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Irak : les Kurdes s'éloignent, Maliki multiplie les gestes conciliants

Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, le 3 juillet 2014 à Arbil [Safin Hamed / AFP] Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, le 3 juillet 2014 à Arbil [Safin Hamed / AFP]

Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a demandé à son Parlement d'organiser un référendum d'indépendance, poussant un peu plus le pays vers l'implosion alors que le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki multiplie les gestes conciliants envers la minorité sunnite.

 

Dans le même temps, les jihadistes de l'Etat islamique (EI), fer de lance de la coalition hétéroclite d'insurgés sunnites ayant pris de vastes pans du nord et de l'ouest de l'Irak, se sont emparés jeudi du grand champ pétrolier d'Al-Omar dans l'est de la Syrie, asseyant encore un peu plus leur autorité sur cette zone.

Les députés du Kurdistan devraient "préparer l'organisation d'un référendum sur le droit à l'auto-détermination", "cela renforcera notre position et sera une arme puissante" pour nous, a expliqué M. Barzani lors d'une réunion à huis clos au Parlement kurde dont l'AFP a obtenu un enregistrement audio.

M. Barzani, dont les forces se sont emparées à la faveur de la crise de la ville de Kirkouk et d'autres territoires disputés qu'il est déterminé à ne plus jamais rendre, avait prévenu en début de semaine que le Kurdistan envisageait d'organiser dans les mois à venir un référendum d'indépendance, estimant que la période s'y prêtait puisque l'Irak était déjà, selon lui, divisé.

Sorti vainqueur mais sans majorité des législatives du 30 avril, M. Maliki, longtemps accusé d'accaparer le pouvoir et de marginaliser les sunnites, est de moins en moins assuré de rester au pouvoir à Bagdad.

Pour tenter de renverser la donne, il a décrété une amnistie pour toute personne "impliquée dans des actions contre l'Etat" et a annoncé jeudi que cela concernait aussi les officiers de l'armée de Saddam Hussein, dissoute en 2003 par les Etats-Unis.

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki (c) lors de la première session du parlement, le 1er juillet 2014 à Bagdad [Ahmad Al-Rubaye / AFP]
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Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki (c) lors de la première session du parlement, le 1er juillet 2014 à Bagdad

Le Premier ministre a ainsi expliqué "œuvrer sérieusement à l'unification de tous ceux --au sein des tribus, les intellectuels et les politiques--, qui croient à l'intégrité de l'Irak, à sa souveraineté et à sa force".

L'armée irakienne peine cependant à regagner du terrain face à l'offensive fulgurante lancée il y a près d'un mois par des insurgés sunnites qui ont proclamé dimanche un "califat" sur les zones conquises à cheval entre la Syrie et l'Irak.

Menée par les jihadistes ultra-radicaux de l'EI, les insurgés sunnites comptent aussi dans leurs rangs des membres de tribus et d'anciens soldats de l'armée de Saddam Hussein.

L'ancienne armée, forte de 450.000 militaires en 2003, a été remplacée par une nouvelle force qui compte actuellement 200.000 hommes mais souffre d'un manque d'équipement, de formation et d'encadrement.

 

- Tractations américaines -

Sur le plan diplomatique, les Etats-Unis, dont les troupes se sont retirées fin 2011 après huit ans d'occupation, ont lancé des tractations tous azimuts dans la région en vue d'un accord sur un gouvernement d'union.

Après une première séance levée dans le chaos mardi, le nouveau Parlement doit se réunir le 8 juillet pour tenter d'enclencher le processus de mise en place d'un gouvernement.

Le vice-président américain Joe Biden et Ossama al-Noujaïfi, ancien président (sunnite) du Parlement, ont insisté sur l'urgence de "former rapidement un nouveau gouvernement qui soit en mesure d'unir le pays".

Le président Barack Obama a contacté le roi Abdallah d'Arabie saoudite, poids lourd sunnite de la région, pour lui demander d'user de son influence.

 
 

Sur le terrain, des combats se poursuivaient jeudi près de Tikrit (nord), un ancien fief de Saddam Hussein pris par les insurgés et visé depuis dimanche par une importante contre-offensive de l'armée, qui avance très lentement parce que le terrain a été miné.

"Toutes les maisons et tous les véhicules brûlés (sur la route menant à Tikrit) ont été piégés", a expliqué le gouverneur de la province, estimant qu'il faudrait encore plusieurs jours avant que les soldats ne puissent pénétrer dans la ville.

Toujours dans le nord, une bombe a tué un combattant kurde près de Kirkouk. Et le porte-parole de M. Maliki pour la sécurité a fait état d'affrontements au sud de Bagdad.

En revanche, 32 routiers turcs retenus en otage depuis un mois par l'EI ont été libérés jeudi en bonne santé, a annoncé le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, rappelant que 49 autres Turcs, le personnel du consulat de Turquie à Mossoul, étaient toujours retenus.

 

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