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Pakistan: l'offensive militaire prive un père de 36 enfants d'une 4e épouse

Gulzar Khan (au centre à gauche) au milieu de ses proches qui ont fui avec lui le Waziristan du Nord, alors qu'ils rompent le jeûne du Ramadan, le 11 juillet 2014 à Bannu  [A Majeed / AFP] Gulzar Khan (au centre à gauche) au milieu de ses proches qui ont fui avec lui le Waziristan du Nord, alors qu'ils rompent le jeûne du Ramadan, le 11 juillet 2014 à Bannu [A Majeed / AFP]

Dans le nord-ouest du Pakistan, l'offensive de l'armée n'a pas que détruit des repaires talibans, elle a aussi anéanti le rêve du vieux Gulzar, père de 36 enfants, de prendre une quatrième épouse pour assouvir son appétit sexuel insatiable.

L'opération militaire au Waziristan du Nord, zone tribale située à la lisière de l'Afghanistan et qui servait de base arrière aux mouvements islamistes armés de la région, a jeté sur les routes des centaines de milliers de civils.

Parmi eux, Gulzar Khan, barbe blanche fournie et grosses lunettes de soleil tout droit sorties des années 70, qui a quitté son village waziri où il vivait avec une centaine de membres de sa famille, ses épouses, ses enfants et ses petit-enfants.

L'homme qui dit être âgé de 54 ans, mais semble plutôt flirter avec la soixantaine, a dépensé une bonne partie de ses économies pour évacuer les siens dans la ville de Bannu, à la porte des zones tribales. A son grand regret: cet argent devait financer son quatrième mariage.

La loi islamique autorise un homme à prendre jusqu'à quatre épouses. Et dans les zones rurales du nord-ouest pakistanais, les grandes familles demeurent encore aujourd'hui la norme.

Gulzar Khan, un Pakistanais qui a dû fuir avec sa famille la région du Waziristan du Nord, lors d'un entretien avec l'AFP à Bannu, le 11 juillet 2014  [A Majeed / AFP]
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Gulzar Khan, un Pakistanais qui a dû fuir avec sa famille la région du Waziristan du Nord, lors d'un entretien avec l'AFP à Bannu, le 11 juillet 2014

Mais après avoir donné naissance à une douzaine d'enfants chacune, ses trois épouses lui ont bien fait comprendre "qu'assez, c'est assez".

"J'avais donc planifié un quatrième mariage parce que mes femmes me boycottent et me disent qu'elles ne veulent plus tomber enceinte. Elles ne m'autorisent même plus à les approcher, mais, moi, j'ai des désirs à assouvir", confie Gulzar sans ambages.

- Toujours plus -

Il avait 17 ans lorsqu'il a marié, comme c'est souvent la coutume au Pakistan, sa cousine, alors âgée d'à peine 14 ans. Huit ans plus tard, il a pris une deuxième épouse.

"Je n'étais pas satisfait et j'avais besoin de faire davantage l'amour", dit-il dans la maison où il a trouvé refuge à Bannu, toute en longueur et au sol de terre battue.

Et lorsque son frère a été tué dans une dispute, un mois à peine après son mariage, Khan a épousé sa veuve comme le veut la tradition locale.

"Je ne commets pas l'adultère, je satisfais mes désirs biologiques de façon tout à fait légale par le mariage", dit celui qui fut aussi dans l'intervalle chauffeur de taxi à Dubaï de 1976 à 1992.

Aujourd'hui, ce sont deux de ses fils qui sillonnent en taxi les rues de la mirifique cité émiratie et envoient chacun 500 dollars par mois à leur père au Pakistan.

Entouré ce jour-là de ses enfants et ses petit-enfants, Gulzar Khan peine à associer chacun à la bonne génitrice. "Je peux vous dire que celui-ci ou celle-ci est mon enfant, mais je ne peux pas dire dans tous les cas qui est leur mère", reconnaît-il.

Gulzar Khan entouré d'une partie de ses enfants, à Bannu, le 11 juillet 2014  [A Majeed / AFP]
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Gulzar Khan entouré d'une partie de ses enfants, à Bannu, le 11 juillet 2014

Avec pareille marmaille, difficile de trouver un coin d'intimité pour batifoler. "Il y a souvent deux ou trois enfants qui traînent autour lorsque je vais me coucher, c'est donc difficile d'avoir un peu d'intimité avec mes femmes", se plaint-il poliment.

Et n'allez pas demander au vieil homme s'il avale une pilule pour stimuler son corps avant de se glisser au lit.

"J'ai eu une crise cardiaque il y a 12 ans et j'ai encore un ulcère. Mon docteur m'a dit de rester heureux. Or je ne suis heureux que lorsque je fais mon devoir conjugal", clame-t-il.

Au Pakistan, les femmes donnent en moyenne naissance à quatre enfants, un taux de reproduction élevé pour ce pays de plus de 180 millions d'habitants qui pourrait en compter près du double en 2050, accroissant ainsi la pression sur les ressources, notamment en eau.

Mais Ghufran, fils de Gulzar âgé de 14 ans, n'en a cure. "Moi aussi je vais avoir plusieurs épouses et encore plus d'enfants que mon père", espère-t-il.

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