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Irak: le Parlement élit le Kurde Massoum comme président

Le président par intérim du parlement irakien, Fouad Massoum, à Bagdad le 1er septembre 2004 [Karim Sahib / AFP/Archives] Le président par intérim du parlement irakien, Fouad Massoum, à Bagdad le 1er septembre 2004 [Karim Sahib / AFP/Archives]

Le Parlement irakien a élu jeudi le Kurde Fouad Massoum président de la République, alors qu'une attaque contre un convoi escortant des prisonniers a fait au moins 60 morts au nord de Bagdad, dans un pays au bord du chaos.

La première tâche de M. Massoum sera de choisir un Premier ministre qui devra tenter de sortir le pays de sa plus grave crise depuis des années alors que des insurgés sunnites menés par les jihadistes de l'Etat islamique (EI) contrôlent depuis juin des pans entiers du territoire.

Le président du Parlement, Salim al-Joubouri, a annoncé que M. Massoum avait remporté 211 voix contre 17 pour son rival au second tour, Hussein al-Moussawi.

Selon une règle non écrite, le poste de président de la République, principalement protocolaire, est occupé par un Kurde, tandis que le président du Parlement est un sunnite et le Premier ministre un chiite.

M. Massoum, un septuagénaire vétéran de la politique irakienne succède à Jalal Talabani, 80 ans, rentré en Irak la semaine dernière après 18 mois d'hospitalisation en Allemagne.

Il choisira un Premier ministre au sein du bloc de l'actuel chef du gouvernement Nouri Maliki, arrivé largement en tête lors des législatives d'avril mais sans majorité claire.

M. Maliki, au pouvoir depuis 2006, vise un troisième mandat mais il est vivement critiqué par la communauté sunnite, qui s'estime discriminée, ainsi que par les Kurdes.

Ses détracteurs lui reprochent d'avoir monopolisé le pouvoir, et son administration est accusée de corruption.

Dans ce contexte, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est rendu jeudi à Bagdad pour appeler à un gouvernement d'union.

"L'Irak est face à une menace existentielle mais elle peut être surmontée avec la formation d'un véritable gouvernement d'union", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Maliki.

"Il faut que cela soit un gouvernement dans lequel tous les Irakiens se sentent représentés", a-t-il ajouté.

La communauté internationale et le grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite du pays, ont à plusieurs reprises appelé les politiques à cesser de se quereller et à se hâter de choisir un nouveau gouvernement afin de présenter un front uni face aux avancées l'EI.

- Mutilations génitales -

Ce groupe, déjà accusé de nombreuses exactions dont des lapidations et décapitations, a ordonné que toutes les femmes âgées de 11 à 46 ans soient excisées, une pratique qui n'est pas courante en Irak, a déclaré la numéro 2 de l'ONU dans le pays.

"C'est une fatwa de l'EI, nous venons d'en être informés", a déclaré depuis l'Irak Mme Jacqueline Badcock lors d'une videoconférence organisée à Genève.

Sur le terrain, au moins 60 personnes, en majorité des prisonniers, ont été tuées au nord de Bagdad lors d'un assaut mené par des insurgés contre un convoi escortant des détenus, selon un responsable du ministère de l'Intérieur.

Cette source a fait état d'une "attaque suicide suivie par des explosions et des échanges de feu" entre assaillants et forces de sécurité.

Les restes d'un bus attaqué le 24 juillet 2014 au nord de Bagdad [Ahmad Al-Rubaye / AFP]
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Les restes d'un bus attaqué le 24 juillet 2014 au nord de Bagdad

L'attaque a visé un convoi de sécurité escortant un bus qui transférait une soixantaine de prisonniers, dont beaucoup étaient détenus pour des affaires de terrorisme, depuis la prison principale de Taji, à 25 km au nord de Bagdad.

Cependant, le déroulement des faits n'était pas clair, et il n'était pas possible de déterminer dans l'immédiat qui avait tué les prisonniers.

Des sources médicales ont indiqué que 54 prisonniers figuraient parmi les 60 victimes.

Pour faire face aux avancées jihadistes, qui ont déclaré un "califat islamique" sur les territoires qu'ils contrôlent en Irak et en Syrie, Bagdad a demandé l'aide de l'étranger.

Une photo diffusée sur le compte twitter d'Al-Baraka le 11 juin 2014 [ / Alabaraka news/AFP/Archives]
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Une photo diffusée sur le compte twitter d'Al-Baraka le 11 juin 2014

Le ministre de la Défense Saadoun al-Doulaimi se trouvait jeudi à Moscou pour évoquer la coopération militaire entre les deux pays. Dans le même temps, le général américain Lloyd Austin était à Bagdad.

La Russie a commencé la livraison d'hélicoptères de combat et d'avions de chasse à l'Irak, a rapporté une source dans le secteur des exportations militaires russes, cité par l'agence Interfax.

Outre les 600.000 personnes déplacées par les violences, les avancées des insurgés ont eu des répercussions sur l'économie. L'Irak a exporté 2,4 millions de barils de pétrole par jour en juin, a annoncé le ministère du Pétrole, qui avait misé sur 3,4 millions bpj pour cette période.

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