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Attaque d'églises au Nigéria, crainte d'un nouveau massacre

Des chrétiens dans une église de Lagos le 1er janvier 2014 [Pius Utomi Ekpei / AFP/Archives] Des chrétiens dans une église de Lagos le 1er janvier 2014 [Pius Utomi Ekpei / AFP/Archives]

Des hommes armés, suspectés d'appartenir au groupe islamiste Boko Haram, ont attaqué dimanche plusieurs églises dans le nord-est du Nigeria, où les habitants évoquent des "dizaines" de fidèles tués pendant la messe ou abattus alors qu'ils s'enfuyaient.

Les assaillants, circulant à moto, ont lancé des bombes pendant le déroulement de l'office du dimanche dans les églises de Kwada, Ngurojina, Karagau et Kautikari, des villages situés dans l'Etat de Borno (nord-est), berceau de l'insurrection qui a fait des milliers de morts depuis cinq ans et ne cesse de gagner en intensité.

Ils ont ensuite tiré sur les fidèles et poursuivi ceux qui tentaient de s'enfuir dans la brousse, ont affirmé des témoins.

Ces villages se trouvent tous dans un rayon de dix kilomètres de la petite ville de Chibok, où plus de 200 lycéennes avaient été enlevées mi-avril par Boko Haram.

"Les assaillants sont arrivés aux églises avec des bombes et des armes à feu", a déclaré un habitant de Chibok joint par téléphone, Timothy James. "D'après ce que j'ai rassemblé (comme informations), des dizaines de fidèles, hommes, femmes et enfants, ont été tués".

Capture d'écran d'une vidéo fournie par Boko Haram montrant un homme qui se présente comme le chef du file du groupe islamiste, Abubakar Shekau [ / Boko Haram/AFP/Archives]
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Capture d'écran d'une vidéo fournie par Boko Haram montrant un homme qui se présente comme le chef du file du groupe islamiste, Abubakar Shekau

Il a indiqué avoir reçu des témoignages de personnes ayant fui la zone de l'attaque.

Aucune des sources interrogées par l'AFP n'a pu fournir de bilan précis et l'armée nigériane n'a pu être jointe.

Un responsable religieux chrétien de Chibok, Enoch Mark, a fourni une description similaire des faits, ajoutant que l'attaque était toujours en cours: "Actuellement, au moment où nous parlons, nous sommes attaqués".

"Nous ne pouvons pas dire combien il y a de cadavres", a expliqué M. Mark. "On m'a dit que les assaillants avaient brûlé au moins trois églises jusqu'aux fondations".

 

- Les militaires 'cachés dans la brousse' -

 

Il a estimé difficile d'avoir un bilan plus précis tant que durerait l'attaque, mais dit craindre plusieurs dizaines de morts, tués par les explosions ou achevés par les hommes armés alors qu'ils tentaient de se réfugier dans la brousse environnante.

Boko Haram, qui dit vouloir créer un Etat islamique dans le nord à majorité musulmane du Nigeria, attaque des églises depuis le déclenchement de son insurrection.

Selon M. Mark, les militaires nigérians n'ont pas répondu aux appels de détresse de la population lorsque les tueries ont commencé. "Ils sont simplement partis et se sont cachés dans la brousse", a-t-il affirmé.

Vue de l'intérieur de l'église de Kaduna, au Nigéria, frappée par une attaque suicide, le 28 octobre 2012  [- / AFP/Archives]
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Vue de l'intérieur de l'église de Kaduna, au Nigéria, frappée par une attaque suicide, le 28 octobre 2012

Dans le cadre d'une opération militaire de longue haleine contre les islamistes, l'état d'urgence avait été déclaré en mai 2013 dans trois Etats du Nord, dont celui de Borno. Mais les attaques n'ont depuis cessé de s'intensifier et de s'étendre géographiquement, touchant régulièrement la capitale Abuja ainsi que Lagos, la capitale économique, et faisant fortement douter de la capacité de l'armée et du pouvoir politique à venir à bout de l'insurrection.

Après l'enlèvement par Boko Haram de 276 lycéennes, le 14 avril à Chibok, les parents et les responsables locaux avaient déjà accusé l'armée de ne rien faire pour libérer les captives.

57 jeunes filles avaient réussi à s'enfuir dans les jours suivant leur capture, mais 219 restent aux mains des islamistes.

Un des dirigeants du district de Chibok, sous couvert d'anonymat, a confirmé les attaques de dimanche qui coïncide avec le début du ramadan.

Il a déploré que le gouvernement laisse mourir les habitants du Nord-Est au lieu de les protéger, appelant à l'intensification des opérations contre les islamistes.

Dans les semaines suivant l'enlèvement des lycéennes de Chibok, une campagne sur les médias sociaux avait finalement fait réagir le gouvernement fédéral d'abord indifférent et la communauté internationale, provoquant un intérêt sans précédent pour l'insurrection de Boko Haram.

Des fillettes à Banki, au Nigeria, près de la frontière avec le Cameroun, le 17 juin 2014  [Reinnier Kaze / AFP/Archives]
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Des fillettes à Banki, au Nigeria, près de la frontière avec le Cameroun, le 17 juin 2014

Le Nigeria a accepté l'aide des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et d'Israël pour tenter de retrouver les captives et améliorer ses tactiques de contre-insurrection, sans résultat concret pour l'instant.

Quant au responsable du district de Chibok, il continue de s'interroger amèrement: "Nous n'arrivons pas à comprendre que les terroristes puissent venir en plein jour pour tuer des gens" sans rencontrer de résistance de l'armée nigériane.

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