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Malgré le crash, les combats continuent près de Donetsk

Un homme montre un morceau de bombe de mortier dans sa maison détruite près de Donetsk le 20 juillet 2014 [Dominique Faget  / AFP] Un homme montre un morceau de bombe de mortier dans sa maison détruite près de Donetsk le 20 juillet 2014 [Dominique Faget / AFP]

"Ils combattent et nous sommes au milieu ! Qu'ils aillent dans un champ et qu'ils se tapent dessus si cela les amuse, moi je veux vivre en paix". Elle pleure, s'emporte, pleure de nouveau. La veille, Lioudmila a vu son mari mourir sous ses yeux, tué par un tir de mortier.

Il était sorti saluer un voisin sur le pas de sa petite maison blanche aux volets bleutés, dans un quartier résidentiel de Donetsk, coincé entre la gare et l'aéroport, zone de combat. Le mortier a éclaté à ses pieds. Olexandre, 67 ans, est mort samedi quelques minutes plus tard avant l'arrivée des secours.

Après le crash du vol MH17 de Malaysia Airlines, Kiev comme les rebelles séparatistes ont évoqué la possibilité d'un cessez-le-feu mais finalement sur le terrain il n'en a jamais été question et les combats n'ont jamais cessé.

Samedi, les forces de Kiev ont repris aux rebelles le contrôle de la partie sud-est de la ville de Lougansk. La frontière avec la Russie est le théâtre d'affrontements quotidiens et les alentours de Donetsk ne sont pas épargnés, notamment autour de l'aéroport.

Une icône de la Vierge Marie près d'une fenêtre cassée par des bombardements le 20 juillet 2014 à Donetsk [Dominique Faget / AFP]
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Une icône de la Vierge Marie près d'une fenêtre cassée par des bombardements le 20 juillet 2014 à Donetsk

"Quand c'est arrivé, je venais de rentrer dans la maison et j'ai entendu un énorme bruit. Je suis sortie : Olexandre avait la main coupée et plusieurs éclats dans le ventre, notre voisin tentait de l'aider comme il pouvait. L'ambulance a mis plus d'une demi-heure à arriver car les tirs étaient trop nombreux. Il est mort avant", raconte-t-elle en montrant l'endroit de l'impact.

"Je me moque du gouvernement que nous avons mais il faut que cela cesse", poursuit-elle.

- 'Je deviens folle' -

A quelques centaines de mètres de là, dans ce quartier de Donetsk, Vitali Maïstrenko a également été touché par des éclats de mortiers alors qu'il était assis dans son jardin. L'impact au milieu des œillets d'Inde est bien visible et la banquette beige sur laquelle l'homme était assis est encore maculée de sang. Ce dernier a été blessé aux jambes et aux bras.

Une femme pose dans sa maison détruite après des combats dans la banlieue de Donetsk le 20 juillet 2014 [Alexander Khudoteply / AFP]
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Une femme pose dans sa maison détruite après des combats dans la banlieue de Donetsk le 20 juillet 2014

De l'autre côté de la rue, le toit de la maison n'a pas résisté. Pas de victime puisque la maison était vide comme quasiment une sur deux dans le quartier. Au sol, des gravats, des fils entremêlés, des poutres calcinées et un petit vélo rouge et bleu d'enfant... L'odeur de brûlé est encore forte.

"Tous les jours, il y a des tirs, de nuit comme de jour et la journée d'hier a été terrible. Nous aimerions partir nous aussi mais nos parents sont trop vieux et malades. Alors nous restons là à prier mais pour combien de temps. Et regardez l'état de la maison, on ne peut rien faire pour se protéger de ça", se désole un voisin.

Quelques mètres plus loin, dans ces rues défoncées, un couple avec leur fille de 18 ans arrive les bras chargés de grands sacs plastiques au motif écossais. Derrière eux, une babouchka, foulard fleuri sur la tête, parvient difficilement à les suivre.

"Ils partent mais moi je reste. Je suis venu leur dire au revoir", confie la vieille femme de 84 ans, au visage buriné. "Moi, je suis vieille, comment pourrais-je quitter la maison de toute une vie !"

Sa fille Alina, qui travaille dans une usine de la ville, montre ses jambes couvertes de plaques d'eczéma infectées. "Je n'en peux plus de vivre ici. Je deviens folle. Cela fait bientôt deux mois que l'on s'endort le soir en se demandant si on va ouvrir les yeux le lendemain".

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