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Cambodge: six membres de l'opposition inculpés d'insurrection

Des Cambodgiennes manifestent devant le tribunal de Phnom Penh, le 16 juillet 2014, où six membres de l'opposition ont été inculpés d'insurrection [Tang Chhin Sothy / AFP] Des Cambodgiennes manifestent devant le tribunal de Phnom Penh, le 16 juillet 2014, où six membres de l'opposition ont été inculpés d'insurrection [Tang Chhin Sothy / AFP]

Six membres de l'opposition cambodgienne ont été inculpés mercredi d'insurrection au lendemain d'une manifestation qui a fait des dizaines de blessés, une accusation passible de 30 ans de prison dénoncée par leur parti comme une tentative de "détruire la démocratie".

Lors d'une audience à huis clos au tribunal de Phnom Penh, les six hommes et femmes politiques ont été inculpés pour avoir dirigé un mouvement d'insurrection, organisé des violences volontaires et incité à des actes criminels, a déclaré à la presse Ket Khy, l'un de leurs avocats.

La seule accusation d'insurrection est passible d'une peine entre 20 et 30 ans d'emprisonnement.

Ils ont été placés en détention provisoire, a précisé à l'AFP Am Sam Ath, du groupe de défense des droits de l'Homme Licadho, dénonçant un "revers pour la démocratie".

Mu Sochua, figure de l'opposition cambodgienne, retenue par la police lors de la manifestation devant Freedom Park, le 15 juillet 2014 à Phnom Penh [Tang Chhin Sothy / AFP]
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Mu Sochua, figure de l'opposition cambodgienne, retenue par la police lors de la manifestation devant Freedom Park, le 15 juillet 2014 à Phnom Penh

Cinq des six accusés, dont la figure de l'opposition Mu Sochua, avaient été élus députés du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) en juillet 2013, mais refusent depuis de siéger, comme tous leurs collègues de l'opposition qui contestent le résultat de législatives, selon eux, entachées de fraudes massives.

La sixième personne est l'assistant de Mu Sochua. Un autre avocat du CNRP a indiqué que plusieurs autres membres du parti faisaient l'objet d'une enquête.

Les six inculpés avaient été arrêtés après une manifestation mardi à Phnom Penh lors de laquelle la police avait utilisé des gaz lacrymogènes pour mettre un terme à des affrontements à coups de bâtons et de pierres entre militants de l'opposition et gardes de sécurité de "Freedom Park".

Les quelque 300 manifestants réclamaient la réouverture de ce parc du centre-ville, lieu privilégié de manifestations fermé depuis des mois par les autorités.

La police cambodgienne en faction devant le tribunal de Phnom Penh, le 16 juillet 2014 [Tang Chhin Sothy / AFP]
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La police cambodgienne en faction devant le tribunal de Phnom Penh, le 16 juillet 2014

Le gouvernement, indiquant que 38 gardes avaient été blessés, a accusé l'opposition d'avoir commis des "actes cruels et violents", allant "au-delà de l'exercice de la liberté d'expression".

Des manifestants ont également été blessés, selon des militants. Ces derniers mois, les gardes ont été accusés à plusieurs reprises d'avoir frappé des manifestants rassemblés devant le parc.

- Répression des mouvements de rue -

L'opposition a d'ailleurs accusé le parti au pouvoir d'avoir orchestré les violences ayant mené aux arrestations.

"C'est une menace contre le CNRP. La décision (du tribunal) détruit la démocratie au Cambodge", a déclaré à l'AFP son porte-parole Yim Sovann.

Alors que des centaines de militants s'étaient rassemblés près du tribunal barricadé, Mu Sochua a elle appelé sur Facebook ses partisans à continuer "le combat pour la liberté et les droits de l'Homme".

"Les accusations d'aujourd'hui illustrent une nouvelle fois le fait que la justice est utilisée comme un outil politique pour restreindre la liberté d'expression et les voix s'opposant au gouvernement", a de son côté commenté Chor Chanthyda, du Centre cambodgien pour les droits de l'Homme.

Un membre des forces de sécurité cambodgiennes est couvert de sang et soutenu par ses collègues, après une manifestion à Phnom Penh, le 15 juillet 2014 [Tang Chhin Sothy / AFP]
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Un membre des forces de sécurité cambodgiennes est couvert de sang et soutenu par ses collègues, après une manifestion à Phnom Penh, le 15 juillet 2014

Le Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 1985, est de plus en plus critiqué en raison de la répression ces derniers mois de mouvements de rue, de l'opposition mais aussi d'ouvriers du secteur textile - crucial pour l'économie du pays -, qui réclament de meilleurs salaires.

Début janvier, les forces de l'ordre avaient ouvert le feu sur des ouvriers du textile en grève, faisant quatre morts. Toute manifestation a ensuite été interdite à Phnom Penh pendant plusieurs semaines, et Freedom Park fermé, avant d'être bloqué par des barbelés en mai.

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