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Irak: l'EI revendique des attentats à Bagdad, Mossoul vidée de ses chrétiens

Des Chrétiens irakiens, qui ont fui les violences qu'ils subissaient dans le nord de Mossoul en Irak,  prient dans l'église de MarAfram à Qaraqush, dans la province de Nineveh, le 19 juillet 2014 [Safin Hamed / AFP] Des Chrétiens irakiens, qui ont fui les violences qu'ils subissaient dans le nord de Mossoul en Irak, prient dans l'église de MarAfram à Qaraqush, dans la province de Nineveh, le 19 juillet 2014 [Safin Hamed / AFP]

L'Etat islamique (EI), qui s'est emparé de pans entiers du territoire irakien, a revendiqué dimanche des attentats meurtriers la veille à Bagdad, pourtant épargnée depuis le début de l'offensive des jihadistes qui ont forcé des milliers de chrétiens à fuir Mossoul.

Connu pour sa brutalité, l'EI a revendiqué quatre des sept attaques ayant fait samedi 24 morts dans des quartiers chiites de Bagdad, affirmant que ses attentats avaient fait plus de "150 victimes".

Ces attaques sont parmi les plus meurtrières dans la capitale depuis le début de l'offensive le 9 juin d'insurgés sunnites menés par l'EI, qui a précipité le pays dans le chaos, fait des milliers de morts et forcé quelque 600.000 personnes à quitter leurs foyers.

La fuite massive des chrétiens de Mossoul est le plus récent déplacement de population provoqué par les combattants de l'EI, et vide la cité d'une population présente depuis des siècles.

"Nous ne savons pas ce que nous allons faire ou ce qui va nous arriver. Retournerons-nous jamais chez nous?" demande Oumm Ziyad, une chrétienne de 35 ans qui a fui Mossoul vendredi avec ses quatre enfants. Elle s'est depuis réfugiée à Qaraqosh, à une trentaine de km plus à l'est.

Un chrétien ayant décidé de rester malgré tout a déclaré samedi à l'AFP au téléphone: "J'ai l'impression d'être déjà mort".

Le patriarche chaldéen Louis Sako avait évalué à 35.000 le nombre de chrétiens présents à Mossoul avant le début de l'offensive. Presque tous ont fui la ville avant l'expiration de l'ultimatum, selon lui.

L'ONU a déclaré avoir compté 400 familles arrivées dimanche dans les villes de Dohouk et Erbil, au Kurdistan irakien (nord).

A Erbil, une messe pour la sécurité des chrétiens a été organisée. "A travers l'Histoire, nous n'avons jamais vu Mossoul vidée de ses chrétiens", explique Paulus Marcus, 54 ans, se rendant à l'office.

Près de lui, Warda Qaryakous ajoute "notre religion exige la paix et l'amour, alors nous sommes choqués par ce qui se passe à Mossoul".

- 'Contraire à l'islam' -

Des habitants sunnites de Mossoul, bravant leur peur de s'exprimer, ont signifié dimanche leur solidarité avec les chrétiens et affiché leurs distances vis à vis de l'EI.

"Nous considérons que c'est injuste et contraire aux principes de l'islam", a déclaré l'un d'eux au téléphone à l'AFP.

"Des chrétiens ont vécu à Mossoul pendant plus de 1.000 ans", a-t-il ajouté. "Leur départ est une grande perte".

Des Chrétiens irakiens, qui ont fui les violences qu'ils subissaient dans le nord de Mossoul en Irak,  prient dans l'église de MarAfram à Qaraqush, dans la province de Nineveh, le 19 juillet 2014 [Safim Hamed / AFP]
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Des Chrétiens irakiens, qui ont fui les violences qu'ils subissaient dans le nord de Mossoul en Irak, prient dans l'église de MarAfram à Qaraqush, dans la province de Nineveh, le 19 juillet 2014

Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki a condamné dans un communiqué l'éviction des chrétiens de Mossoul et pressé la communauté internationale de faire front uni contre les insurgés face auxquels ses troupes ne parviennent pas à rencontrer de réels succès.

Les exactions de l'EI envers les minorités religieuses révèlent "la nature criminelle et terroriste de ce groupe et le danger qu'il représente", a dit M. Maliki.

Des responsables des villes saintes chiites de Kerbala et Najaf, accueillant déjà de très nombreux réfugiés chiites, ont déclaré que les portes de leurs cités étaient ouvertes aux chrétiens.

A Washington, le département d’État a condamné "la persécution systématique des minorités" par l’EI, et le pape François a dénoncé dimanche les persécutions des chrétiens d'Irak, "chassés" et "dépouillés de tout".

Ahmed Chalabi, important politicien chiite et un des concurrents de M. Maliki pour le poste de Premier ministre, a blâmé dans un communiqué le gouvernement qui "a failli à sa tâche de protéger les citoyens irakiens" dont les chrétiens "font partie intégrante".

Il a appelé le Parlement à élire rapidement un président de la République afin de former un nouveau gouvernement.

Après plusieurs reports causés par de profondes divisions politiques, les députés ont élu mardi le chef du Parlement, Salim al-Joubouri, et doivent désormais choisir le président de la République, à qui il reviendra de désigner un Premier ministre.

Au pouvoir depuis 2006, M. Maliki est contesté en raison de son autoritarisme et de sa politique de discrimination envers les sunnites et les Kurdes, et de nombreuses voix ont réclamé son départ pour favoriser les efforts de réconciliation nationale.

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