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Amnesty accuse l'UE "forteresse" de mettre "en danger la vie" des réfugiés

Le navire militaire italien "Chimera" avec 350 migrants à bord, arrive le 30 juin 2014 dans le port de Pozzallo en Sicile [Giovanni Isolino / AFP/Archives] Le navire militaire italien "Chimera" avec 350 migrants à bord, arrive le 30 juin 2014 dans le port de Pozzallo en Sicile [Giovanni Isolino / AFP/Archives]

L'Union Européenne se transforme en "forteresse", mettant "en danger la vie" des migrants fuyant les zones de conflit, a dénoncé mercredi Amnesty International, qui évoque le chiffre de 23.000 morts en 15 ans.

Dans son rapport, l'organisation de défense des droits de l'Homme affirme que "les politiques de l'UE en matière d'immigration et ses pratiques de contrôle aux frontières empêchent des réfugiés d'accéder à la procédure d'asile en Europe, et mettent en danger la vie de toutes ces personnes, qui entreprennent des voyages de plus en plus dangereux".

Devant la difficulté croissante de rejoindre l'Europe par la voie terrestre, les réfugiés prennent de plus en plus souvent les routes maritimes, plus dangereuses, vers la Grèce et vers l'Italie, et des centaines de personnes meurent en mer chaque année, souligne Amnesty.

Durant les six premiers mois de l'année, "plus de 200 personnes" ont trouvé la mort en Méditerranée. "Des centaines d'autres sont portées disparues et pourraient avoir péri elles aussi". Depuis 2000, Amnesty donne le chiffre "d'au moins 23.000 morts".

"La responsabilité de la mort de celles et ceux qui essaient de rejoindre l'UE est collective", affirme Amnesty International, en appelant les États membres à suivre l'exemple de l'Italie, qui après le drame de Lampedusa en octobre 2013 a mis en place l'opération de sauvetage Mare Nostrum.

- Venus de pays en guerre -

Selon Amnesty, "près de la moitié des personnes qui essaient de pénétrer irrégulièrement sur le territoire de l'UE fuient des situations de conflit dans des pays comme la Syrie, l'Afghanistan, l'Érythrée ou la Somalie".

Ce rapport a été publié au lendemain d'une réunion des ministres européens de l'Intérieur, dont une majorité refusent de modifier les règles d'asile.

Entre 2007 et 2013, l'UE a consacré plus de 1,8 milliard d'euros à la protection de ses frontières externes, mais seulement 700 millions à l'amélioration de la situation des demandeurs d'asile et des réfugiés sur son territoire, dénonce l'organisation.

Par ailleurs, l'UE et les États membres apportent à des pays voisins tels que la Turquie, le Maroc et la Libye leur coopération et un soutien financier pour la création d'une "zone tampon" autour de l'Union, dans l'objectif de "bloquer les migrants et les réfugiés avant même qu'ils n'atteignent les frontières de l'Europe", dénonce Amnesty.

L'ONG accuse les pays européens de "fermer les yeux" sur les violations des droits de l'Homme dont ils sont victimes.

Ceux qui parviennent à gagner les frontières européennes risquent d'être immédiatement refoulés. Amnesty International a recensé des cas de renvoi sommaire par la Bulgarie et la Grèce, où cette pratique est "très répandue", en violation du droit d'asile.

L'ONG fait aussi état d'un grave incident en février 2014 au large de l'enclave de Ceuta, quand la police espagnole avait tiré des balles à blanc et des gaz lacrymogènes contre des migrants qui arrivaient à la nage du Maroc. Quatorze personnes avaient perdu la vie, et 23 autres qui avaient réussi à gagner le rivage avaient été immédiatement renvoyées.

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