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Bulgarie: une clôture de barbelés sur la voie des réfugiés vers l'Europe

Des patrouilles bulgares le long de la clôture de barbelés à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie près du village de Golyam Dervent le 17 juillet 2014 [Dimitar Dilkoff / AFP] Des patrouilles bulgares le long de la clôture de barbelés à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie près du village de Golyam Dervent le 17 juillet 2014 [Dimitar Dilkoff / AFP]

Prise au dépourvu l'an passé par un afflux de réfugiés syriens, la Bulgarie contrôle désormais la situation, mais au prix aussi d'une politique controversée, symbolisée par une longue clôture de fil de fer délimitant une partie de sa frontière.

"Je ne suis pas fier de cette clôture", a expliqué jeudi le ministre bulgare de la Défense, Anguel Naydenov lors de la présentation de l'équipement aux médias, précisant toutefois que le pays des Balkans "devait trouver une réponse à l'afflux de réfugiés qui recommence à augmenter".

L'installation de ces barbelés doit être achevée cette semaine. D'une hauteur de plus de trois mètres, la clôture équipée de caméras s'étend sur une trentaine de kilomètres, sur la partie la moins visible de la frontière avec la Turquie longue de 274 km.

A proximité, du fil barbelé datant de l'époque soviétique pour empêcher les Bulgares de sortir de l'URSS, est encore visible.

Membre le plus pauvre de l'Union européenne, la Bulgarie avait débordée en 2013 par l'arrivée de 11.000 réfugiés, soit dix fois plus que la moyenne annuelle, la plupart fuyant la guerre civile en Syrie.

"Ils arrivaient par dizaines, hommes, femmes et enfants, des nourrissons et des handicapés. On les accueillait avec sympathie, parce qu'ils fuyaient la guerre", témoigne Ivan Francizov, 59 ans, facteur de Goliam Dervent, village montagneux du sud-ouest.

L'afflux avait créé une crise humanitaire dans le pays. Les migrants étaient entassés dans des écoles reconverties à la va-vite en asile, dans des conditions sanitaires précaires, ou sous des tentes sans chauffage en plein hiver.

Sommé par l'Union européenne de reprendre les choses en main, le pays a multiplié les forces de police à la frontière et commencé en octobre la mise en place de la clôture constituée de plusieurs couches de spirales de fil de fer coupant, d'un coût total de 4,6 millions d'euros.

Cette politique a été dénoncée par les organisations non gouvernementales. En début de semaine, le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations unies (HCR) avait appelé les pays européens à accueillir plus de réfugiés syriens, et dénoncé des refoulements dans plusieurs pays, tels la Grèce, l'Espagne et la Bulgarie.

"Nous sommes inquiets du fait que tous les demandeurs de protection n'ont pas accès au territoire bulgare. Il y a des cas prouvés de refoulement" de ressortissants de Syrie mais aussi d'Afghanistan, du Soudan et de Palestine, a déclaré à l'AFP le porte-parole bulgare du HCR Boris Tchechirkov.

- Devoir de protection -

Le ministre bulgare de l'Intérieur, Tsvetlin Yovtchev, expliquait récemment que quelque 150 à 200 personnes sont refoulées chaque jour, redoutant une augmentation avec l'aggravation de la crise irakienne.

Des patrouilles de soldats bulgares le long de la clôture de barbelés à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie près du village de Golyam Dervent le 17 juillet 2014 [DIMITAR DILKOFF / AFP]
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Des patrouilles de soldats bulgares le long de la clôture de barbelés à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie près du village de Golyam Dervent le 17 juillet 2014

"Nous sommes situés à la frontière extérieure de l'UE que nous sommes sensés protéger des migrants clandestins", déclare à l'AFP Nikolay Tchirpanliev, directeur de l'agence aux réfugiés.

Selon lui, 300 à 400 personnes par mois passent actuellement la frontière clandestinement, contre 2.000 par mois en moyenne d'octobre à décembre 2013.

Parallèlement aux efforts pour rendre ses frontières étanches, la Bulgarie a amélioré le niveau de vie des réfugiés déjà sur son sol. Les conditions dans les asiles sont désormais "supérieures aux normes de base", a reconnu M. Tchechirkov.

L'agence bulgare aux réfugiés a aussi accéléré le traitement des demandes de protection. De janvier à mai 2014, 2.359 personnes ont obtenu un statut de réfugié qui leur permet de voyager au sein de l'UE et déposer une demande de migration dans un autre pays de l'Union.

La plupart veulent partir en Allemagne, en Belgique et dans les pays scandinaves, selon Mariana Stoyanova, porte-parole de la Croix -Rouge bulgare.

"Le gros problème consiste actuellement dans l'absence de mesures d'intégration pour assurer un apprentissage du bulgare et d'un métier", souligne-t-elle.

"C’est difficile. Je paie mon loyer grâce à l’argent reçu de ma famille et d’amis. Je cherche un emploi, sans succès", témoigne Rashid Jamil, un Syrien de 35 ans arrivé il y a un an, qui a reçu un statut humanitaire en Bulgarie.

"Il y a de nombreuses familles qui ne peuvent pas payer un loyer ou acheter de la nourriture pour leur enfants, et ils tentent de retourner dans les asiles pour survivre", raconte-t-il à l'AFP.

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