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Indonésie: Prabowo va contester en justice le résultat de la présidentielle

Prabowo Subianto le 22 juillet 2014 à Jakarta [Bay Ismoyo / AFP] Prabowo Subianto le 22 juillet 2014 à Jakarta [Bay Ismoyo / AFP]

Le candidat malheureux à la présidentielle en Indonésie, Prabowo Subianto, a annoncé mercredi qu'il allait contester les résultats devant la Cour constitutionnelle en raison de soupçons de fraudes, un litige qui va prolonger l'incertitude politique dans la première économie d'Asie du Sud-Est.

"Nous sommes en train de préparer notre procédure pour la Cour constitutionnelle", a déclaré un porte-parole de l'équipe de campagne de l'ex-général controversé Prabowo Subianto, Tantowi Yahya, au lendemain de la déclaration officielle de victoire sans appel de son rival, le gouverneur de Jakarta Joko Widodo, surnommé Jokowi.

"Nous n'allons pas renoncer à notre droit de tenir pour responsable la commission électorale", a ajouté Tantowi en dénonçant des fraudes commises selon lui par l'équipe de Jokowi, premier vainqueur d'une présidentielle qui n'est pas issu de l'élite politico-militaire, dans la troisième démocratie au monde.

Joko Widodo le 23 juillet 2014 à Jakarta  [Bay Ismoyo / AFP]
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Joko Widodo le 23 juillet 2014 à Jakarta

Selon les résultats officiels, Jokowi a remporté le scrutin du 9 juillet avec 53,15% des voix, contre 46,85% pour Prabowo, à l'issue de l'élection la plus polarisée de la jeune démocratie indonésienne, avec un taux de participation atteignant près de 71%.

L'annonce du camp Prabowo apparaît comme une surprise après que l'ex-général reconverti dans les affaires eut déclaré mardi qu'il rejetait l'élection et se retirait du processus avant même l'annonce officielle des résultats.

Son frère milliardaire, Hashim Djojohadikusumo, qui a financé sa campagne, a même appelé mercredi les dirigeants étrangers à ne pas féliciter Jokowi.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le Premier ministre australien Tony Abbott figurent parmi les dirigeants qui ont déjà félicité Jokowi, de même que le président sortant de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

- Aboutissement peu probable -

La Cour constitutionnelle, qui doit recevoir toute requête dans les trois jours suivant l'annonce des résultats officiels, devra trancher d'ici à fin août. Ce litige va prolonger l'incertitude politique dans le pays et risque d'avoir des répercussions sur les marchés, comme ce fut le cas mardi après l'annonce de Prabowo. La Bourse de Jakarta avait cédé un peu plus de 2,2% en séance avant de se reprendre.

Pour l'analyste Yohanes Sulaiman, il est fort peu probable que Prabowo puisse être déclaré vainqueur du scrutin en raison de l'importante marge séparant les deux candidats, un peu plus de six points de pourcentage représentant plus de huit millions de voix.

"Mais je ne pense pas que Prabowo va devant la cour pour être déclaré vainqueur. Je pense qu'il veut montrer des preuves de fraudes pour que la cour décide de l'organisation d'une nouvelle élection", a déclaré à l'AFP M. Sulamain (Université indonésienne de défense). "La commission électorale a été très transparente dans ce processus".

Et selon un porte-parole de l'équipe Jokowi, Anies Baswedan, la Cour constitutionnelle pourrait même rejeter la requête de Prabowo.

Après la clôture du scrutin le soir du 9 juillet, plusieurs instituts de sondage avaient publié des estimations réalisées à partir d'échantillons de bulletins de vote, correspondant quasiment à celle annoncées mardi soir.

Jokowi s'était déclaré vainqueur, tandis que Prabowo avait refusé de concéder sa défaite. Par la suite, les tensions se sont exacerbées en raison de multiples accusations de fraudes et de tricherie de part et d'autre.

Cette élection est la plus disputée depuis la transition démocratique du plus grand archipel au monde après la chute du dictateur Suharto en 1998, marquée par des violences qui avaient fait des dizaines de morts.

La victoire de Jokowi, ancien vendeur de meubles issu d'un milieu modeste et sans aucun lien avec le régime autocratique du passé, marque l'avènement d'une nouvelle génération d'hommes politiques dans le plus grand pays musulman au monde, avec près de 250 millions d'habitants. Agé de 53 ans, il entend poursuivre les réformes démocratiques de l'ère post-Suharto (1967-1998).

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