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Bagdad combat les insurgés à Ramadi, la tension monte avec les Kurdes

Photo prise à travers un trou dans un mur dans la ville de Ramadi en Irak, le 24 juin 2014 [- / AFP/Archives] Photo prise à travers un trou dans un mur dans la ville de Ramadi en Irak, le 24 juin 2014 [- / AFP/Archives]

Des combats meurtriers opposaient vendredi les forces irakiennes à des insurgés à Ramadi, alors que les Kurdes se sont emparés de champs pétroliers, éloignant encore un peu plus la perspective d'un gouvernement d'union.

A deux jours d'une réunion cruciale du Parlement, le Premier ministre Nouri al-Maliki, qui s'appuie sur sa victoire aux législatives d'avril pour briguer un troisième mandat, est confronté à la fois à l'offensive des insurgés sunnites et aux tensions grandissantes avec le Kurdistan autonome.

Des insurgés sunnites ont lancé jeudi après-midi une offensive près de Ramadi, chef-lieu de la province d'Al-Anbar (ouest). Ils ont pris plusieurs secteurs à l'ouest de la ville et tué 11 policiers, selon un officier et un médecin.

Une éventuelle chute de Ramadi, où ils sont présents depuis janvier, représenterait une avancée majeure pour les insurgés, qui contrôlent depuis un mois de vastes pans de territoires dans cinq provinces de l'ouest, du nord et de l'est du pays.

- Tension grandissante avec Erbil -

Tandis que l'armée se bat à Ramadi, les autorités Kurdes ont affirmé à Erbil que leurs forces s'étaient emparées de deux champs pétroliers près de la ville disputée de Kirkouk (nord), dont elles avaient déjà pris le contrôle en juin à la faveur de la crise.

"Les membres du gouvernement régional du Kurdistan et les forces de protection du pétrole de Kirkouk ont sécurisé les champs de pétrole des zones de Bai Hassan et de la zone de Makhmour", a annoncé le gouvernement kurde dans un communiqué.

La production de ces champs, estimée par le ministère du Pétrole à Bagdad à 400.000 barils par jour, "va servir d'abord à faire face à la pénurie de produits raffinés sur le marché intérieur", a ajouté le communiqué, précisant que le personnel était invité à coopérer ou à partir.

Plus tôt dans la journée, le ministère avait accusé les forces de sécurité kurdes de s'être emparées de ces deux champs pétroliers, ce qu'Erbil avait dans un premier temps démenti.

Cette initiative marque une nouvelle escalade dans les tensions entre Erbil et Bagdad.

Jeudi, les autorités kurdes, qui ont déjà annoncé leur volonté de tenir rapidement un référendum d'indépendance, ont demandé à M. Maliki de quitter le pouvoir, le qualifiant d'"hystérique" après ses déclarations accusant la province autonome d'être le quartier général des insurgés.

Les ministres kurdes ont en outre annoncé qu'ils boycottaient les réunions du Conseil des ministres.

Ces tensions compromettent les tentatives de formation d'un gouvernement d'unité nationale qui permettrait à la classe politique de présenter un front uni face à l'offensive fulgurante lancée le 9 juin par des insurgés sunnites menés par les jihadistes ultra-radicaux de l'Etat islamique (EI).

- Vains appels à l'unité -

Le Parlement doit se réunir dimanche pour tenter d'ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement suite aux législatives du 30 avril, après une première session désastreuse le 1er juillet et le report d'une séance prévue mardi.

Le grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite du pays, a de nouveau appelé vendredi les politiques irakiens à cesser de se quereller et se hâter de choisir un nouveau gouvernement.

Mais en dépit de ces appels, M. Maliki, vivement critiqué pour son autoritarisme et son choix de marginaliser la minorité sunnite, a affirmé qu'il ne se retirerait jamais.

Vendredi, il a chargé Hussein al-Chahristani, un chiite adjoint du ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, l'un des membres kurdes du gouvernement ayant décidé d'en boycotter les réunions, selon un responsable.

Et pour certains, M. Maliki pourrait bien saborder volontairement la session parlementaire de dimanche pour gagner du temps. "Il essaie de faire durer le jeu car c'est sa seule chance", a déclaré à l'AFP un diplomate occidental.

Pourtant, les reproches contre M. Maliki portent aussi sur l'incapacité des forces armées à enrayer l'avancée des jihadistes et à reprendre le contrôle des zones perdues.

Après la débandade militaire des premiers jours, et malgré l'aide des Etats-Unis, de la Russie et de milices chiites, l'armée irakienne n'a toujours pas enregistré de réels succès.

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