecques.

"Le blocage sur les réformes institutionnelles pourrait faire dérailler tout le programme de réformes du gouvernement", s'inquiète ainsi le quotidien économique Il Sole 24 Ore, proche du patronat italien. "Une perte de crédibilité sur le front des réformes n'est pas une bonne carte dans la main de l'Italie, au moment où elle débute sa présidence de l'Union européenne", ajoute le journal.

L'Italie, qui a bataillé à Bruxelles pour obtenir davantage de "flexibilité dans l'application des règles de rigueur budgétaire, doit impérativement prouver qu'elle est aussi capable de se réformer.

Le chef du gouvernement italien est pourtant parvenu à obtenir l'accord de l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, aujourd'hui dans l’opposition, et dont les voix sont indispensables pour réformer la Constitution.

- Coup d'Etat contre coup de soleil -

Mais les sénateurs, dont le nombre passera de 315 à 100, et dont le pouvoir sera considérablement réduit au profit de la seule Chambre des députés, renâclent.

Le sénat italien jouit aujourd'hui des mêmes pouvoirs que la Chambre, dans un "bicaméralisme" parfait, source de blocages institutionnels et de majorités fragiles.

La réforme est populaire et les critiques se sont alors centrées sur la personne de Matteo Renzi, accusé de faire preuve d'autoritarisme à son seul profit et au mépris de la démocratie.

C'est un "coup d'Etat", a lancé vendredi sur Twitter Beppe Grillo, l'ancien comique italien devenu chef d'un des principaux partis au Parlement après les élections de 2013.

"Cher Beppe, si le notre est un coup d'Etat, le tien est un coup de soleil", lui a rétorqué Matteo Renzi, sur le même réseau social.

Objet de la colère de Beppe Grillo: la décision du président du Sénat, Pietro Grasso, d'interrompre les débats pour renvoyer le vote au 8 août.

Matteo Renzi, fort des 40,8% obtenus par son parti aux élections européennes en mai dernier, a annoncé un referendum sur cette réforme.

Le chef du gouvernement italien est un homme pressé. Surnommé "il Rottamatore", le casseur, parce qu'il dit vouloir en finir avec la vieille Italie conservatrice, il n'a pourtant en cinq mois de pouvoir que peu de réformes à son actif.

Surtout, ses détracteurs l'accusent de brandir la réforme du Sénat pour masquer son impuissance sur le terrain économique, où tous les indicateurs sont au rouge, et de se montrer timoré sur le terrain des réformes structurelles. La croissance ne repart pas, le chômage reste élevé (12,6% en mai), la consommation atone et la production industrielle est en berne.

Le gouvernement italien a tout de même décidé de renvoyer à plus tard la réforme du marché du travail, pourtant considéré comme essentielle par les partenaires italiens de l'Italie.

"Qu'allez-vous donner à manger aux Italiens ? la réforme du Sénat", a ainsi lancé Loredana De Petris, sénatrice du parti Gauche, Ecologie et Liberté.

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