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Matteo Renzi veut que l'Europe "retrouve son âme"

Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, au Parlement européen à Strasbourg le 2 juillet 2014 [Frederick Florin / AFP] Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, au Parlement européen à Strasbourg le 2 juillet 2014 [Frederick Florin / AFP]

Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a plaidé mercredi pour que l'Europe "retrouve son âme" et se réforme, afin de ne pas être un continent "résigné" après des années de crise et d'austérité.

Dans un discours très attendu, M. Renzi a présenté les priorités de la présidence italienne semestrielle de l’UE, qui a débuté mardi, devant un Parlement européen où les europhobes sont bien décidés à donner de la voix. Plutôt que d'afficher une feuille de route précise, le jeune dirigeant a préféré défendre sa vision d'une Europe plus moderne et plus dynamique.

"Si l'Europe faisait un selfie, quelle image verrait-on sur l'écran?", a lancé M. Renzi dans un discours au Parlement à Strasbourg. "On verrait le visage de la fatigue, dans certains cas de quelqu'un de résigné. L'Europe aujourd'hui aurait sur ce selfie l'air ennuyé", a-t-il poursuivi, soulignant que "la blessure est très profonde".

Pour "retrouver l'âme de l'Europe, le sens profond de notre vivre ensemble", il a de nouveau défendu le besoin de mettre l'accent sur la croissance, rappelant que le principal instrument budgétaire est "le pacte de stabilité... et de croissance".

M. Renzi a insisté avec la France pour obtenir plus de souplesse dans le cadre budgétaire actuel, de façon à soutenir la croissance et la création d'emplois. Il a obtenu gain de cause lors du dernier sommet européen, où les 28 se sont engagés à tirer parti des "possibilités" de flexibilité offertes par le cadre budgétaire actuel.

"La demande de croissance, ce n'est pas un pays qui le veut, ça ne sert pas à l'Italie, ça sert à l'Europe", a-t-il affirmé mercredi.

Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi (d) et le président du Parlement européen Martin Schulz, au Parlement européen à Strasbourg le 2 juillet 2014 [Frederick Florin / AFP]
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Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi (d) et le président du Parlement européen Martin Schulz, au Parlement européen à Strasbourg le 2 juillet 2014

Ces déclarations ont provoqué une brève passe d'armes avec la droite. Le président du groupe du PPE, Manfred Weber, a voulu couper court à tout assouplissement des règles. "Nous devons nous en tenir à ce que nous avons décidé", a sèchement déclaré l'élu allemand.

- Refus des leçons de morale -

M. Renzi a alors montré qu'il n'entendait pas s'en laisser compter. Ironisant sur les "brillantes idées" de la droite pour lutter contre la crise, il a vertement dénoncé "ceux qui pensent pouvoir faire la morale" et "donner des leçons", au nom de leurs "préjugés".

Il a aussi souhaité que l'Europe "rattrape l'écart" avec un monde qui avance "deux fois plus vite". "Il n'y a pas d'espace pour l'Europe si nous acceptons de rester un petit point sur Google Maps", a-t-il dit.

Les attentes sont fortes autour du jeune chef du gouvernement italien, qui s'est imposé comme le nouveau chef de file de la gauche européenne, pour insuffler une nouvelle dynamique en Europe.

"Il paraît que vous avez beaucoup d'énergie. Nous ne demandons qu'à voir le résultat", a résumé le député Vert belge Philippe Lamberts. Matteo Renzi "incarne un espoir en Italie. Il faut l'incarner au niveau européen", a souhaité l'eurodéputé socialiste belge, Marc Tarabella, pour qui une relance est absolument nécessaire sous peine de "ne plus avoir d'Europe dans dix ans".

"Il a pour lui la jeunesse, le culot et la parole", a souligné l'élue libérale française Sylvie Goulard, tout en s'interrogeant sur la façon dont cela se traduira concrètement.

Tendant la main aux Britanniques, gagnés par un euroscepticisme croissant, M. Renzi a plaidé pour plus de "simplicité" dans le fonctionnement des institutions européennes. Une "Europe sans le Royaume-Uni serait moins européenne, elle serait moins elle-même", a-t-il dit, promettant de mettre à profit les six prochains mois pour ramener les Européens "vers l'unité".

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