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Ukraine: au lendemain du drame aérien, les habitants de Donetsk craignent une "pluie de bombes"

Une image des débris du vol MH 17 prise près de Shaktarsk, dans une zone tenue par les rebelles en Ukraine, le 17 juillet 2014 [Zurab Dzhavakhadze / ITAR-TASS/AFP] Une image des débris du vol MH 17 prise près de Shaktarsk, dans une zone tenue par les rebelles en Ukraine, le 17 juillet 2014 [Zurab Dzhavakhadze / ITAR-TASS/AFP]

"C'est une catastrophe et pour nous l'enfer va commencer". Tatiana parle lentement tout en dodelinant de la tête. Comme beaucoup d'habitants de Donetsk, elle est inquiète et fataliste au lendemain de la destruction en vol d'un avion de ligne malaisien, à quelques kilomètres.

Derrière son comptoir dans un centre commercial de cette grande ville, elle montre du doigt les grands chapeaux colorés qu'elle vend. "Il y a les bombes et maintenant l'avion. Vous pensez que quelqu'un a encore le cœur à acheter des chapeaux pour la plage. Je peux vous dire que non et du coup je me demande ce que je fais encore ici !"

Depuis que les troupes de Kiev parachèvent l'encerclement de Donetsk tandis que les séparatistes s'affichent déterminés à se battre jusqu'au bout, les habitants de Donetsk quittent la ville par milliers.

Vendredi, au lendemain de la chute de l'avion de Malaysia Airlines qui a fait près de 300 morts, une étape supplémentaire semble franchie et Donetsk a des allures de ville fantôme.

Sous une pluie fine, les rares habitants présents dans les rues, qui se pressent en sortant de leur travail pour attraper leur tramway, craignent plus que tout l'éventualité de combats en ville.

"Pour moi, il est clair que, dans quelques jours, les bombardements vont reprendre et cela va être terrible. Bien pire que tout ce que l'on a eu jusqu'ici", affirme Tatiana. "Je ne sais pas qui a fait ça, mais maintenant j'ai vraiment peur", avoue Viktoria Manko, une infirmière de 30 ans.

- "Rien ne les arrête" -

A quelques mètres de là, devant un petit étal de fruits et légumes, Serguiï est tout aussi inquiet : "ici, c'est une ville de mines donc nous avons tellement creusé que sous nos pieds c'est le vide. Si l'armée ukrainienne balance des bombes, alors tout va s'effondrer. Tout cela va mal finir".

Valera est également persuadé que ce qui attend les habitants de Donetsk maintenant, c'est "une vraie guerre".

"Je suis sûr que l'armée ukrainienne a tiré sur l'avion pour pouvoir ensuite accuser les gens de la République (séparatiste unilatéralement proclamée) de Donetsk. Rien ne les arrête et maintenant on peut s'attendre à une pluie de bombes et ce sont les civils qui vont payer", affirme ce chauffeur de bus de 28 ans.

"Pourquoi Kiev n'a-t-il pas interdit aux avions de voler au-dessus de notre région. J'ai tellement honte que tout cela soit arrivé ici", se désole Artien, âgé de 24 ans et qui travaille dans une entreprise d'informatique.

"Pour moi, cet avion c'est le signal. Je vais partir. Ici, c'est dangereux et il n'y a plus rien : plus de bon boulot, plus d'amis. La ville a perdu son âme et la vie normale n'existe plus".

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